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jeudi 31 juillet 2014

Ulrich Forman, une des multiples facettes de Polérik, une machine à écrire des tubes


Autoportrait août 2014
A 37 ans, Polérik Rouvière peut se targuer d’être le créateur de nombreuses musiques de publicités, de films et de produire de nombreux artistes tout comme ses propres albums. Ce passionné de musique qui travaille jours et nuits pour honorer des commandes de dernière minute a sacrifié son mariage au profit de sa passion. Surement trop pudique pour endosser toutes ses créations sous un même nom, Polérik multiplie les surnoms en fonction de ses projets et perd parfois le public : Ledge, Rose Marie, Ulrich Forman... Derrière ce dernier nom se cache le projet solo de Polérik dont le titre I'm in love est un bon indicateur des tubes que l’artiste est capable de signer. Un talent à suivre.
Dernier d’une fratrie de 4 enfants, Polérik Rouvière a grandi dans le sud de la France. Après le décès de son arrière grand-mère, la famille hérite de son piano à queue et le garçon réussit à convaincre ses parents de l’installer dans sa chambre. Cette chambre d’enfant devient alors un lieu de passage où les sœurs du futur artiste reçoivent des cours de piano. A défaut de suivre lui aussi des cours de musique, Polérik retranscrit sur le piano les chansons qu’il écoute à la radio. Et très vite, il teste de nouveaux instruments. Il fait alors ses premières notes de guitare avec la basse laissée chez lui par un ami de sa sœur. Epris par cet instrument, Ulrich s’achète une guitare vers l’âge de 10 ans et commence à entreposer des instruments dans sa chambre. « J’ai toujours été inspiré par tous les instruments, mais cela peut aussi devenir un problème car je joue de tout mais n’excelle dans rien », confie l’artiste.
En seconde, l’artiste fonde son « premier groupe important, Jabbaziwa, on répétait 7 jours sur 7, de 19h à minuit ». Le quatuor de jazz se fait remarquer puisqu’il remporte le prix jeunes talents au festival de jazz de la Défense.
©N.Garnier
Du trio Ledge à sa collaboration avec Yann Tiersen
Au moment de faire des études supérieures, Polérik avoue à ses parents qu’il souhaite faire de la musique. Son père sceptique, lui conseille de suivre une voie où il est sûr de pouvoir trouver un débouché. Il s’orientera alors vers des études d’ingénieur du son. Pendant un an, il touchera du doigt l’American dream en suivant des cours d’harmonie à Los Angeles. De retour en France, il travaille dans un studio de mastering où il prolonge ses heures de travail pour mixer des morceaux d’artistes. Polérik est alors frustré de ne pas pouvoir émettre son point de vue sur certains titres qui pourraient selon lui être bonifiés. En 1999, il monte ainsi son groupe, un trio appelé Ledge. Après 15 jours de diffusion à la radio, le morceau électro Together attire l’attention du label Barclay qui propose un contrat au Groupe. Ledge refuse la proposition pourtant alléchante afin de monter son propre label. Polérik réalise alors de nombreux albums et travaille avec Alain Souchon, Dionysos et même Yann Tiersen.
Les autres membres de Ledge se lancent dans d’autres projets et Polerik se retrouve alors seul aux commandes d’un label électro. Comme à son habitude, l’artiste touche à tout ne veut pas se cantonner à un seul style de musique et crée alors un nouvel label Au Revoir Ma Belle, lâche son travail d’ingénieur du son et produit des artistes en fonction de ses coups de cœur. « La condition pour signer dans mon label est de me laisser réaliser l’album. J’ai ainsi produit les albums de Marie Tirmont, Cédric Oheix »  connu pour son passage à la nouvelle star.
En parallèle, l’artiste réalise une trentaine de chartes sonores pour des marques de cosmétique, de parfum comme Dior, Cacharel, Chanel. « Cela m’a permis de gagner de l’argent et d’investir sur mon label » résume l’artiste. Polérik réalise aussi des musiques de long métrage dont une a même été nominée au festival de Dubaï dans la catégorie musique de chambre. Aucun style musical ne l’arrête, l’artiste touche à tous les genres. Et c’est d’ailleurs cet éclectisme qu’il aime : « Je suis fan d’artistes comme Gonzales, malgré son style électro pop, il serait capable de faire un album de hip-hop ».

                                              I'm in Love - Ulrich Forman
Le label Barclay à la recherche de l’auteur du titre « I'm in love »
Puis Polérik décide de prendre un tournant en créant son album solo. Il sort ainsi un album sous le nom de Rose Marie avant de faire une rencontre déterminante avec Philippe Laugier du label Barclay. Alors qu’il se trouve dans son bureau pour lui faire écouter une maquette, le producteur reconnaît la chanson I’m in love, utilisée dans la publicité Attractive World. Philippe Augier avoue à Polérik que le label a cherché en vain à savoir qui se cache derrière ce titre. Un mois plus tard Polérik signe un contrat au sein du label Barclay et s’entiche d’un nouveau surnom romanesque, Ulrich Forman. « Ce nom juif allemand m’a tout de suite plu, je trouvais ça classe comme Steven Spielberg. Et puis cela compense aussi une certaine peur de se mettre en avant. Lorsque je compose pour des publicités, c’est moins difficile de voir inscrire son nom en bas du générique ». Le chanteur a donc besoin d’une carapace pour dévoiler au grand public des titres très personnels inspirés pour la plupart par une rupture, après 20 ans de vie commune avec son amour de jeunesse.
En janvier 2013, sort alors l’EP See My Love porté auprès du grand public par la chanson I'm in love. « Jusqu’ici j’avais travaillé dans l’ombre et en quelques semaines j’ai été propulsé dans le monde de la promotion sans être préparé psychologiquement ni même vocalement. En studio, je me permets parfois des tonalités pas jouables en public. Au fil des concerts, j’ai appris à maîtriser ma voix et je me suis formé sur le tas, à la vue de tous ». 



Chapter II, un tremplin vers l’album prévu en 2015
Quelque mois après la sortie de son 1er EP, Polérik prépare son 2ème EP toujours sous le pseudo de Ulrich Forman : « Après m’être prouvé que je pouvais exister en tant qu’artiste solo, je me suis alors demandé ce que je voulais montrer au public dans mon deuxième EP. J’ai réuni plusieurs titres sans volonté de cohérence entre eux et surtout sans me demander s’ils pouvaient fonctionner en radio. Sur cet EP, j’ai gardé ma liberté de producteur autonome ».
En octobre 2013, sort alors l’EP intitulé « Chapter II », ces 5 titres montrent une partie de la palette de couleurs de l’artiste. Le titre « Sigu’naol » est un clin d’œil à un séjour passé à travailler avec un groupe de Hip Hop à Oslo. Le titre de la chanson renvoie aux mots affichés dans le métro, « les seuls mots que je comprenais ». Et les cordes présentes dans ce titre constituent une chute des arrangements réalisés dans la ville. La vidéo I Got You (Under My Skin), elle, est un clin d’œil au titre Like a Rolling Stone réalisé par Michel Gondry pour les Rolling Stones. « Ce clip fait un parallèle entre notre vie réelle qui peut paraître assez calme, quand on fait nos courses par exemple et pourtant le chao qu’il peut y avoir dans nos têtes », souligne Polérik.
Et quand il est en dehors de scène ou de son studio, l’artiste ne s’arrête pas de travailler. Cet été, Polérik passe un mois aux Etats-Unis entre New-York, Nashville et Los Angeles pour un travail de co-écriture avec des artistes étrangers. « Ca me plait d’être une machine à écrire des titres » admet l’artiste. « Je travaille avec Philippe Dahan qui affirme que « 90% d’un morceau se crée en quelques heures mais que les 10% restants peuvent nécessiter plusieurs mois de réflexion ». J’ajouterai néanmoins que parfois, il faut savoir s’asseoir sur les 10% restants car on perd en fraicheur ». Polérik vient sans doute de nous délivrer les clés de la réussite de son prochain album prévu en 2015…



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