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dimanche 31 mars 2019

L’écriture pop, les ambiances planantes et l’énergie rock de YULES


Après 20 ans de carrière, le duo YULES continue sa route en toute indépendance sur la scène musicale française. Et le 12 avril 2019, les deux frères dévoileront leur dernier album « A Thousand Voices », concocté pendant 1 an et demi. Cet opus a été l’occasion de refaire un saut dans le passé en ressortant une vieille guitare électrique, laissée de côté pendant des années et un vieux Juno 106. Au programme : une écriture pop comme on les aime et une énergie rock dont on ne peut que raffoler. A écouter de toute urgence.
YULES
Comment avez-vous fait vos premiers pas dans la musique ?
Avec Bertrand, nous avons à peu près commencé la guitare en même temps, j’avais 14 ans et il en avait 18. Je relie vraiment l’apprentissage de la musique à une forme de quête de sens, je cherchais à m’extraire de l’ennui dans lequel j’évoluais, dans cette petite ville de province dans laquelle je vivais. J’ai pensé que la musique serait la clé, j’ai eu de la chance d’avoir un cousin musicien amateur qui m’a initié et encouragé, mon père m’a montré quelques accords de guitare et c’était parti !
D'où vient le nom YULES ?
Cela vient du prénom d’un des enfants de Bertrand qui est né au moment où nous avons créé Yules. Son prénom trottait dans nos têtes, nous l’avons légèrement déformé pour lui donner une forme ni anglo-saxonne, ni française… nous voulions deux syllabes et puis ça se dit : « Youless ». Probablement un reste des cours de latin…

YULES
Lorsqu'on écoute votre musique on pourrait penser que vous êtes un groupe anglo-saxon. Comment votre style musical s'est construit ?
Justement il s’est construit en écoutant principalement des groupes anglo-saxons. Nous sortions d’une expérience de groupe de 6 ans et nous chantions exclusivement en français. Alors, tout naturellement, nous avons d’abord essayé d’écrire les premières chansons de Yules en français, c’est Bertrand qui s’y collait mais sincèrement, le son et l’intention n’étaient pas du tout au rendez-vous. Ça changeait trop l’esthétique musicale, et puis ma voix est très différente lorsque je chante en français.
Rapidement, je me suis mis à écrire en anglais les premiers textes et notre son commençait à se profiler. On nous a beaucoup posé la question du pourquoi nous chantions en anglais mais c’est simplement une histoire d’esthétique. Nous aimons beaucoup la langue française mais n’avons pas du tout réussi à la faire sonner avec notre musique.
Pour ce qui est du style musical, les débuts étaient plutôt planant, trip-hop atmosphérique mais toujours avec un côté pop qui ne nous a jamais lâché. Nous sommes des enfants des années 80 et avons reçu la pop music en pleine face. Par la suite, notre son est devenu plus acoustique et le nouvel album est une synthèse avec un retour à l’électrique mais sans oublier les chansons.
En 2014, vous avez sorti l'album "I'm your man...Naked" en hommage à Leonard Cohen. L'artiste était un mentor pour vous ?
Oui sincèrement, d’ailleurs en parlant de chansons, Leonard Cohen est un maître, il a élevé le « songwriting » au plus haut point. Son oeuvre nous touche énormément. Il a d’ailleurs été aussi un guide par son témoignage de vie, pas seulement à travers sa musique mais aussi dans sa vie d’homme, cherchant un équilibre entre le terrestre et le spirituel. Le voir sur scène a été une consécration, lui rendre hommage sur scène en recréant un de ces albums est un immense bonheur. Nous enfilons ses chansons comme on enfile une veste de costume le temps d’une soirée… Cela m’a remis dans l’écriture aussi, moins complexé bizarrement… 

 

Que raconte votre dernier album "A Thousand Voices" ? De qui vous êtes-vous entourés pour le faire ?
C’est un album de réconciliation avec le passé qui me semble être le meilleur moyen d’épanouissement personnel.
C’est aussi un disque de réappropriation de soi, de sa vie, de notre son. J’ai ressorti ma guitare électrique que je n’avais plus touchée depuis des années, ainsi que mon vieux Juno 106 que j’ai depuis mes 13 ans, et ce fût le point de départ sonique.  La première chanson réécrite fût « A Thousand Voices », elle a donné une direction forte au disque ainsi que son nom à l’album. Elle était une bonne synthèse, on y retrouve l’écriture pop, les ambiances planantes et l’énergie rock contenue.
Je suis très fier de ce disque qui découle d’un long processus de retour au plaisir de jouer de la musique, de manière simple, comme au début, sans enjeu, sans maison de disque, juste un besoin qui nous dépasse un peu.
On a d’abord joué les chansons sur scène en trio avant de les enregistrer, je ne voulais pas aller en studio sans m’être assuré que les chansons puissent toucher le public.
Nous avons enregistré au Wild Horse Studio à Besançon et l’entourage est réduit à un batteur (Antoine Passard sur le disque/ Bertrand Perrin sur scène) et il y a aussi un featuring de la chanteuse Lonny Montem et le label Marjan Records.

Pourquoi avoir décidé de faire un disque en 2 volets (hiver/été) ?
Disons qu’au tout début, on s’est demandé si on allait pas sortir un premier EP qui était les 5 titres de la « Winter Side »… Puis j’ai écrit de nouvelles chansons, peaufiné certains titres jamais sortis et une nouvelle face s’est imposée à nous. Alors on s’est dit qu’il fallait l’enregistrer en été pour voir si l’on pouvait sentir une influence des saisons dans l’enregistrement. On a finalement pas vraiment surfé sur cette idée mais j’aime bien l’idée d’en parler pour que les gens se demandent à l’écoute de l’album « quand a été enregistré telle ou telle chanson ? ».
J’ai aussi par la suite beaucoup réécouté la re-création des Quatre Saisons de Vivaldi par Max Richter, que je trouve splendide.
Quels vos projets ?
Tourner, tourner, tourner… Nous sommes avant toute chose un groupe de scène, c’est là que nous avons appris notre métier; et ce bien avant de faire des albums. Le « power trio » que nous formons avec Bertrand Perrin à la batterie est ultra jouissif. C’est un batteur que nous avions croisé avec Diving With Andy puis chemin faisant, il nous avait accompagné sur la tournée de Strike a Balance en 2011-2012. On le retrouve en très grande forme et les tous premiers concerts furent prometteurs… Nous venons de jouer « I’m your Man…Naked » en version symphonique et avons également l’intention de le rejouer prochainement tant l’expérience fût énorme.
Et puis nous avons enregistré une reprise de Kate Bush qui sortira prochainement sur le volume 2 de « I Wanna Be Kate » une compilation de reprises de Kate Bush par des groupes de la scène de Chicago, c’est produit par Thomas Dunning et nous sommes le seul groupe français à figurer sur cette compilation qui sortira en Amérique du Nord. 
Selfie - YULES
Ca fera bientôt 20 ans que vous avez sorti votre 1er EP auto produit (2003). Quel est votre regard sur votre carrière ?
Que c’est un métier difficile, comme tous les métiers d’ailleurs et que je rêve de sensibiliser les gens à notre réalité. Bien souvent, on pense que les choses vont vite, que les albums sortent facilement, sans douleur mais c’est une image d’Epinal. Il n’y a pas d’acquis, lorsqu’on est indépendant, tout est à construire en permanence, on se fait oublier très vite si l’on n’est pas toujours en train de publier sur les réseaux sociaux.
J’essaie de m’extraire de tout cela au maximum pour me concentrer sur l’essentiel qui est la musique mais malheureusement, je ne peux pas totalement faire l’autruche. C’est un secteur qui est en perpétuel changement, il faut donc s’adapter, sinon il faut aller « jouer de la guitare tout seul sous les tilleuls ».

Selfies - YULES et Bertrand Perrin qui accompagne le groupe sur scène
Vous êtes plus addict à Facebook, Twitter, Instagram ou Snapchat ?
Plutôt Instagram mais je suis beaucoup sur Facebook aussi pour l’aspect professionnel. Twitter, je n’ai jamais pu m’y faire, je n’ai pas l’esprit de synthèse ;-) Et Snapchat, si je n’avais pas 20 ans de carrière, ça m’intéresserait peut-être.
Vous écoutez quoi en ce moment ?
J’ai souvent un train de retard avec les nouveautés, j’aime bien découvrir les albums lorsqu’ils viennent naturellement à moi alors en ce moment de manière totalement aléatoire, j’écoute « Sincerely, Future Pollution » de Timber Timbre, « First Mind » de Nick Mulvey, « Lier » de Barbarossa, « Cusp » de Alela Diane, « Singles » de Future Islands, « You Want it Darker » de Leonard Cohen, « High Violet » de The National, « Beyond the Missouri Sky » de Pat Metheny & Charlie Haden, « Vanishing Act » de Early Winterr, « 22, a Million » de Bon Iver…