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dimanche 22 juin 2014

Reptile Youth amène sa fougue à Paris


Autoportrait par Mads le 17.05.14
Electro, pop, rock, le groupe danois Reptile Youth aime mélanger les genres et excelle à cet exercice dans son deuxième opus Rivers that run for a sea that is gone (mars 2014). Et pour cause, le duo composé de Mads Damsgaard Kristiansen (voix) et Esben Valloen (basse) a bien su s’entourer en collaborant avec des grands noms comme Brian Thorn (David Bowie, Arcade Fire) et Jens Benz (Iceage). Reptile Youth pourrait bien devenir le symbole de toute une génération Y qui, même si elle est entrée dans l’âge adulte ne s’interdit pas des écarts pour se rappeler la fougue de sa jeunesse.  Avis aux amateurs, le groupe aux concerts réputés déjantés exporte ses arrangements accrocheurs jusqu’à Paris et sera ainsi en concert gratuit au Nuba, le 28 juin. Rencontre avec Mads, le chanteur du groupe qui revient sur sa carrière.
1. Comment as-tu fait tes débuts dans la musique ?
Vers l’âge de 8 ans, en faisant la vaisselle chez mes parents ! Pendant que je lavais les plats, mon père qui adorait chanter me faisait écouter des vieux disques de Neil Young, John Lenon, Pink Floyd et même Nirvana. C’est comme ça que je me suis mis à chanter. Puis, j’ai monté mon premier groupe lorsque j’étais en sixième et j’ai enregistré mon 1er album vers l’âge de 13 ans.
2. Comment as-tu rencontré Esben Valloen, le bassiste de ton groupe Reptile Youth ?
Vers l’âge de 20 ans, je suis allé à une soirée dans un squat et Esben faisait une performance électronique très bizarre. Il paraissait complètement hors de contrôle. Un an plus tard, on s’est retrouvé dans la même école d’art entrepreneurial. On était chacun membre d’un groupe de musique différent mais on a eu envie de faire quelque chose ensemble on a donc créé notre groupe « Reptile & Retard », en 2009.
Au début, on faisait exclusivement de la musique électro avec des ordinateurs et des synthétiseurs. Et puis, on a voulu que notre musique s’apaise, corresponde davantage à l’image qu’on se faisait d’un groupe. On a alors changé de nom qui est devenu « Reptile Youth ».  Ce nom renvoie au fait d’être jeune, de manquer d’expérience, de ne pas savoir ce que le monde nous réserve.
©Peter Kaaden

3. Que raconte le dernier album du groupe, Rivers that run for a sea that is gone ?
Il parle du fossé entre la jeunesse et le monde des adultes. Quand nos parents avaient 17 ans, en un an environ ils entraient dans l’âge adulte. Alors qu’aujourd’hui pendant une vingtaine d’années nous sommes à la fois enfant et adulte. C’est une phase bizarre pendant laquelle tu dois faire attention à ton argent, contrôler ta vie mais en même temps tu as envie de te laisser aller, de t’amuser et d’être encore un enfant et de tout envoyer balader. On s’est donc inspiré de nos propres vies pour créer cet album.
©Peter Kaaden
4. Pour cet album, on a l’impression qu’Esben et toi avez eu envie de rassembler de nombreux artistes issus de milieux différents, était-ce volontaire ?
On est habitué à cette façon de travailler car pour notre précédent album, on avait déjà collaboré avec 11 réalisateurs internationaux qui avaient réalisé chacun un vidéo clip de nos chansons.
Pour cet album, Esben et moi on a écrit les chansons de l’album avec Soren Christensen, un ami à nous. Esben et moi on est très différent et Soren constitue un bon mélange de nos deux personnalités. Pour l’enregistrement on a invité trois amis membres du groupe Broke qui ont déjà joué avec nous sur scène : Mads Bergland à la guitare, Simon Littaur au synthétiseur, Rasmus à la batterie.
L’objectif était de créer un album électro « old school » en travaillant avec du vieux matériel et des machines très modernes. On a d’ailleurs eu beaucoup de problèmes techniques à cause de ça.
On a aussi travaillé avec le photographe sud africain Roger Ballen. Esben et moi étions fans de son travail, c’est une légende. Il a fait beaucoup de documentaires sur son pays. La plupart du temps ses photos sont très noires, mystérieuses mais aussi enfantines et remplies d’humour et d’optimisme. On a pensé que cette atmosphère reflète bien notre album.

5. Quelle a été ta source d’inspiration pour écrire le premier single de l’album, JJ ?
JJ est un fan du groupe qui fume de l’héroïne depuis une vingtaine d’années. Il s’appelle Jens Jørgen mais tout le monde l’appelle JJ. Il a commencé à m’écrire des e-mails que j’adorais car ils étaient enfantins, il écrivait ce qui lui traversait l’esprit, sans trop réfléchir. On s’est ainsi mis à discuter par e-mails. Il m’expliquait qu’il essayait d’arrêter de se droguer. Je lui ai alors dit que s’il y arrivait, je lui écrirais une chanson. Au final, j’ai composé 5 différentes versions de cette chanson car je lui devais une bonne chanson.

6. Le groupe est présent sur de nombreux réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram), tu fais partie de la génération ultra connectée ?
C’est super d’avoir des retours sur notre travail, d’avoir un moyen de communiquer avec nos fans grâce aux réseaux sociaux.  Néanmoins, j’ai une relation ambivalente avec Internet car j’aime les possibilités que ça me procure mais je suis conscient que ça peut devenir une drogue. Si je suis trop connecté, ça peut me rendre triste. Je ne saurai pas expliquer pourquoi mais il est évident que je suis juste plus à l’aise dans le monde réel. Une chose est certaine, ce groupe ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans Internet.

©Rasmus Weng Karlsen

7. Le 28 juin, Reptile Youth se produira au Nuba à Paris. Faut-il adapter ses concerts en fonction de la culture du pays dans laquelle on se produit ?
Tout à fait, en France et en Espagne le public est très énergique, en Angleterre, il y a un peu plus de retenu. J’ai hâte de voir comment les Français vont interagir avec nous le 28 juin, on s’est déjà produit 2 fois en France mais c’était pour faire des premières parties et les attentes du public ne sont pas les mêmes.

En ce moment Mads écoute
 Reptile Youth en concert
Samedi 28 juin - Nuba à Paris
Samedi 20 septembre -  Name Festival à Lille
Lundi 22 septembre - La Flèche d'or à Paris

Reptile Youth en ligne
©Rasmus Weng Karlsen

samedi 7 juin 2014

Dans les coulisses du label clermontois Freemount Records


Après avoir entassé beaucoup d’instruments chez eux, après avoir écouté des centaines et des centaines de chansons et après s’être certainement dit qu’il faut un peu d’audace pour réussir à concrétiser leurs rêves, Mike Chassaing et Adam Wood ont créé en 2013 le label Freemount Records, à Clermont-Ferrand. Leur métier : confectionner un objet déjà mort pour certain… A quoi sert un label pour un artiste ? Comment les labels choisissent-ils les artistes qu’ils souhaitent produire ? Comment les professionnels de la musique voient-ils l’avenir du secteur ? Mike décrypte son métier en nous ouvrant les portes de Freemount Records qui fête son premier anniversaire.


Mike Chassaing
Comment est né le label Freemount Records ?
Il a été créé en avril 2013 par Adam Wood  et moi (Mike Chassaing). Nous avons eu cette idée car l’artiste fer de lance du label, Adam Wood, avait besoin d’une structure pour sortir ses disques. Au lieu de passer un temps fou à chercher une maison de disques, on a décidé d’en créer une. Et du coup, par la même occasion, nous avons ajouté d’autres artistes au catalogue, des projets qui nous tiennent à cœur et qu’on a envie de défendre. Adam Wood s'occupe de la production artistique et je m’occupe de la production exécutive du label.

Pourquoi avoir choisi d'installer le label à Clermont-Ferrand ? Cela n'aurait-il pas été plus stratégique d'être à Paris ?
Etant originaire tous les deux d’Auvergne, il nous semblait plus opportun de baser le label à Clermont-Ferrand, notre réseau et nos partenaires étaient déjà sur place. Avec les technologies d’aujourd’hui on peut très bien travailler en province et quand nous avons besoin, nous nous rendons à Paris.

Comment Freemount Records se différencie-t-il des autres labels ?
Nous avons fait le choix de sortir tous les projets du label en K7, cela va être le fil conducteur, notre marque de fabrique en quelque sorte. Nous sortirons aussi des vinyles et des CD, voire même des supports encore plus oubliés que la K7.
Adam Wood
Ce choix peut être surprenant, la vente de vinyles est certes en croissance continue depuis 5 ans environ mais elle reste dans des proportions faibles et concernant les K7, tous les foyers ne sont plus toujours équipés de lecteurs de K7. Vous pariez sur la génération Y qui a envie d’un retour aux sources ?
Oui bien sûr mais pas que, il y a aussi les plus anciens qui ont conservé leur lecteur K7 et leurs platines vinyles. Un bon nombre de personnes achètent aussi des vinyles pour les accrocher au mur ou décorer leur étagère Ikea, ils se servent du code de téléchargement inclus pour écouter la musique. La K7 c’est aussi ça, le plaisir d’avoir un support (redevenu) original et si on n’a pas le lecteur à la maison ou dans la voiture on télécharge la version numérique. Tous les vinyles et les K7 que nous allons sortir auront un code de téléchargement.

A quoi sert un label pour un artiste ?
Le label permet de produire ses disques, les fabriquer, les distribuer et d’en faire la promotion. Le travail du label rentre dans la dynamique de développement de la carrière de l’artiste ou du groupe.

Comment choisissez-vous les artistes qui travaillent avec Freemount Records ?
Nous fonctionnons au coup de cœur bien sûr, mais nous parions aussi sur un certain potentiel de développement et par conséquent de ventes de disques.

©Freemount Records
Comment voyez-vous l'avenir de la musique ?
Nous voyons dans l’avenir de la musique surtout chez les labels indépendants, un fort retour du support, c’est d’ailleurs pour ça que nous nous positionnons sur la K7 qui est un support qui redevient tendance, mais nous ne sommes pas les premiers sur ce coup-là...

Selon nous, le crowdfunding va bientôt être incontournable. N’oublions pas que son ancêtre est la souscription. Nous avons d’ailleurs réussi à collecter sur Ulule 3000€ pour financer le prochain disque d’Adam Wood. Et en ce qui concerne le téléchargement illégal, je l’assimile aux K7 vierges qu’on s’échangeait quand on était gosse, on faisait des copies autant qu’on pouvait, la musique circulait de cette manière. C’est un mal pour un bien, les « kids » n’ont pas plus d'argent que nous à l’époque, si le téléchargement illégal leur permet de se cultiver musicalement, qu’ils le fassent. Je considère qu’une personne peut télécharger illégalement ou écouter en streaming pour se faire une idée, si le son lui plait il achète le support.

Le festival Europavox s’installe à Clermont-Ferrand du 5 au 7 juin, quel concert ne faut-il pas louper ? 
Girls In Hawaii

Les festivals de musiques servent-ils aux labels pour repérer de nouveaux artistes à produire ?
Oui bien sûr ! Le Printemps de Bourges est un bel exemple avec entre autres Les Inouïs. Ce genre de festival permet aussi de trouver des partenaires pour un label.

Quel est votre coup de cœur musical du moment ?
Sans hésitation Brace ! Brace !, première sortie de Freemount Records !

©Freemount Records

Freemount Records en ligne :
E-mail : contact@freemountrecords.com