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dimanche 30 décembre 2018

San Carol : « Enregistrer « Houdini » c’était illustrer une bagarre de loubards sur un nuage, un jour de messe »


Avec son 3e album « Houdini », le groupe San Carol revient sur le devant de la scène avec une écriture plus personnelle voire même politique, où la mélancolie et la joie se côtoient. Maxime Dobosz, leader du groupe, qui a quitté son travail plus « traditionnel » pour vivre de sa passion, évoque également dans cet album cette affection pour la musique qui de manière ambivalente peut aussi être très destructrice… 

Maxime, comment as-tu fait tes 1er pas dans la musique ?
Je suis venu à la musique un peu par hasard, suite à un pari d'été avec des amis d'enfance. A l'adolescence on s'était dit que chacun d'entre nous commencerait à jouer d'un instrument à la rentrée. Moi j'avais choisi la guitare, mes parents m'ont donc offert ma première guitare électrique. Quelques mois après la rentrée, je m'exerçais à reprendre comme tout le monde « Come As You Are », en jouant cette chanson au pouce, pratique.
J'ai eu comme un coup de foudre avec l'instrument. J'ai revendu ma console de jeux et j’ai commencé mes premières démos sur « Audacity » avec un micro que j'avais récupéré je ne sais où. J'ai pris une année de cours mais ça ne me parlait pas trop, mon truc c'était d'écrire des chansons, bidouiller des sons, faire des trucs d'une manière ou d'une autre. A 27 ans, j'oublie encore régulièrement ce qu'est un chevalet ou une frète sur une guitare, c'est dire si je m'intéresse à la technique, qu'elle soit matérielle ou musicale.
J'ai eu un autre coup de foudre un peu au même moment en entrant dans la chorale de mon collège avec un professeur qui était exceptionnel au point d'avoir défini quels sont mes groupes préférés, encore maintenant. C'était une chorale dans laquelle nous chantions beaucoup de classiques rock et de chansons populaires qui nous plaisaient étant jeunes. C'était parfait pour développer une passion viscérale.
Mes parents, mon frère et ma sœur n'étaient pas spécialement musiciens même si un peu tout le monde a joué d'un instrument un jour ou l'autre. Par contre, de la musique était jouée constamment à la maison. J'ai des souvenirs de mon père me faisant écouter très fort « Space Oddity » de Bowie ou « Child In Time » de Deep Purple sur la route entre Fontevraud l'Abbaye et La Ferté Bernard que nous faisions alors tous les weekends, aller et retour. On avait tous les weekends une heure et demie à écouter un nombre incalculables d'albums et de playlists faits par mon père et parfois par ma sœur. Pour dire, encore aujourd'hui une des meilleures manières que j'ai d'apprécier un disque est en voiture, j'estime que c'est la parfaite méthode pour évaluer aussi bien le son que la qualité des chansons, c'est facile de s'emmerder en voiture même avec de la musique.
Je n'ai pas été vraiment été poussé à la musique mais avec le recul je pense que j'ai eu un éveil musical assez rêvé, tout sauf rébarbatif ou écœurant. Je suis très reconnaissant à ma famille et à quelques mentors pour cela. 

Maxime Doboscz © Fred Lombard

Comment as-tu pris la décision de lâcher ton travail dans l'administration pour te consacrer à la musique ?
Je suis toujours étonné que cette histoire revienne aussi souvent, on l'a écrit dans le dossier de presse en réaction je pense, à l'album d'avant où je revendiquais à l'époque l'attachement que j'avais à mon ancien travail, que j'ai finalement d'ailleurs encore. Bon, j'imagine que je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. La décision n'a pas été simple car j'avais une situation financièrement très arrangeante et pleine de sécurité qui plus est, dans un cadre que j'estime. Je travaillais à la Sécurité Sociale, l'Assurance Maladie plus précisément, qui sont pour moi des ciments de notre société, qui sont malheureusement émiettés et souvent insultés par manque de savoir.
J'ai quitté mon travail car mon poste là-bas était profondément ennuyeux et que j'y étais de plus en plus triste car une aussi grande administration, pour un jeune gars avec des espoirs artistiques, ce n'est pas compatible avec mes souhaits. Au bout d'un moment, quand on se rend compte que l'on n'est que l'ombre de soi-même, c'est qu'il faut passer à autre chose et prendre un peu de risques. Ma dulcinée m'a énormément aidé à cela, à réaliser que je n'étais pas heureux et elle m'a offert l'opportunité de faire autre chose de manière plus concrète. Elle travaillait à Nantes et ça m'a un peu décidé à avoir des envies d'ailleurs, casser ma vie métronomique.

Que raconte l'album "Houdini" (Freemount Records) et que signifie "Houdini" ?
Je ne sais pas pourquoi l'album s'appelle « Houdini », j'imagine qu'il y a forcément un sous-texte dicté par mon subconscient. A l'époque, j'ai fini par retomber sur ce nom car c'était le nom que j’avais donné à un vieux projet musical quand j'habitais encore au Mans « Little Houdini ». Je n'avais pas vraiment sorti de musiques, c'était très amateur car à l'époque j'étais dans la découverte la plus totale, mais finalement des années plus tard en réécoutant des chansons de ce temps là, quelques unes ont vraiment retenu mon attention au point de les retravailler et de les intégrer à cet album. « Lone Star » et « Doesn't Matter » qui ferment le disque en l'occurrence.
Maxime Doboscz © Fred Lombard
En quoi la tournée au Texas a influencé le groupe dans la création de cet album ?
Je ne crois pas que les quelques dates au Texas aient influencé quoi que ce soit de manière artistique. Ce qui est certains c'est nous sommes entrés en studio à peine une semaine après notre retour et que nous étions encore dans l'excitation provoquée par cette ville géniale qu'est Austin. Jouer aux Etats-Unis pour des petits Français, c'est forcément un énorme challenge même si nous n'avons pas joué dans des grandes salles devant des foules là-bas, les Américains ont la musique dans le sang et sont généralement à mes yeux des musiciens très bons, il y a comme un complexe d'infériorité. Résultat, nous sentir capable de jouer devant ce public et de les faire aimer notre musique, cela nous a mis dans des conditions optimales pour enregistrer un disque, il y avait l'alchimie du groupe qui joue ensemble, l'envie d'expérimenter et de prendre un plaisir fou.
Etait-ce voulu de prendre une autre direction musicale que les deux précédents albums ?
Je ne pense pas qu'elle ait fondamentalement changé entre « Humain Trop Humain » et « Houdini ». Pour moi les deux albums se ressemblent beaucoup si ce n'est que le premier est plus frontal que le deuxième. Ce qui fait ce ressenti provient à mon sens de la production, du son du disque. En tout cas, quel que soit le disque de San Carol, même en comprenant le premier album « La Main Invisible », je ne me suis jamais trop posé la question de quelle direction prendre, ça dépendant avant tout des moyens à disposition et de l'inspiration. J'aime beaucoup les sons vaporeux et les rythmiques qui claquent, le reste on verra.
De qui t’es-tu entouré pour réaliser "Houdini" ? 
Raphaël d'Hervez (Pégase, Minitel Rose) a réalisé l'album. Il est un peu le 5ème membre du groupe sur cet album. Il a énormément apporté à la patine sonore de ces chansons. On s'est bien trouvé car nous avons énormément de références communes et de terrains d'entente, notamment sur la musique ambiante et les batteries de vandales. En fait, enregistrer « Houdini » avec Raphaël était en gros illustrer une bagarre de loubards sur un nuage, un jour de messe. J'ai du mal à m'imaginer enregistrer de la musique avec quelqu'un d'autre à l'heure actuelle.

Le 1er single « Cancer » est assez mélancolique, non ? Que raconte cette chanson ?
« Cancer » parle des doutes que j'ai quant à la musique et le fait de vouloir développer un projet musical, si ça foire, que faire après ? Une passion est quelque chose de très destructeur dans le sens où il est impossible de s'en passer malgré l'environnement et tout un tas de signaux négatifs emmêlés à des flashs aveuglants assez rares.
Le pire, c'est que cette chanson n'a pas répondu à ma question du tout. Je n'ai juste qu'une profonde conviction, souhaiter être musicien ne sert pas à grand chose, c'est un plaisir profondément égoïste qui peut violemment aider quelques rares personnes. D'autant que désormais, il y a tellement de propositions musicales cachées dans chaque recoin du monde et de l'espace temps qu'à quoi bon, tout ceci est vain et qu'un apport de pollution sonore et visuel supplémentaires. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de vouloir exister dans ce merdier. Jusqu'à nouvel ordre.
Tu es plus addict à Facebook, Twitter, Snapchat ou Instagram ?
Je suis uniquement accro au sucre.


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