Bénédicte Schmitt c’est une artiste touche à tout, un électron libre de l’industrie musicale, fasciné par le son. Elle produit, enregistre, mixe et réalise des podcasts « En sac à dos » avec une touche bien à elle. Ces podcasts constituent un vrai voyage avec les personnes qu’elle rencontre, une immersion au cœur de la musique, dans les coulisses des concerts, au plus près des palpitations du cœur des artistes.
3…2…1… Mettez
vos écouteurs, ces cartes postales sonores vous
emportent dans un vrai voyage immersif : https://soundcloud.com/studio-sac-a-dos
Quel est ton
parcours, comment es-tu devenue ingénieure du son, réalisatrice artistique ?
Je suis devenue
Ingénieure du son et réalisatrice artistique en fabriquant une guitare en
carton. Mais c’était l’électricité qui m’intéressait.
Comment marche
le son ? Je le découvre en s’amusant à enregistrer sur une K7, puis je découpe
des bouts de bande. Le son devient alors l’outil pour exprimer mon imaginaire,
j’ai 12 ans.
Côté scolaire c’est totalement atypique, un bac A1, un passage éclair en histoire de l’art, une mise à niveau BEP d’électrotechnique et un BTS de Régie Son. Et arrivent mes premières expériences professionnelles théâtres, salles de concert, festivals, même le Parc Astérix avec une saison technicienne de Mehnir Fm la radio qui barde. Puis la rencontre avec Dominique Blanc-Francard et je me retrouve embarquée dans l’aventure des Studios Labomatic, fondés par Dominique et ses fils Hubert BoomBass et Mathieu Sinclair. Aujourd’hui je co-pilote avec Dominique, les Labomatic Studios, nous ne nous sommes plus quittés, passion du son partagée, 25 années qui filent, enregistrer, mixer, découvrir, guider, construire, rêver, casser les codes, innover, « Etre au service de la musique / hors cadre ».
Quel
est le concept d'"en sac à dos" ?
"En
Sac à Dos" c'est une immersion entre et hors les murs d'un lieu, un son en
360°, entre 2 oreilles, vivant, la bande son d'un film sans images. C’est une
série de podcasts que je produis j’ai toutes les casquettes, enregistrement,
mixage et réalisation. Au fil de mes escapade je propose à des artistes de la
scène actuelle des cartes postales sonores, je les suis sur une journée
de concert, de leur arrivée à leur départ, une journée de sons.
Tout
y passe, les portes, les balances, les rires, les couloirs, les doutes, le
concert en coulisse et dans la salle. Permettre à l’auditeur d’entendre un rêve
éveillé, avec les aspérités des salles, des enregistrements nomades libres et
fulgurants. La technique et ses progrès m’ont bien aidé, j’ai toujours été en
quête de nouveaux terrains de jeux et un peu geek aussi. Avant il fallait un
camion, un studio mobile pour enregistrer des lives, seuls les artistes
importants pouvaient le faire à cause du coût faramineux ! Aujourd’hui tu peux
enregistrer un concert avec un laptop, un cable éthernet et des enregistreurs
pour les ambiances, même un smartphone ça marche. Du coup, pour me dégourdir
les jambes entre 2 albums j’ai commencé à faire des enregistrements nomades,
puis des soirées notamment beaucoup de Fêtes Souterraines, j’ai vraiment pris
goût à la liberté que cela m’apportait. Le concept a évolué, StudioSacàDos est
né.
Puis
le 1 er confinement est tombé. Je me suis retrouvée sur ma planche à mixer à
Trouville, un jour je vois passer le Printemps de Bourges imaginaire, j’avais
fait un StudioSacàDos sur les Inouies en 2018, je regarde la liste des artistes
qui auraient dû y jouer et je réalise que je les ai quasiment tou.te.s dans mes
8 to d’archives sonores de mes escapades. J’ai proposé à Rebecca Manzoni de
faire la voix de ce Voyage imaginaire, au printemps de Bourges, j’ai écrit
le scénario, sorti mes grands ciseaux et après 3 jours et 3 nuits le voyage
était en ligne.
La
fibre journalistique fraternel résonne en moi depuis la disparition brutale et
tragique de mon petit frère le 3 juin 2020, aujourd’hui j’écris et je scénarise
mes EnSacàDos, ma collaboration avec la dream team de Louie Média
m’apporte aussi énormément de connaissances sur le monde du Podcast.
Selfie B.Schmitt |
Actuellement,
les podcasts se multiplient et sont très tendance, est-ce que cela t'a fait
peur de lancer un enième podcast ?
Pas
du tout, Podcast est devenu un terme générique, fourre-tout un peu comme un sac
à dos ahaha ! Plus sérieusement, il n’y a quasiment pas de podcast sur la
musique, En SacàDos est un objet sonore non identifié, proposer un podcast hors
format, original, est un atout, il sera plus visible dans cette masse, un peu
comme un mouton multicolore dans un troupeau de moutons blanc. La difficulté
est de le rendre audible au plus grand nombre d’auditeurs. La multiplication
est dans tous les domaines aujourd’hui et celui n’empêche pas d’avoir des
projets émergeants et de qualité.
"En
sac à dos" pourrait parfaitement se décliner en émission télé, y as-tu déjà
pensé ?
Ah
non surtout pas, l’image tue l’imaginaire, le son laisse la place au rêve,
c’est un film sans image. Une écoute d’En Sac au casque est un voyage,
chaque auditeur peut y voir des images différentes, de même chaque écoute est
différente. L’image fige, enferme le spectateur dans une boite, sa télé. En
plus je réalise mes EnSacàDos seule, en field recording, multi-zoom, ce qui me
permet d’être au plus près des artistes, pas sûre qu’ils acceptent une équipe
avec 3 à 4 camera !
Avec
quel matériel "pars-tu en sac à dos" ?
Il
vient de Londres, c’est un cadeau de mon frère Olivier Schmitt journaliste et
étoile filante de l’underground. Il est en toile de jute bleu et beige, le dos
est renforcé, ses sangles sont en cuirs. Il a une petite poche intérieure pour
y glisser un laptop et une extérieure pour mes affaires personnelles. Je le
garnie de petites trousses Pijama dans lesquelles je range mon matériel par
famille, c’est assez militaire comme organisation.
J’adapte
mon packtage sur chaque EnSacàDos, des enregistreurs Zoom, j’ai une sacré
collection, H1, F1, H8, F8, QN2, des micro XY, MS un illustre PCM D1 Sony mon
premier enregistreur qui a fait ses classes avec Camille à l’église Saint
Eustache en 2005. J’ai un fabuleux micro ambisonique Sennheiser qui prend le
son en 360 degrés, un casque avec des micro sur les écouteurs, des batteries
pour éviter les piles, pleins de petits accessoires pour accrocher mes
enregistreurs. Après ce sont des outils, ce qui est le plus important c’est
l’expérience, la rapidité, être au bon endroit au bon moment, prendre des notes...
Construire ton scénario sur le fil d’une journée, savoir s’effacer quand il le
faut sans effacer le son pour autant…
Quel
"en sac à dos" t'a le plus marqué ?
Aucun,
ils sont tous différents, chaque EnSacDos est un kiff une expérience faite de
rencontres, de découvertes et d’émotions aussi. Il y en a un fort en émotions,
Ian Caulfield & Friends au FGO, il m’aura fallu cette date pour réaliser la
douleur des musicien.ne.s de ne plus pouvoir jouer ensemble devant un public,
la joie du public d’écouter de la musique dans une salle, et à quel point cela
m’a manqué de ne plus pouvoir me glisser en coulisse, enregistrer ces moments
de vie. Depuis le 8 juin 2021, j’avoue une boulimie de EnSacàDos, ça m’a aussi
poussé à lancer officiellement la série, à travailler avec Mélissa Phulpin, à
démarcher les plateformes, répondre à des itv comme la tienne.
Tu
es adepte d'évasions en sac à dos ?
Oui
c’est addictif, un de mes rêves faire le festival Iceland AirWaves festival à
Reykjavik, mais aussi un Music tour bus, ou encore enregistrer un album en
pleine forêt. Tout est possible avec ce StudioSacàDos, enregistrer hors les murs
d’un studio, puis passer des heures à découper, mixer, réaliser raconter une
histoire avec ces sons dans les murs de mon studio.
Qui
rêverais-tu de suivre "en sac à dos" ?
C’est
le projet, le contenu qui guide mes envies pas une personne. C’est comme un
album, tu peux avoir envie de travailler avec un artiste sur un projet, mais
pas sur le suivant. Comme je te le disais ci-dessus, enregistrer un album au
cours d’un voyage, au fil des rencontres, et faire d’un EnSacàDos 2 formats,
l’album et le documentaire sonore qui l’accompagne, traduire en son le
processus de création et surtout sans image ! $
Quels
sont tes projets ?
Le
prochaine EnSacàDos mise en ligne est avec Stephan Eicher à Engelberg, pour les
30 ans de son album Engelberg, je suis en train de le finaliser. Mardi je serai
avec Barbara Carlotti à la Cigale, y’a aussi les soirées A définir dans un
futur proche, à la Boule Noire puis Magenta à L’Olympia. En 2022, je retourne
au Festival Variations à Nantes, je continue les soirées Souffle Collectif au
Consulat. Y’a le Festival des 36 heures de Saint Eustache qui pointe son nez
aussi.
En
parallèle j’ai une belle activité au Labomatic avec des enregistrements, des
mixages et des réalisations. Les Résistances Poétiques de Cyril Dion et
Sébastien Hoog, un album avec la magnifique Ingrid Caven, la réalisation d’une
série de podcast pour Louie Média où je compose également la musique. En bonus
il faut que je trouve le temps de prendre la mer avec mon Stellar Waveski
pourquoi pas avec mon StudioSacàDos enregistrer le silence et les sons qui
glissent sur l’eau.
Quel
titre tourne en boucle chez toi en ce moment ?
Le
dernier album de Parcel et d’Efterklang et fip tous les matins dans ma salle de
bain.
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