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mardi 10 avril 2012

Dans la boite à trésors d'Asaf Avidan

Sa voix demeure reconnaissable entre 1000. Son style, dont certaines touches rappellent celui de Jared Leto, réunit tous les éléments pour faire de lui LA prochaine star incontournable de la chanson folk. Rencontre avec l'auteur, compositeur, interprète israélien Asaf Avidan.

C'est avec le sourire aux lèvres qu'Asaf Avidan se remémore son anniversaire fêté sur scène quelques jours plus tôt, "on m'a fait une sacrée surprise". En effet, le 1er avril dernier alors qu'il jouait à guichet fermé au Trianon, c'est une salle comble qui lui a souhaité ses 32 printemps. L'artiste aux plus de 15 000 fans Facebook et qui atteint plus de 600 000 écoutes sur Youtube s'étonne pourtant encore de sa côte de popularité...

Du cinéma à la musique
L'auteur-compositeur a cependant débuté sa carrière plutôt tardivement. Fils de parents diplomates, il est amené à voyager et passe 4 ans en Jamaïque. Par la suite, il étudie le cinéma d'animation à la Bezalel Academy of Arts and Design à Jérusalem. Déjà à l'époque, il est reconnu pour son talent puisqu'il remporte un prix au festival du film de Haifa grâce à son court-métrage de fin d'études "Find love now". Puis un grand tournant arrive dans sa vie, à la suite d'une séparation il quitte son travail dans l'animation et part vivre à Jérusalem pour se consacrer à la musique.


Autoportrait d'Asaf Avidan, mercredi 4 avril hôtel Royal Fromentin
Asaf Avidan & the Mojos
A 26 ans, le chanteur autoproduit son premier EP Now that you are leaving. Asaf s'entoure de 4 musiciens durant sa tournée : Ran Nir à la basse, Yoni Sheleg à la batterie, Roi Peled à la guitare et Hadas Kleinman au violoncelle, ils deviendront Asaf Avidan and the Mojos. Le groupe commence plutôt bien sa carrière puisqu'il réussit à arriver finaliste à la M.E.A.N.Y fest de New York, un festival de musique pour trouver des talents internationaux. En 2008 sort l'excellent album The Reckoning qui devient sans surprise disque d'or et de platine en 2009. La chanson "weak" est même utilisée dans la BO du film L'Arbre, réalisé par Julie Bertuccelli et dont le rôle principal est  interprété par Charlotte Gainsbourg.

Weak interprété par Asaf Avidan and the Mojos

En 2009, le groupe refuse des offres de labels européens pour autofinancer leur tournée. Asaf Avidan s’explique : « J’ai créé avec mon frère mon propre label Telmavar Records pour être aussi indépendant que possible. Évidement, le marché européen et même le marché mondial ne sont pas aussi accessibles qu’ un territoire comme Israël. Il s’agit de trouver le juste équilibre pour trouver un public plus large. Sans aide, la démarche est perdue d’avance mais il ne faut pas perdre son intégrité. Il y a 6 ans, quand je suis devenu musicien, j’ai été assez chanceux pour avoir des offres de plusieurs labels mais quand je lisais leur contrat, j'étais dubitatif. Ils te prennent beaucoup et te donnent peu. En créant mon propre label, je suis devenu un artiste qui peut commercialiser mon propre produit. Je suis le seul qui peut décider au final de changer un son ou un refrain ». En s’autoproduisant le groupe gagne donc de nombreuses libertés.

La même année, Asaf Avidan and the Mojos sort un deuxième album “Poor Boy / Lucky Man”, il relate l’histoire d’un garçon né avec un trou à la place du cœur. Encore une fois l’album devient disque d’or. Jusqu’en 2011, le groupe ne cesse d’être en tournée et sort en 2010 Through the Gale qui relate le voyage « aveugle et entêté d’un capitaine et de son équipage loyal à la recherche de l’immortalité au royaume des Dieux ».
En 2011, Asaf Avidan décide de prendre un autre tournant dans sa vie et quitte le groupe pour se lancer en tournée accompagné d’une seule violoncelliste. Quand on lui demande aujourd’hui si un retour avec The Mojos pourrait être envisagé, il balaye la question d’un non très éloquent.

"Avidan in a box", une boite aux 19 titres acoustiques
Asaf Avidan trace donc désormais sa route seul avec un très bel album sorti en mars 2012, « Avidan in a box (live acoustic recording) » et à l’écouter il semble comblé par cette expérience. « Cet album est un retour à mes débuts et en même temps il marque une certaine évolution. Avant de rencontrer The Mojos, je jouais mes chansons avec une guitare et un harmonica », cet album enregistré en 48 heures dans une salle (et non pas un studio d’enregistrement) est donc un clin d’œil au musicien qui faisait ses débuts en 2006 avec pour seule compagne sa guitare. L’homme a tout de même acquis plus de prestance grâce à des scènes partagées avec The Mojos et des grands noms comme Ben Harper, Bod Dylan ou Lou Reed. Quant à son écriture, elle mérite d’être décortiquée en se plongeant dedans.

Un nouvel album pour le début de l’été
Ce « workalcoholic » (selon ses propres mots) sortira le premier single de son prochain album en juin 2012. Il décrit l’album « moins acoustique, avec un mélange de plusieurs genres comprenant quelques touches électroniques et plus de sons de clavier». « Maintenant que je n’écris plus pour un groupe, j’écris différemment mais c’est toujours ma voix, mes textes et cette même mélancolie ». L’artiste dont la voix a souvent été comparée à celle de Janis Joplin se dit flatté par la comparaison avec l’une des plus grandes vocaliste de notre temps mais espère que le public oubliera cette étiquette avec le temps.

Aujourd’hui aucune collaboration n’est à l’ordre du jour, il explique cela d’un air malicieux, cela provient « d'un manque de confiance en soi mélangé avec une trop grande confiance en soi ». « J’ai un énorme respect pour de nombreux artistes mais mon art est très personnel et je ne sais pas vraiment comment m’y prendre pour collaborer avec quelqu’un d’autre que moi. J’ai encore peu d’expérience dans ce métier donc je me sens en quelque sorte sous-qualifié pour envisager une collaboration ».

On vient de toucher du doigt une facette de la personnalité de l’artiste étonné par la rapidité avec laquelle sa carrière s’est enchaînée. « C’est juste bizarre » souligne-t-il de façon très terre à terre. « Je ne sais pas comment l’expliquer, c’est toujours un grand questionnement pour moi, j'essaye d’arriver à comprendre pourquoi les gens payent pour venir m’écouter ou même, sans dépenser d’argent me regardent sur YouTube. Tout ce que je fais est si personnel. Je me demande toujours comment est-il possible d’arriver à toucher autant de gens. Mais j’espère que le phénomène va continuer de s’amplifier car j’adore ce que je fais. Quand je vois que Leonard Cohen qui à près de 80 ans repart en tournée, je me dis que moi aussi je veux continuer à jouer aussi longtemps que possible. Et si des gens se déplacent pour venir me voir, cela me donne une légitimité pour continuer. ». D’autant plus que le musicien semble se complaire dans cette relation avec ses fans puisqu’il gère sa page Facebook et répond personnellement à leurs commentaires.

Finalement, si Asaf Avidan cherche encore la raison pour laquelle ses fans se multiplient, nous, nous avons trouvé, le chanteur est un Artiste avec toutes les failles et les aptitudes que cela engendre. Mais chut…laissons le chercher et continuer sa route.


Reckoning Song (One Day) by Asaf Avidan




                                                
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