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dimanche 12 décembre 2021

Le groove inimitable de John Milk

Jamaican Soul, Rythm & Blues, Shaolin Soul, NuSoul et Hip-Hop… les influences du nouvel EP « Dont’ blame the hammer » de John Milk sont nombreuses pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Derrière les musiques de l’artiste dont les sonorités rappellent la pop anglaise, il est difficile de deviner que John est un producteur et compositeur français. Avec brio, il réussit à créer des musiques qui le distinguent, tout en ayant un son en perpétuelle évolution... Cet EP de 6 titres est à écouter de toute urgence.


Selfie John Milk


Comment as-tu fait tes premiers pas dans la musique ?

Tardivement, à l’âge de 17 ans. Mon petit frère avait acheté une guitare pour apprendre la guitare classique et j’ai commencé par reprendre des morceaux simples grâce aux tablatures, à chanter des morceaux de Ben Harper dont le « Live from Mars » m’avait beaucoup parlé à l’époque. Une démarche d’autodidacte. Il n’y a pas de musiciens dans notre famille. Je n’ai donc pas de formation académique.  

Cela a toujours été une évidence pour toi de chanter en anglais ?

Oui le chant en anglais ouvre des portes à un auditoire plus large. La puissance de cette langue dans sa concision également est un vrai bonheur lorsqu’il s’agit d’exprimer des sentiments en peu de mots. Mon éducation et la musique qu’on écoutait à la maison ont également joué un rôle clé dans cette orientation. Mon père écoutait beaucoup de musique nord-américaine et anglaise, du blues, du rock et de la folk principalement. Très peu de disques de musique française tournaient à la maison.



Que raconte ton EP "Don't Blame The Hammer"?

Je suis heureux qu’on me pose cette question :) Il raconte l’ère du digital. Ce n’est peut-être pas évident à première vue, mais « Don’t blame the Hammer » et « Offline Love » sont inspirés du monde connecté dans lequel nous vivons. A force d’entendre que les effets néfastes d’Internet sur nos vies sont la faute des réseaux sociaux, je me suis dis : ok, mais en fait ces réseaux ce sont des outils. C’est ce que nous en faisons qui les rend bons ou mauvais. Alors ne blâme pas l’outil mais réfléchi à ce que tu fais avec. Car ces réseaux ou le progrès technologique en général ont des tas de côtés très positifs. C’est donc à mon humble échelle une chanson de prise de conscience. « Offline Love » a un message plus direct : arrête de mater ton téléphone quand tu es entouré des gens que tu aimes (et des autres aussi). L’amour se trouve en mode avion chez moi.

Avec qui as-tu collaboré pour le faire ?

 Les titres originaux ont été fait par mes soins 100% dans mon studio. Les remixes sont réalisés par deux producteurs avec qui j’ai déjà eu la chance de collaborer. Blanka qui gravite dans le milieu du hip-hop et masterise souvent mes morceaux. Il a une très belle oreille et une super sensibilité aux musiques noires qui m’inspirent. Bruno Patchworks pour le second remix pour qui je chante parfois. Qui a été mon professeur en quelques sortes pendant mes premières années en tant que producteur et qui a également rejoint mon groupe pour la tournée de 2015 sur l’album « Treat Me Right ». Des gens bien en somme. 

 


Après un 1er album de Soul classique puis un album de R&B "Paris Show Some Love", quelles sont les influences de cet EP ?

 J’aime à penser que ce nouvel EP est une synthèse des deux premiers albums. Mes influences pour cet EP : Al Green, Durand Jones, Van Morrison, Neil Young, Shuggie Otis, Childish Gambino.



Tu expliques faire de la contrainte technologique et de moyens limités une force, un vecteur de créativité et d’identité. Est-ce qu'avec plus de moyens ta musique serait différente ?

 Avec plus de moyens ma musique serait certainement différente et surement moins personnelle. Je pense que les gens cherchent de la musique qui leur parle. Et pour que ça nous parle, on a besoin de ressentir l’humanité derrière la production. Selon moi cette humanité réside dans un son parfois imparfait, parfois hors des codes dont se dégage de l’authentique. C’est comme pour tout : une équipe de foot avec que des stars, une femme toute refaite, une déco d’appart comme dans un magazine déco. Sur le papier c’est censé être le top mais en vrai ça ne marche pas forcément. Ce n’est donc pas mon rêve de bosser un album dans un grand studio connu. Je me sentirais dépossédé de ce qui fait mon son. 


Que raconte la vidéo "Don't blame the hammer"? Pourquoi avoir décidé de la réaliser ? 

Elle raconte au premier degré l’histoire du marteau qui est mal utilisé. Elle raconte la schizophrénie. Un personnage renverse un mec, des ponts et chaussés, décide de l’achever plutôt que de l’aider. Dans sa fuite il est poursuivi par la police mais également par son ombre. Cette ombre prenant finalement la place de notre homme qui se retrouve alors bloqué dans une boucle sans fin. J’ai décidé de participer à la réalisation du clip car la vidéo est mon métier en parallèle de la musique.

Tes confinements ont-ils été créatifs ou cela a été un moment de pause pour toi ?

 Oui super créatifs. Il faut savoir qu’un producteur n’est pas étranger au concept de tanière et d'hibernation. Prendre du temps hors du temps c’est un must pour composer et produire même si ça ne rapporte pas d’argent pour vivre.

Tu es plus addict à Instagram, TikTok ou Facebook ?

Instagram. Je me dis souvent que c’est débile de l’ouvrir juste par réflexe. Encore une fois tout est une question de dosage. 

Quel titre écoutes-tu en boucle en ce moment ? 

 Professional de Gabriels

 

John Milk en ligne

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dimanche 28 novembre 2021

Les podcasts « En sac à dos » de Bénédicte Schmitt, un voyage immersif au plus près des palpitations du cœur des artistes

Bénédicte Schmitt c’est une artiste touche à tout, un électron libre de l’industrie musicale, fasciné par le son. Elle produit, enregistre, mixe et réalise des podcasts « En sac à dos » avec une touche bien à elle. Ces podcasts constituent un vrai voyage avec les personnes qu’elle rencontre, une immersion au cœur de la musique, dans les coulisses des concerts, au plus près des palpitations du cœur des artistes.

3…2…1… Mettez vos écouteurs, ces cartes postales sonores vous emportent dans un vrai voyage immersif : https://soundcloud.com/studio-sac-a-dos


Quel est ton parcours, comment es-tu devenue ingénieure du son, réalisatrice artistique ?

Je suis devenue Ingénieure du son et réalisatrice artistique en fabriquant une guitare en carton. Mais c’était l’électricité qui m’intéressait.

Comment marche le son ? Je le découvre en s’amusant à enregistrer sur une K7, puis je découpe des bouts de bande. Le son devient alors l’outil pour exprimer mon imaginaire, j’ai 12 ans.

Côté scolaire c’est totalement atypique, un bac A1, un passage éclair en histoire de l’art, une mise à niveau BEP d’électrotechnique et un BTS de Régie Son. Et arrivent mes premières expériences professionnelles théâtres, salles de concert, festivals, même le Parc Astérix avec une saison technicienne de Mehnir Fm la radio qui barde. Puis la rencontre avec Dominique Blanc-Francard et je me retrouve embarquée dans l’aventure des Studios Labomatic, fondés par Dominique et ses fils Hubert BoomBass et Mathieu Sinclair. Aujourd’hui je co-pilote avec Dominique, les Labomatic Studios, nous ne nous sommes plus quittés, passion du son partagée, 25 années qui filent, enregistrer, mixer, découvrir, guider, construire, rêver, casser les codes, innover, « Etre au service de la musique / hors cadre ».

Quel est le concept d'"en sac à dos" ?

"En Sac à Dos" c'est une immersion entre et hors les murs d'un lieu, un son en 360°, entre 2 oreilles, vivant, la bande son d'un film sans images. C’est une série de podcasts que je produis j’ai toutes les casquettes, enregistrement, mixage et réalisation. Au fil de mes escapade je propose à des artistes de la scène actuelle des cartes postales sonores, je les suis sur une journée de concert, de leur arrivée à leur départ, une journée de sons.

Tout y passe, les portes, les balances, les rires, les couloirs, les doutes, le concert en coulisse et dans la salle. Permettre à l’auditeur d’entendre un rêve éveillé, avec les aspérités des salles, des enregistrements nomades libres et fulgurants. La technique et ses progrès m’ont bien aidé, j’ai toujours été en quête de nouveaux terrains de jeux et un peu geek aussi. Avant il fallait un camion, un studio mobile pour enregistrer des lives, seuls les artistes importants pouvaient le faire à cause du coût faramineux ! Aujourd’hui tu peux enregistrer un concert avec un laptop, un cable éthernet et des enregistreurs pour les ambiances, même un smartphone ça marche. Du coup, pour me dégourdir les jambes entre 2 albums j’ai commencé à faire des enregistrements nomades, puis des soirées notamment beaucoup de Fêtes Souterraines, j’ai vraiment pris goût à la liberté que cela m’apportait. Le concept a évolué, StudioSacàDos est né.

Puis le 1 er confinement est tombé. Je me suis retrouvée sur ma planche à mixer à Trouville, un jour je vois passer le Printemps de Bourges imaginaire, j’avais fait un StudioSacàDos sur les Inouies en 2018, je regarde la liste des artistes qui auraient dû y jouer et je réalise que je les ai quasiment tou.te.s dans mes 8 to d’archives sonores de mes escapades. J’ai proposé à Rebecca Manzoni de faire la voix de ce Voyage imaginaire, au printemps de Bourges, j’ai écrit le scénario, sorti mes grands ciseaux et après 3 jours et 3 nuits le voyage était en ligne.

La fibre journalistique fraternel résonne en moi depuis la disparition brutale et tragique de mon petit frère le 3 juin 2020, aujourd’hui j’écris et je scénarise mes EnSacàDos, ma collaboration avec la dream team de Louie Média m’apporte aussi énormément de connaissances sur le monde du Podcast.


Selfie B.Schmitt
Selfie B.Schmitt


Actuellement, les podcasts se multiplient et sont très tendance, est-ce que cela t'a fait peur de lancer un enième podcast ?

Pas du tout, Podcast est devenu un terme générique, fourre-tout un peu comme un sac à dos ahaha ! Plus sérieusement, il n’y a quasiment pas de podcast sur la musique, En SacàDos est un objet sonore non identifié, proposer un podcast hors format, original, est un atout, il sera plus visible dans cette masse, un peu comme un mouton multicolore dans un troupeau de moutons blanc. La difficulté est de le rendre audible au plus grand nombre d’auditeurs. La multiplication est dans tous les domaines aujourd’hui et celui n’empêche pas d’avoir des projets émergeants et de qualité.

"En sac à dos" pourrait parfaitement se décliner en émission télé, y as-tu déjà pensé ?

Ah non surtout pas, l’image tue l’imaginaire, le son laisse la place au rêve, c’est un film sans image. Une écoute d’En Sac au casque est un voyage, chaque auditeur peut y voir des images différentes, de même chaque écoute est différente. L’image fige, enferme le spectateur dans une boite, sa télé. En plus je réalise mes EnSacàDos seule, en field recording, multi-zoom, ce qui me permet d’être au plus près des artistes, pas sûre qu’ils acceptent une équipe avec 3 à 4 camera !

Avec quel matériel "pars-tu en sac à dos" ?

Il vient de Londres, c’est un cadeau de mon frère Olivier Schmitt journaliste et étoile filante de l’underground. Il est en toile de jute bleu et beige, le dos est renforcé, ses sangles sont en cuirs. Il a une petite poche intérieure pour y glisser un laptop et une extérieure pour mes affaires personnelles. Je le garnie de petites trousses Pijama dans lesquelles je range mon matériel par famille, c’est assez militaire comme organisation.

J’adapte mon packtage sur chaque EnSacàDos, des enregistreurs Zoom, j’ai une sacré collection, H1, F1, H8, F8, QN2, des micro XY, MS un illustre PCM D1 Sony mon premier enregistreur qui a fait ses classes avec Camille à l’église Saint Eustache en 2005. J’ai un fabuleux micro ambisonique Sennheiser qui prend le son en 360 degrés, un casque avec des micro sur les écouteurs, des batteries pour éviter les piles, pleins de petits accessoires pour accrocher mes enregistreurs. Après ce sont des outils, ce qui est le plus important c’est l’expérience, la rapidité, être au bon endroit au bon moment, prendre des notes... Construire ton scénario sur le fil d’une journée, savoir s’effacer quand il le faut sans effacer le son pour autant…

Quel "en sac à dos" t'a le plus marqué ?

Aucun, ils sont tous différents, chaque EnSacDos est un kiff une expérience faite de rencontres, de découvertes et d’émotions aussi. Il y en a un fort en émotions, Ian Caulfield & Friends au FGO, il m’aura fallu cette date pour réaliser la douleur des musicien.ne.s de ne plus pouvoir jouer ensemble devant un public, la joie du public d’écouter de la musique dans une salle, et à quel point cela m’a manqué de ne plus pouvoir me glisser en coulisse, enregistrer ces moments de vie. Depuis le 8 juin 2021, j’avoue une boulimie de EnSacàDos, ça m’a aussi poussé à lancer officiellement la série, à travailler avec Mélissa Phulpin, à démarcher les plateformes, répondre à des itv comme la tienne.

Tu es adepte d'évasions en sac à dos ?

Oui c’est addictif, un de mes rêves faire le festival Iceland AirWaves festival à Reykjavik, mais aussi un Music tour bus, ou encore enregistrer un album en pleine forêt. Tout est possible avec ce StudioSacàDos, enregistrer hors les murs d’un studio, puis passer des heures à découper, mixer, réaliser raconter une histoire avec ces sons dans les murs de mon studio.

Qui rêverais-tu de suivre "en sac à dos" ?

C’est le projet, le contenu qui guide mes envies pas une personne. C’est comme un album, tu peux avoir envie de travailler avec un artiste sur un projet, mais pas sur le suivant. Comme je te le disais ci-dessus, enregistrer un album au cours d’un voyage, au fil des rencontres, et faire d’un EnSacàDos 2 formats, l’album et le documentaire sonore qui l’accompagne, traduire en son le processus de création et surtout sans image ! $

Quels sont tes projets ?

Le prochaine EnSacàDos mise en ligne est avec Stephan Eicher à Engelberg, pour les 30 ans de son album Engelberg, je suis en train de le finaliser. Mardi je serai avec Barbara Carlotti à la Cigale, y’a aussi les soirées A définir dans un futur proche, à la Boule Noire puis Magenta à L’Olympia. En 2022, je retourne au Festival Variations à Nantes, je continue les soirées Souffle Collectif au Consulat. Y’a le Festival des 36 heures de Saint Eustache qui pointe son nez aussi.

En parallèle j’ai une belle activité au Labomatic avec des enregistrements, des mixages et des réalisations. Les Résistances Poétiques de Cyril Dion et Sébastien Hoog, un album avec la magnifique Ingrid Caven, la réalisation d’une série de podcast pour Louie Média où je compose également la musique. En bonus il faut que je trouve le temps de prendre la mer avec mon Stellar Waveski pourquoi pas avec mon StudioSacàDos enregistrer le silence et les sons qui glissent sur l’eau.

Quel titre tourne en boucle chez toi en ce moment ?

Le dernier album de Parcel et d’Efterklang et fip tous les matins dans ma salle de bain.

lundi 18 octobre 2021

Anthony Lazaro, l’Italien qui ne peut pas s’arrêter de créer des chansons

Anthony Lazaro fait partie de ces artistes boulimiques, capables de sortir deux albums et deux EP en plein confinement (2020/2021). En cette fin d’année, l’artiste italien reste inarrêtable, il sort en octobre 2021 un « mini-album » intitulé « Midnight Pilots ». Une version portugaise de sa chanson cocooning « Life Could Be So Simple » verra bientôt le jour et il travaille à de nouvelles versions de ses chansons en hindi, français et même en coréen ! En décembre, vous entendrez de nouveau parler de lui puisqu’il sortira un nouvel EP "secret" en collaboration avec l’artiste Sarah Kang. Impossible d'arrêter Anthony Lazaro dans son process créatif...
©Asja Caspar

Comment as-tu fait tes premiers pas dans la musique ? 

Par un heureux accident : j'ai toujours été passionné de musique mais pendant des années, je n'ai même pas osé apprendre la guitare. Puis, un jour, presque par plaisanterie, j'ai décidé de prendre ma première leçon de guitare : après une heure, et après avoir appris à jouer C, G et Am sur ma guitare, j'avais écrit ma première chanson. Je n'ai jamais arrêté après ça.



Tu es un auteur-compositeur-interprète italien, tu vis à Hambourg, tu chantes en anglais… Tu peux trouver ta place n'importe où ?

Je pense que je suis amoureux de cette idée d'être toujours un peu sans racine. J'adore voyager et j'ai une profonde curiosité pour les langues et les autres cultures. Parfois je me dis que j'aimerais essayer de vivre en Asie pendant quelques années. Parfois, je rêve de m'installer aux États-Unis pour un certain temps. J'aime laisser ouvertes toutes les possibilités, musicalement, linguistiquement et géographiquement.

En 2020/2021, tu as sorti deux albums et deux EP. Peut-on dire que tu es en pleine effervescence créative ?

Je dois admettre que j'ai des rythmes créatifs assez intenses. J'essaie de créer tous les jours puis je retravaille cette création un jour, une semaine, parfois des mois plus tard, pour rouvrir les meilleures et les terminer. J'ai plus de 40 chansons inédites, donc celles que vous trouvez sur Spotify ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Je suppose que la surmultiplication créative est une chose permanente.

De quoi parle ton prochain album « Midnight Pilots » qui sortira en octobre ?

Ce mini album "Midnight Pilots" comprendra les titres Moody Wind, Small Rainbows, 300 Mornings, Until You Find et Mille Incendi. Et, bien sûr, Midnight Pilots, une chanson qui m'enthousiasme beaucoup : presque comme un mariage entre Fly With Me et The Silent Patient. J'ai hâte de la partager avec le monde entier.




Avez qui as-tu travaillé pour réaliser cet album ?

Comme presque toutes mes chansons, il a été coproduit et mixé par l'immensément talentueux Danny Humming, mon complice dans tous mes projets musicaux. Mais on retrouve également, en tant que co-vocaliste, la divine Marle Thomson, sur Until You Find.

De quoi parle la chanson "Something new" ?

On a parfois l'impression de ne faire que répéter des mots qui ont déjà été dits un million de fois, cela arrive en amour mais aussi en chanson. Vous aimeriez sortir quelque chose d'unique et de révolutionnaire pour exprimer la profondeur de vos sentiments. Ou, au moins, rester loin de quelque chose qui ressemble à un cliché ou à une réplique de film. On décide d'essayer quelque chose de nouveau, au lieu de dire : _ ____ ___.


Tu as sorti une première chanson en espagnol, "Gravedad". Pourquoi avoir choisi cette langue ? Tu pourrais chanter dans n'importe quelle langue ?

Je me suis toujours demandé comment mes chansons sonneraient dans différentes langues. L'espagnol est un choix naturel, car il est très proche de l'italien, et j'ai beaucoup de personnes qui écoutent mes chansons au Mexique, en Argentine, au Chili, alors j'ai décidé de faire un essai. Mais ce n'est qu'un début : une version portugaise de Life Could Be So Simple va bientôt sortir, et je travaille à des versions de mes chansons en hindi, en français et en coréen !

 

©Asja Caspar


Tu es plus addict à TikTok, Instagram, YouTube, Facebook ou Twitter ?

Ahah, je ne sais pas si je peux me considérer comme accro. Je passe beaucoup de temps à répondre aux commentaires et aux messages sur Instagram et YouTube, ça c'est sûr ! Parfois, cela peut prendre 2 heures de la journée ! Avec TikTok, je suis encore en train de me familiariser : cela prend du temps. Je me considère comme l'un des pires TikTokkers de tous les temps :D

Avec qui rêverais-tu de collaborer ?

Il y a tellement d'artistes avec lesquels j'aimerais travailler ! Toutes les collaborations que j'ai faites ont été une expérience incroyable et m'ont beaucoup appris. En décembre, un nouvel EP "secret" sortira, avec Sarah Kang, et j'en suis très excité : c'est une collaboration de rêve pour moi, car je suis une fan de la musique de Sarah et c'est un privilège de pouvoir coécrire et coproduire avec elle. J'ai d'autres artistes dans mon radar avec lesquels j'aimerais essayer de travailler en 2022 !

Quelle chanson écoutes-tu en ce moment ?

Plutôt que d'écouter la même vieille chanson tous les jours, j'essaie de changer un peu, de trouver de nouvelles chansons que j'aime, de les envoyer dans ma liste de lecture des meilleures chansons, d'aller me plonger dans leurs eaux familières, puis de sortir et d'explorer à nouveau pour trouver de nouveaux trésors pour ma collection.

Anthony Lazaro en ligne


dimanche 12 septembre 2021

Dragon Rapide nous donne rendez-vous le 15 septembre avec « Mumbo Jumbo »

Tenez-vous prêt, le 15 septembre 2021 les Dragon Rapide sortent leur nouvel album intitulé « Mumbo Jumbo ». Le groupe de Clermont-Ferrand nous emmène dans un voyage vers les années 1990 avec au programme une traversée dans leurs déceptions sentimentales, dans la conquête spatiale, des clins d’œil à des films et séries et même à leur animal de compagnie. Amusement garanti.


Comment avez-vous fait vos 1ers pas dans la musique ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?

On a tous commencé à vraiment s'intéresser à la musique en écoutant du rock indé dans les années 1990. Et on a essayé de faire pareil en apprenant tout seuls. Les premiers groupes, les premiers concerts, ça a été au début des années 2000, on s'est rencontrés comme ça. A Clermont-Ferrand, la musique c'est un petit milieu, tout le monde finit par jouer ensemble à un moment ou à un autre !

D'où vient le nom Dragon Rapide ?

C'est un avion anglais de la deuxième guerre mondiale, classe, belle ligne. On a choisi ça parce que je (Sylvain) suis fan de tout ce qui touche à l'aviation. Et puis le nom est cool.


De qui vous êtes-vous entourés pour faire ce 2e album "Mumbo Jumbo" qui sortira le 15 septembre ?

L'album a été enregistré et mixé par Olivier Perez, un bon pote dont on adore le groupe (Garciaphone). Il avait déjà mixé notre premier disque ('See the Big Picture', en 2018) mais avec des prises qu'il n'avait pas faites. Pour celui-ci on s'est dit qu'on allait lui laisser gérer l'ensemble. On a fait ça de manière assez simple, avec peu de matériel et pas dans un studio 'pro', ça donne au truc l'esprit DIY qu'on voulait.

Que raconte-t-il ?

En fonction des chansons, l’album fait référence à pas mal de choses différentes : déceptions sentimentales, des films ou séries qu'on a vus, la conquête spatiale, un animal de compagnie disparu, etc.


Que raconte « Full Moon », le premier single de l'album ?  

C'est la suite de la chanson 'Odyssey', qui était sur notre premier disque. Ça évoque le voyage du vaisseau de la mission Apollo XIII vers la lune. Il y aura une suite sur un prochain album : ceux qui connaissent l'histoire pourront en conclure que le morceau sera certainement moins enjoué.

Quelle est la chanson de cet album dont vous êtes le plus fier ?

Hé, c'est un peu dur de choisir, ça dépend des jours. Le fait de les jouer en concert va surement faire évoluer le classement.


Quels sont vos projets ?

Jouer le plus possible, partout. Tu as des plans ? Et puis commencer un troisième album, celui-là a pris plus de temps que prévu à cause du covid.

Quelle est la chanson de votre été ?

Alors moi j'ai écouté en boucle 'Trevor Philippe' de Johnny Mafia. C'est un groupe de Sens, en plein dans la diagonale du vide, un peu comme nous. Super clip.

Vous êtes plus addict à Instagram, TikTok ou Snapchat ?

On utilise un peu Instagram, on est trop vieux pour les autres trucs.

 

Dragon Rapide en ligne

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samedi 31 juillet 2021

A écouter... Le son électro-pop de Thoj pour danser tout l'été !

Auteur, compositeur, producteur… Thoj touche à tout dans la musique et excelle particulièrement dans la case electro-pop. Il suffit de quelques notes pour se laisser emporter par les compositions de ce trentenaire qui a fait ses premières gammes à l’âge de 4 ans, au conservatoire, avec un saxophone entre les mains. L’artiste qui, il n’y a pas si longtemps réalisait ses clips lui-même avec son téléphone portable, vient de signer dans une prestigieuse maison de disque, Universal Music, qui devrait lui assurer un tremplin en termes de visibilité auprès du grand public. En pleine saison estivale, le DJ se produit sur scène en faisant notamment la première partie du très talentueux Ben Mazué, au Théâtre de Verdure, à Nice, le 8 août. Une nouveauté est aussi en préparation, un morceau en featuring avec Otta. Il faudra croiser la route de Thoj cet été…


© Thoj


 Comment avez-vous fait vos premiers pas dans la musique ? 
J'ai commencé la musique en faisant du saxophone au conservatoire à l'âge de 4 ans. J'ai été 12 ans au conservatoire où j'ai pu jouer du classique, du jazz et beaucoup de choses qui ont nourri ma passion pour la musique. 

Quel a été votre parcours pour devenir DJ ? 
Tout a commencé lorsque j'ai voulu composer ma propre musique il y a 4 ans. La musique que je faisais était dès mes débuts très électronique, ainsi les gens qui ont voulu me faire jouer dans des festivals m'ont tout de suite catégorisé comme DJ. J'ai dû apprendre à mixer en dernière minute lorsque mes premières dates sont tombées :). Mais ce qui me plait le plus aujourd'hui c'est de jouer avec de vrais instruments sur scène pendant mes lives, et de proposer à des chanteurs d'interpréter mes morceaux avec moi sur scène quand c'est possible. 

Que signifie votre nom de scène Thoj ?
Je l’ai depuis tout petit. Ma sœur s’appelle Julie et moi Thomas, donc en mixant nos deux prénoms ça donne Thoj. Ce pseudo m’a toujours accompagné pour tous mes projets artistiques, donc c’était une évidence pour moi de continuer à le porter aujourd’hui. 

Vous êtes originaire de Nice. De nombreux artistes comme The Avener ou Feder sont originaires de la Côte d'Azur, la région est-elle particulièrement propice à l'exercice de la musique ?
C'est une question qu'on me pose souvent, et je ne sais pas vraiment pourquoi cette magnifique région fait naître beaucoup de projets artistiques, peut-être la beauté de la région qui nous inspire ? 

Vous avez signé chez Universal Music au sein du label, Island Def Jam. Au quotidien, qu'est-ce que cela change pour vous ? 
Cela change au niveau image et promotion, j'ai beaucoup plus de moyens pour réaliser mes clips vidéo (avant cela, je faisais tous mes clips moi-même à l'iPhone), et des attachés de presse sont sollicités pour promouvoir mon projet auprès des médias et des radios. Il y a également une nouvelle équipe avec qui nous travaillons, donc c'est de nouvelles rencontres, ce qui est toujours enrichissant pour développer un projet artistique. 

Est-ce qu'un album est prévu prochainement ?
Je ne crois plus trop au concept d'album dans l'électronique aujourd'hui, j'aime l'idée de sortir titre par titre, mais je ne suis pas fermé à l'idée d'un mini album type EP s'il y a un concept derrière. 



Comment est né votre dernier titre "Cold Hearted" en collaboration avec Otta ? 
Il est le fruit d'une très belle rencontre amicale. Un ami très proche, Mark Weld, qui est auteur-compositeur, m'a fait écouter lors de notre première rencontre un morceau qu'il a fait avec un chanteur, Otta, et une chanteuse, Alma. Il s'agissait d'une maquette enregistrée à la va-vite, avec juste une guitare et la voix de Otta. Je suis tombé complètement amoureux du morceau et j'ai proposé d'en faire une version revisitée à ma sauce, une sorte de rework. C'est comme ça qu'est née cette collaboration avec Otta. Quand ma version est sortie, elle a tout de suite attiré l'œil de plusieurs majors, Warner Russie et Universal Music nous ont contactés pour signer le projet sur leur label. 

Quel est le programme de votre été ? 
Plusieurs concerts sont prévus cet été, notamment quelques Live avec Otta dont la première partie de Ben Mazué au Théâtre de Verdure à Nice le 8 août, ainsi que plusieurs DJ Set dans le Sud. Nous avons profité de cette rencontre avec Otta pour cette fois composer ensemble, et mon prochain morceau sera un nouveau featuring avec Otta, que nous avons cette fois composé ensemble, avec l'aide de Mark Weld. Il sortira après l'été. 

© Thoj


Avec qui rêveriez-vous de collaborer ? 
J'aimerais beaucoup collaborer avec des DJ comme Feder, DJ Snake ou encore des chanteurs comme Dennis Lloyd. Ce que j'aime chez ces artistes, c'est qu'ils ont un univers très marqué et reconnaissable qui m'inspire beaucoup. Dès la première note on les reconnait. 

Quel est votre regard sur la carrière d'Avicii ? 
Plus j'avance dans ce milieu et ce métier, plus je comprends le mal-être qu'un artiste peut ressentir, il faut être prêt à recevoir autant de lumière d'un coup, et la pression que cela engendre. Être artiste c'est souvent jongler entre la frustration de ne pas être dans la lumière et le choc qu'elle peut apporter. Il faut savoir gérer toutes ces émotions fortes. Ce que des carrières comme Avicii m'ont appris, c'est qu'il ne faut pas oublier que la musique est une passion pour moi et qu'il faut y prendre du plaisir. 

Vous êtes plus addict à TikTok, Instagram, Snapchat ou Club House ? 
Personnellement, moi c'est Instagram :) 

Quel est le titre qui vous suit partout cet été ? 
En ce moment, je suis fou du remix qu'a fait Hugel sur Love Line.


Thoj en ligne

mercredi 30 juin 2021

TikTok renouvelle notre rapport à la musique ?

Le réseau social TikTok dévoile les résultats de deux études* qui analysent son impact sur la scène musicale mondiale et la façon dont les utilisateurs interagissent avec la musique sur la plateforme. Les résultats montrent que TiKTok est un réseau sur lequel il faut désormais compter pour découvrir de nouveaux artistes.


1.    Découvrir de nouvelles musiques

- 80 % des personnes présentes sur TikTok affirment qu'il s'agit du premier réseau où découvrir de nouvelles chansons, bien avant toute autre plateforme digitale, service de streaming ou même des recommandations d'amis. Et après avoir écouté une nouvelle musique, près de la moitié des utilisateurs l'ajoutent à leur favoris (47 %), vont regarder le profil de l'artiste (46 %) et vont jusqu'à le suivre sur TikTok (43 %). 

2.    Découvrir de nouveaux artistes  

- 4 utilisateurs TikTok sur 10 affirment découvrir de nouveaux artistes sur la plateforme. Pour les talents émergents, peu importe le style musical, TikTok constitue une opportunité de faire connaître leur musique à de nouvelles publics. 

3.    Re-découvrir de vieux classiques 

- 4 utilisateurs sur 5 considèrent que les morceaux nostalgiques améliorent et apportent davantage de valeur à leur expérience sur la plateforme.

TikTok a ainsi permis de remettre au goût du jour d'anciens morceaux. Cela a notamment été le cas avec la chanson « Dreams » de Fleetwood Mac, créée il y a plus de 43 ans, qui s'est hissée en deuxième position du classement Top 100 du magazine Rolling Stone, après qu'un Américain, Nathan Apodaca, ait publié une vidéo devenue virale, alors qu'il faisait du skateboard.






 

*Une étude qualitative menée en collaboration avec PRS IN VIVO sur le second semestre 2020 et une étude quantitative réalisée avec InSites Consulting, début 2021, auprès de 4 013 répondants situés en France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Espagne

dimanche 16 mai 2021

MEY : « Le respect, la considération, c’est quelque chose qu’un jour, j’ai vraiment eu besoin de réclamer »

Née dans les années 1990, biberonnée aux pop-stars d’MTV, MEY fait partie de cette nouvelle génération d’artistes qui utilise ses créations pour nous pousser à nous remettre en question sur des thèmes de société. Et pour cause, la chanteuse s’interroge et nous interroge sur la place de l’apparence dans la vie des femmes, avec un très beau premier EP, au titre évocateur, « With the lights off » ( « avec les lumières éteintes » ). L’omniprésence de l’apparence, l’artiste peut en parler, car elle en a été victime, allant jusqu’à se remaquiller 50 fois dans une même journée. Les chansons de MEY voguent entre rage, colère, rêverie, rock, folk et hip-hop. Elles sont intenses, tout comme l’artiste qui nous montre avec pugnacité sa volonté d’être considérée et respectée en tant que femme. Discussion avec une artiste engagée.



Comment as-tu fait tes premiers pas dans la musique ?

J’ai su que je voulais faire de la musique assez jeune, vers l’âge de 6/7 ans. 

Mes parents ne sont pas du tout musiciens, mais ma mère écoutait quand même beaucoup de musique : Stevie Wonder, Enya, Mylène Farmer... J’ai commencé à chanter comme ça, par dessus ses disques, et puis c’est devenu une passion très rapidement. Dans ma jeunesse, j’ai fait beaucoup de reprises. J’ai intégré des groupes de cover et c’est ce qui m’a permis de faire mes premières scènes.

En parallèle, j’ai vécu une expérience difficile au cours de mon adolescence : mon père a été accusé de viol et agressions sexuelles, et a donc été incarcéré alors que j’avais 14 ans.

La musique a été mon refuge pendant cette adolescence compliquée, à la fois pour m’évader mais également comme exutoire de ma souffrance et ma colère.




 

Que raconte ton EP "With the lights off" ? De qui t'es-tu entourée pour le faire ?

Cet EP compte beaucoup pour moi. Il a été mon premier pas vers la reconnaissance de ma vulnérabilité. Je l’ai voulu intime, très personnel et sans concession.

Jusqu’en 2016, j’avais toujours été uniquement chanteuse et autrice dans des groupes, ce qui est déjà beaucoup bien sûr, mais j’avais besoin de faire mon chemin seule, d’être aux commandes, de ne pas avoir à négocier quoi que ce soit concernant les choix artistiques.

Jusqu’à présent, la composition, pour moi, c’était toujours en groupe, un effort collaboratif, et la plupart du temps j’écrivais et chantais sur des thèmes instrumentaux composés par d’autres personnes. 

Cet EP m’a donc permis de mieux me découvrir en tant que compositrice et d’aller vers une atmosphère sonore bien à moi. 

Pour le faire, je me suis entourée de Julien Portmann, producteur son et guitariste. Nos goûts sont différents mais se complètent parfaitement, il apporte les influences trip-hop et grunge qu’on peut ressentir sur l’EP. Mes influences à moi sont plus pop, rock et néo métal.

Les musiciens qui m’accompagnent sur scène ont également apporté leur touche sur certains titres de l’EP : Fabien Louail (guitares, basse), Florent Portmann (piano) et Valentin Provendier (batterie).

Pourquoi avoir choisi de chanter en anglais ?

Le choix de l’anglais s’est présenté à moi comme une évidence, ayant toujours grandi en écoutant de la musique anglo saxonne, et aussi parce que la langue anglaise en elle-même permet je trouve, de dire les choses plus directement, sans détours.

La chanson française a très peu fait partie de ma vie, que ce soit jeune ou adolescente. J’ai quelques coups de coeur, mais c’est quand même très rare ! (Rires) 

Je suis avant tout attirée par les musiques « alternatives » ou « rock », qui sont reposent souvent davantage sur les mélodies, l’énergie et la production, que sur les textes :  Muse, Florence and The Machine, Bjork, Radiohead, Korn, London Grammar, Royal Blood, Glass Animals…

Mais j’expérimente avec le français, petit à petit, et je compte bien en intégrer quelques titres sur mes projets futurs. Je trouve intéressant d’essayer de sortir davantage de mes influences pour créer quelque chose dans un style qui me parle. C’est une vraie prise de risque pour moi.



Que raconte le titre « RESPECT » ? Peut-on dire que c'est un titre féministe ?

« RESPECT » est un titre que j’ai écrit avec beaucoup de spontanéité et dans lequel j’ai mis beaucoup de colère. Une colère que j’avais, je pense, accumulée depuis l’adolescence. 

Lorsqu’on grandit en tant que femme dans la société qu’est la nôtre, on se retrouve très souvent dans des situations choquantes, humiliantes, sidérantes même. On intériorise tout ça, ne sachant pas forcément comment réagir sur le coup, mais la colère reste là. 

Je pense que mon expérience dans le monde de la musique m’a obligée à ouvrir les yeux sur le degré de misogynie de notre société. 

D’abord, parce que c’est un milieu très masculin : de toutes mes expériences passées, j’ai souvent été la seule fille dans des groupes d’hommes, au milieu de techniciens qui étaient aussi toujours des hommes, et j’ai du soumettre mes titres à des professionnels de la musique (labels, tourneurs) qui étaient eux aussi uniquement des hommes. Il en a découlé toutes sortes de débordements : remarques déplacées, attouchements, fixation permanente sur mon physique, infantilisation, mépris de mes capacités d’autrice / compositrice / interprète, etc. 

C’est en partie cette expérience qui m’a donné l’idée de faire des concerts dans le noir, de mettre mon apparence au second plan dans ce premier album, d’où le titre « With The Lights Off ». 

Ma relation avec mon père a aussi généré énormément d’incompréhension et de colère chez moi : d’origine égyptienne, sa culture est très patriarcale. Je l’ai toujours entendu me dire qu’en Egypte les filles « appartenaient » à leur père, jusqu’au jour de leur mariage, où là, elle « appartenaient » à leur mari, et se devaient de le suivre partout, de lui obéir. 

Pour moi, le fil rouge de toutes ces expériences, c’est ce manque absolu de respect de notre individualité, de notre libre arbitre en tant que femmes. 

Le respect, la considération, c’est quelque chose qu’un jour, j’ai vraiment eu besoin de réclamer. Et cette chanson, pour moi, c’est ça. 

Que raconte le clip de ce titre ?

Le clip s’est imposé à moi car à l’origine je ne comptais pas clipper ce morceau. En septembre 2019, les collages ont démarré dans Paris, et j’ai été scotchée par leur puissance. J’ai trouvé qu’il y avait une rage commune entre ces messages et mon titre « RESPECT ». 

J’ai donc monté moi même ces images sur ma musique, et j’ai envoyé la vidéo à Marguerite Stern, l’initiatrice des collages, en lui demandant si j’avais son accord pour la publication de cette vidéo. 

Elle a accepté immédiatement, en me disant que ces collages nous appartenaient à toutes. 

Je sais que c’est une personnalité controversée dans le milieu féministe, mais quoi qu’il en soit, je trouve que c’est une femme qui a beaucoup de courage, et qui a incontestablement eu une idée de génie, qui j’en suis convaincue, fera date. 

 


 

La chanson "Spiky Love" dévoile ton côté sombre ?

En fait, je crois que ma musique en général me permet d’exprimer les aspects plus sombres de ma personnalité, et c’est ce qui m’intéresse et ce que j’ai envie de creuser, en tous cas pour l’instant. 

Je fais partie de ces gens qui ont presque trop bien intégré les conventions sociales : la politesse, le fait de prendre sur soi, de rester toujours souriant et d’intérioriser les choses... La musique me permet d’exprimer cette autre facette de moi, et ces sentiments plus sombres, qui ne font pas bonne figure en société, et qui pourtant sont essentiels, et font partie de la vie. 

« Spiky Love » parle de la face destructrice du désir, et des pulsions masochistes qui peuvent nous happer. C’est une chanson qui parle du fait de se complaire dans une relation toxique, sans réussir à s’en libérer. 


Pourquoi avoir décidé de faire des lives dans la quasi obscurité ?

Comme je l’ai dit plus haut, j’ai beaucoup souffert de la misogynie ambiante, dans ma vie personnelle et professionnelle, et ce depuis mes premières scènes, à l’âge de 14/15 ans. 

Ce regard masculin obsédé par le physique, combiné avec l’obsession de notre culture pour l’apparence des femmes : être mince, être belle, être bien maquillée, bien coiffée, avoir de beaux vêtements, être un objet de désir. 

Toute notre société nous éduque à être cela lorsqu’on est une femme, et quand on fait de la scène, ces injonctions sont permanentes et décuplées. On l’a encore vu récemment avec le scandale autour des remarques sur l’apparence d’Hoshi. Je ne suis pas du tout étonnée de ce débordement de la part de Fabien Lecoeuvre, car j’ai grandi avec ce type de discours autour de moi en permanence, que ce soit de la part des professionnels de la musique, des musiciens qui travaillent autour de moi, ou même du public. 

On résume encore beaucoup trop les femmes à leur apparence, on leur demande d’être belle et sexy (selon des critères masculins bien sûr), sinon, elles n’ont pas de valeur. 

J’ai eu beaucoup de mal à gérer cette pression là. C’est devenu à un moment de ma vie quelque chose de vraiment pathologique. Certains boivent, fument, se droguent. Moi, je me remaquillais 50 fois dans une même journée, je m’observais en permanence, je me détestais physiquement. Quoi que je fasse, ce n’était jamais assez. Et c’était vraiment une prison pour moi, parce que c’était ambivalent : je m’efforçais de répondre à un standard de beauté parce que j’avais la sensation que c’était la chose la plus importante aux yeux de tous, et lorsque qu’on me complimentait sur mon physique, je me sentais terriblement réduite à ça, méprisée, vide. 

Un jour, j’ai pensé : « tout serait tellement plus simple, si je pouvais juste être là, sur scène, faire ce que j’aime, sans avoir à répondre en permanence à ces injonctions ». Alors, j’ai eu l’idée des concerts dans le noir, et ça a été extrêmement libérateur pour moi. 

A travers cette démarche, j’ai aussi envie de montrer aux jeunes filles, qu’on peut être une femme et qu’on peut monter sur scène sans avoir à forcément donner quelque chose à voir ou être un objet de séduction.

Après, je ne compte pas faire uniquement des lives dans le noir complet, ni forcément rester « cachée » éternellement, mais je pense que c’est quelque chose qui fait partie de moi et que j’y reviendrai toujours à certains moments, quand le besoin s’en fera sentir. 



Tes confinements ont-ils été créatifs ou au contraire ont suscité un manque d'inspiration ?

Disons qu’au moment du début du confinement, j’étais dans une phase de création scénique : j’avais plusieurs résidences planifiées dans l’année, je devais peaufiner mon live et faire un maximum de dates courant 2020. Autant dire que ça a été bien compromis ! (Rires)

Du coup j’ai profité de ce contexte pour sortir un peu de ma zone de confort : j’ai fait mes premiers lives sur Instagram, pris du temps pour me connecter davantage avec mon public via les réseaux sociaux.. 

Mais de façon générale, le confinement a été plutôt pénible pour moi. J’ai tendance à être très obsessionnelle quand je crée, et du coup c’est très important pour moi de m’aérer l’esprit, de voir mes amis ou faire du sport pour compenser. J’ai eu quelques moments de grosse angoisse du coup, des insomnies à répétition, je pense comme beaucoup. Et puis, la musique et la scène étant mon métier, ça a fait un très gros vide dans ma vie d’un seul coup, avec beaucoup d’incertitudes sur l’avenir. 

En revanche, sur la plan de la consommation, j’ai trouvé ça plutôt reposant : moins de tentations, aller davantage à l’essentiel, se contenter de ce qu’on a, vivre plus simplement, c’était pas mal. 

Quels sont tes projets ?

Déjà, la sortie de mon premier album, qui est pour très bientôt. Ce premier opus aura été très long à maturer et à produire, mais j’en suis vraiment fière. 

Par ailleurs, ne veux pas trop en dire, mais je travaille depuis un moment sur un autre projet qui me passionne et que j’ai hâte de pouvoir partager. 

Tu es plus addict à Facebook, Twitter, Instagram, TikTok ou ClubHouse ?

Instagram, hélas ! (Rires) 

Même si les réseaux sociaux peuvent vraiment devenir toxiques et même si je pense qu’il faut trouver un équilibre pour ne pas finir pas vivre sa vie à travers un écran, c’est la plateforme qui m’a permis de vraiment rencontrer mon public et je l’apprécie. 

Je trouve que c’est une plateforme un peu plus complète que les autres, qui permet d’étayer un peu plus un propos. Et même si ça reste du zapping pour beaucoup d’utilisateurs, on peut quand même y mettre un peu de profondeur et de sens. 

Avec qui rêverais-tu de collaborer ?

Ça, c’est une question difficile !

Je pense qu’en réalité, je serai trop impressionnée pour collaborer avec mes artistes favoris.

En revanche, en terme de production, j’adorerais faire mixer mon album par Spike Stent. (Massive Attack- Mezzanine, Coldplay - Ghost Stories). 

J’admire énormément James Blake aussi, autant pour cette voix incroyable qu’en tant que producteur. Il a vraiment un son unique. 

Tu écoutes quoi en ce moment ?

Ce dernier mois, les nouveaux albums de Royal Blood (Typhoons) et LondonGrammar (Californian Soil) sont sortis, donc ces deux albums là tournent beaucoup chez moi. En ce moment, j’écoute aussi beaucoup Tool, et je découvre (enfin!) Gojira, avec leur dernier album Fortitude. 


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vendredi 14 mai 2021

Martin Garrix Feat. Bono & The Edge dévoilent l’hymne de l’UEFA Euro 2020

Après plus d’1 an d’attente et de secrets, "We Are The People", l’hymne de l’UEFA EURO 2020 a été dévoilé... Le DJ Martin Garrix a commencé à travailler sur ce morceau il y a 3 ans et rêvait de la voix de Bono. Lorsque ce rêve se réalise, Bono écrit paroles et mélodies, The Edge ajoute les riffs de guitare, pour obtenir un tube pop, aux accents rock et dance, qui rappelle l’univers de chacun de ces artistes. 

 






lundi 15 mars 2021

Le tourbillon d'émotions de JOKO

JOKO il faut d’abord l’écouter les feux fermés. Sa voix bluesy vous fait voyager dans des contrées lointaines. Puis il faut s’intéresser à la personnalité de cette jeune chanteuse strasbourgeoise qui a fait ses premiers pas d’artiste, cachée : « J'écrivais des chansons en secret, je chantais en secret, je m'inventais des noms de scène en secret » révèle-t-elle. Heureusement, la chanteuse a osé sortir de son cocon et la voilà sur la scène électro française, elle sortira d’ailleurs le 19 mai 2021 son nouvel EP "I've never been good with words". En attendant, on peut découvrir un de ses nouveaux titres « Mood » qui alterne entre élégance, douceur et poésie.

Selfie - JOKO
Selfie JOKO

Comment as-tu fait tes premiers pas dans la musique ?

Mes deux parents sont chanteurs d'opéra et j'ai été au conservatoire enfant mais en grandissant la musique est devenue le secret le mieux gardé de France... j'étais très timide ! J'écrivais des chansons en secret, je chantais en secret, je m'inventais des noms de scène en secret ! C'est vraiment avec JOKO que j'ai pu commencer à partager mes chansons avec mon entourage, tout le monde était surpris !

 

Comment est né JOKO ? Que signifie ce nom ?

JOKO c'est la contraction de John (Lennon) et Yoko (Ono), c'est la rencontre entre moi et Arthur Vonfelt. Elle a marqué mon début dans la musique et c'est un clin d'oeil à cette période ! Mais c'est un projet solo.



Que raconte ton nouveau titre « Mood » ?

Mood : je l'ai écrite après une relation très toxique, on était à la cave avec mon producteur (Arthur Vonfelt) et je n'étais pas au top...j'ai un rapport assez complexe avec la musique, je me sens rarement à la hauteur, j'ai souvent peur d'échouer et donc d'essayer. Cet après-midi là j'étais bloquée, en pleurs, je ne savais plus quoi dire, je supportais plus ma voix, je me supportais plus. Arthur a commencé à jouer de la guitare en boucle et m'a dit "allez maintenant chante, peu importe quoi on s'en fout mais chante". Au bout d'un long long silence et des larmes, ça a commencé à sortir et les paroles suivantes : « I can't escape out of my head and I don't know how to behave the right way ». Et bizarrement c'est un des morceaux qui me représente le plus, le fait de ne pas savoir comment se comporter c'est l'histoire de ma vie, se sentir enfermée dans sa tête avec comme barrières ses propres peurs et le refrain pour dire que je veux juste un peu de paix, d'amour, de me ficher la paix, de m'accepter, c'est un peu un cri de délivrance.

 

JOKO par Axelle Manfrini
JOKO par Axelle Manfrini

Que va raconter ton nouvel EP "I've never been good with words" qui sortira le 19 mai 2021 ? De qui t'es-tu entourée pour le faire ?

J'ai fait cet EP avec le même producteur que le premier, Arthur Vonfelt. On l'a fait tous les deux, dans notre ancien studio. Pour moi mon projet et tout particulièrement cet EP là, je le vois comme un miroir, ce moment où tu scrutes ton reflet et où tu vois tous tes défauts, tes cicatrices, ce que tu aimes, ce que tu ne supportes pas, pas de filtres, juste ton reflet, ces moments où tu te regardes avec honnêteté, sans fierté mal placée, sans le jugement des autres mais juste avec le tien, peut-être le plus dur de tous. Je suis dans une période de ma vie où je me rends compte que je ne suis pas la meilleure pour communiquer mes émotions et que j'ai souvent peur d'exprimer mes limites en pensant que ça donnera aux autres l'envie de partir. Du coup l'écriture de cet EP m'a permis d'exprimer tout ce que j'avais retenu depuis pas mal d'années pour sauver la face ! C’est ce que racontait déjà un peu « U GOT », ce qui nous rend plus humain (real) ce sont aussi nos faiblesses, nos ratés, nos doutes. Le héros parfait zéro défaut n'existe pas et quand je prétends l'être, c’est pour cacher mon mal-être. Sur le premier EP je regardais les autres, sur le deuxième j'ai retourné le miroir vers moi ! J'aimais l'idée d'avoir un long titre, l'entassement de mots pour exprimer le fait qu'on ait du mal à s'exprimer !


Cette période de confinement, couvre-feux, est-elle source de création ?

J'ai eu de la chance car l'annonce de l'audition pour les Inouïs a engendré tout un tas de travail : fallait monter un nouveau groupe, avec des nouveaux morceaux ! Je voulais absolument retrouver quelque chose de plus organique, instrumental pour ce nouveau live, donc j'ai monté un nouveau groupe avec guitare électrique, saxophone et percussions ! Avec les répétitions, les résidences, le mois de février a été carrément créatif !


Quels sont tes projets ?

Sortir des nouvelles chansons tous les mois jusqu'en mai, mois de sortie de l'EP avec pleins de surprises.

 

En janvier, tu as annoncé avoir été sélectionnés aux auditions des inouïs du Printemps de Bourges. Où en est ce projet ?

Je passe les auditions demain (ndrl : début mars) !

 

Tu es plus addict à Facebook, Twitter, Instagram, TikTok ou ClubHouse ?

Instagram mais j'essaye de décrocher tous les jours !

 

Avec qui rêverais-tu de collaborer ?

James Blake ou Monia Chokri.

 

Quelle chanson tourne en boucle chez toi en ce moment ?

Les deux albums de Warhaus.


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