Camille Green est une consultante en communication qui, en parallèle à ses études, a travaillé pendant 2 ans, en tant que correspondante, dans un journal quotidien régional.
Désormais salariée dans une agence de communication parisienne, à 36 ans, elle s'intéresse toujours au journalisme et en particulier à la musique, tout en gardant un œil attentif sur la mode et le monde artistique !
camillegreeniswalkingwith@gmail.com
Jamaican Soul, Rythm & Blues, Shaolin Soul, NuSoul et Hip-Hop… les
influences du nouvel EP « Dont’ blame the hammer » de John Milk sont
nombreuses pour le plus grand plaisir de nos oreilles. Derrière les musiques de
l’artiste dont les sonorités rappellent la pop anglaise, il est difficile de
deviner que John est un producteur et compositeur français. Avec brio, il
réussit à créer des musiques qui le distinguent, tout en ayant un son en perpétuelle
évolution... Cet EP de 6 titres est à écouter de toute urgence.
Selfie John Milk
Comment as-tu fait tes premiers pas dans la musique ?
Tardivement, à l’âge de 17 ans. Mon petit frère avait acheté
une guitare pour apprendre la guitare classique et j’ai commencé par reprendre
des morceaux simples grâce aux tablatures, à chanter des morceaux de Ben Harper
dont le « Live from Mars » m’avait beaucoup parlé à l’époque. Une
démarche d’autodidacte. Il n’y a pas de musiciens dans notre famille. Je n’ai
donc pas de formation académique.
Cela a toujours été une évidence pour toi de chanter en
anglais ?
Oui le chant en anglais ouvre des portes à un auditoire plus
large. La puissance de cette langue dans sa concision également est un vrai
bonheur lorsqu’il s’agit d’exprimer des sentiments en peu de mots. Mon
éducation et la musique qu’on écoutait à la maison ont également joué un rôle
clé dans cette orientation. Mon père écoutait beaucoup de musique
nord-américaine et anglaise, du blues, du rock et de la folk principalement.
Très peu de disques de musique française tournaient à la maison.
Que raconte ton EP "Don't Blame The Hammer"?
Je suis heureux qu’on me pose cette question :) Il raconte
l’ère du digital. Ce n’est peut-être pas évident à première vue, mais
« Don’t blame the Hammer » et « Offline Love » sont
inspirés du monde connecté dans lequel nous vivons. A force d’entendre que les
effets néfastes d’Internet sur nos vies sont la faute des réseaux sociaux, je
me suis dis : ok, mais en fait ces réseaux ce sont des outils. C’est ce que
nous en faisons qui les rend bons ou mauvais. Alors ne blâme pas l’outil mais
réfléchi à ce que tu fais avec. Car ces réseaux ou le progrès technologique en
général ont des tas de côtés très positifs. C’est donc à mon humble échelle une
chanson de prise de conscience. « Offline Love » a un message plus
direct : arrête de mater ton téléphone quand tu es entouré des gens que tu
aimes (et des autres aussi). L’amour se trouve en mode avion chez moi.
Avec qui as-tu collaboré pour le faire ?
Les titres originaux ont été fait par mes soins 100%
dans mon studio. Les remixes sont réalisés par deux producteurs avec qui j’ai
déjà eu la chance de collaborer. Blanka qui gravite dans le milieu du hip-hop
et masterise souvent mes morceaux. Il a une très belle oreille et une super
sensibilité aux musiques noires qui m’inspirent. Bruno Patchworks pour le
second remix pour qui je chante parfois. Qui a été mon professeur en quelques
sortes pendant mes premières années en tant que producteur et qui a également rejoint
mon groupe pour la tournée de 2015 sur l’album « Treat Me Right ».
Des gens bien en somme.
Après un 1er album de Soul classique puis un album de
R&B "Paris Show Some Love", quelles sont les influences de
cet EP ?
J’aime à penser que ce nouvel EP est une synthèse des
deux premiers albums. Mes influences pour cet EP : Al Green, Durand Jones, Van
Morrison, Neil Young, Shuggie Otis, Childish Gambino.
Tu expliques faire de la contrainte technologique et de
moyens limités une force, un vecteur de créativité et d’identité. Est-ce
qu'avec plus de moyens ta musique serait différente ?
Avec plus de moyens ma musique serait certainement
différente et surement moins personnelle. Je pense que les gens cherchent de la
musique qui leur parle. Et pour que ça nous parle, on a besoin de ressentir
l’humanité derrière la production. Selon moi cette humanité réside dans un son
parfois imparfait, parfois hors des codes dont se dégage de l’authentique.
C’est comme pour tout : une équipe de foot avec que des stars, une femme toute
refaite, une déco d’appart comme dans un magazine déco. Sur le papier c’est
censé être le top mais en vrai ça ne marche pas forcément. Ce n’est donc pas
mon rêve de bosser un album dans un grand studio connu. Je me sentirais
dépossédé de ce qui fait mon son.
Que raconte la vidéo "Don't blame the hammer"?
Pourquoi avoir décidé de la réaliser ?
Elle raconte au premier degré l’histoire du marteau qui est
mal utilisé. Elle raconte la schizophrénie. Un personnage renverse un mec, des
ponts et chaussés, décide de l’achever plutôt que de l’aider. Dans sa fuite il
est poursuivi par la police mais également par son ombre. Cette ombre prenant
finalement la place de notre homme qui se retrouve alors bloqué dans une boucle
sans fin. J’ai décidé de participer à la réalisation du clip car la vidéo est
mon métier en parallèle de la musique.
Tes confinements ont-ils été créatifs ou cela a été un
moment de pause pour toi ?
Oui super créatifs. Il faut savoir qu’un producteur
n’est pas étranger au concept de tanière et d'hibernation. Prendre du temps
hors du temps c’est un must pour composer et produire même si ça ne rapporte
pas d’argent pour vivre.
Tu es plus addict à Instagram, TikTok ou Facebook ?
Instagram. Je me dis souvent que c’est débile de l’ouvrir
juste par réflexe. Encore une fois tout est une question de dosage.
Bénédicte
Schmitt c’est une artiste touche à tout, un électron libre de l’industrie musicale,
fasciné par le son. Elle produit, enregistre, mixe et réalise des podcasts « En
sac à dos » avec une touche bien à elle. Ces podcasts constituent un vrai
voyage avec les personnes qu’elle rencontre, une immersion au cœur de la
musique, dans les coulisses des concerts, au plus près des palpitations du cœur
des artistes.
Quel est ton
parcours, comment es-tu devenue ingénieure du son, réalisatrice artistique ?
Je suis devenue
Ingénieure du son et réalisatrice artistique en fabriquant une guitare en
carton. Mais c’était l’électricité qui m’intéressait.
Comment marche
le son ? Je le découvre en s’amusant à enregistrer sur une K7, puis je découpe
des bouts de bande. Le son devient alors l’outil pour exprimer mon imaginaire,
j’ai 12 ans.
Côté
scolaire c’est totalement atypique, un bac A1, un passage éclair en histoire de
l’art, une mise à niveau BEP d’électrotechnique et un BTS de Régie Son. Et
arrivent mes premières expériences professionnelles théâtres, salles de
concert, festivals, même le Parc Astérix avec une saison technicienne de Mehnir
Fm la radio qui barde. Puis la rencontre avec Dominique Blanc-Francard et je me
retrouve embarquée dans l’aventure des Studios Labomatic, fondés par Dominique
et ses fils Hubert BoomBass et Mathieu Sinclair. Aujourd’hui je co-pilote avec
Dominique, les Labomatic Studios, nous ne nous sommes plus quittés, passion du
son partagée, 25 années qui filent, enregistrer, mixer, découvrir, guider,
construire, rêver, casser les codes, innover, « Etre au service de la musique /
hors cadre ».
Quel
est le concept d'"en sac à dos" ?
"En
Sac à Dos" c'est une immersion entre et hors les murs d'un lieu, un son en
360°, entre 2 oreilles, vivant, la bande son d'un film sans images. C’est une
série de podcasts que je produis j’ai toutes les casquettes, enregistrement,
mixage et réalisation. Au fil de mes escapade je propose à des artistes de la
scène actuelle des cartes postales sonores, je les suis sur une journée
de concert, de leur arrivée à leur départ, une journée de sons.
Tout
y passe, les portes, les balances, les rires, les couloirs, les doutes, le
concert en coulisse et dans la salle. Permettre à l’auditeur d’entendre un rêve
éveillé, avec les aspérités des salles, des enregistrements nomades libres et
fulgurants. La technique et ses progrès m’ont bien aidé, j’ai toujours été en
quête de nouveaux terrains de jeux et un peu geek aussi. Avant il fallait un
camion, un studio mobile pour enregistrer des lives, seuls les artistes
importants pouvaient le faire à cause du coût faramineux ! Aujourd’hui tu peux
enregistrer un concert avec un laptop, un cable éthernet et des enregistreurs
pour les ambiances, même un smartphone ça marche. Du coup, pour me dégourdir
les jambes entre 2 albums j’ai commencé à faire des enregistrements nomades,
puis des soirées notamment beaucoup de Fêtes Souterraines, j’ai vraiment pris
goût à la liberté que cela m’apportait. Le concept a évolué, StudioSacàDos est
né.
Puis
le 1 er confinement est tombé. Je me suis retrouvée sur ma planche à mixer à
Trouville, un jour je vois passer le Printemps de Bourges imaginaire, j’avais
fait un StudioSacàDos sur les Inouies en 2018, je regarde la liste des artistes
qui auraient dû y jouer et je réalise que je les ai quasiment tou.te.s dans mes
8 to d’archives sonores de mes escapades. J’ai proposé à Rebecca Manzoni de
faire la voix de ce Voyage imaginaire, au printemps de Bourges, j’ai écrit
le scénario, sorti mes grands ciseaux et après 3 jours et 3 nuits le voyage
était en ligne.
La
fibre journalistique fraternel résonne en moi depuis la disparition brutale et
tragique de mon petit frère le 3 juin 2020, aujourd’hui j’écris et je scénarise
mes EnSacàDos, ma collaboration avec la dream team de Louie Média
m’apporte aussi énormément de connaissances sur le monde du Podcast.
Selfie B.Schmitt
Actuellement,
les podcasts se multiplient et sont très tendance, est-ce que cela t'a fait
peur de lancer un enième podcast ?
Pas
du tout, Podcast est devenu un terme générique, fourre-tout un peu comme un sac
à dos ahaha ! Plus sérieusement, il n’y a quasiment pas de podcast sur la
musique, En SacàDos est un objet sonore non identifié, proposer un podcast hors
format, original, est un atout, il sera plus visible dans cette masse, un peu
comme un mouton multicolore dans un troupeau de moutons blanc. La difficulté
est de le rendre audible au plus grand nombre d’auditeurs. La multiplication
est dans tous les domaines aujourd’hui et celui n’empêche pas d’avoir des
projets émergeants et de qualité.
"En
sac à dos" pourrait parfaitement se décliner en émission télé, y as-tu déjà
pensé ?
Ah
non surtout pas, l’image tue l’imaginaire, le son laisse la place au rêve,
c’est un film sans image. Une écoute d’En Sac au casque est un voyage,
chaque auditeur peut y voir des images différentes, de même chaque écoute est
différente. L’image fige, enferme le spectateur dans une boite, sa télé. En
plus je réalise mes EnSacàDos seule, en field recording, multi-zoom, ce qui me
permet d’être au plus près des artistes, pas sûre qu’ils acceptent une équipe
avec 3 à 4 camera !
Avec
quel matériel "pars-tu en sac à dos" ?
Il
vient de Londres, c’est un cadeau de mon frère Olivier Schmitt journaliste et
étoile filante de l’underground. Il est en toile de jute bleu et beige, le dos
est renforcé, ses sangles sont en cuirs. Il a une petite poche intérieure pour
y glisser un laptop et une extérieure pour mes affaires personnelles. Je le
garnie de petites trousses Pijama dans lesquelles je range mon matériel par
famille, c’est assez militaire comme organisation.
J’adapte
mon packtage sur chaque EnSacàDos, des enregistreurs Zoom, j’ai une sacré
collection, H1, F1, H8, F8, QN2, des micro XY, MS un illustre PCM D1 Sony mon
premier enregistreur qui a fait ses classes avec Camille à l’église Saint
Eustache en 2005. J’ai un fabuleux micro ambisonique Sennheiser qui prend le
son en 360 degrés, un casque avec des micro sur les écouteurs, des batteries
pour éviter les piles, pleins de petits accessoires pour accrocher mes
enregistreurs. Après ce sont des outils, ce qui est le plus important c’est
l’expérience, la rapidité, être au bon endroit au bon moment, prendre des notes...
Construire ton scénario sur le fil d’une journée, savoir s’effacer quand il le
faut sans effacer le son pour autant…
Quel
"en sac à dos" t'a le plus marqué ?
Aucun,
ils sont tous différents, chaque EnSacDos est un kiff une expérience faite de
rencontres, de découvertes et d’émotions aussi. Il y en a un fort en émotions,
Ian Caulfield & Friends au FGO, il m’aura fallu cette date pour réaliser la
douleur des musicien.ne.s de ne plus pouvoir jouer ensemble devant un public,
la joie du public d’écouter de la musique dans une salle, et à quel point cela
m’a manqué de ne plus pouvoir me glisser en coulisse, enregistrer ces moments
de vie. Depuis le 8 juin 2021, j’avoue une boulimie de EnSacàDos, ça m’a aussi
poussé à lancer officiellement la série, à travailler avec Mélissa Phulpin, à
démarcher les plateformes, répondre à des itv comme la tienne.
Tu
es adepte d'évasions en sac à dos ?
Oui
c’est addictif, un de mes rêves faire le festival Iceland AirWaves festival à
Reykjavik, mais aussi un Music tour bus, ou encore enregistrer un album en
pleine forêt. Tout est possible avec ce StudioSacàDos, enregistrer hors les murs
d’un studio, puis passer des heures à découper, mixer, réaliser raconter une
histoire avec ces sons dans les murs de mon studio.
Qui
rêverais-tu de suivre "en sac à dos" ?
C’est
le projet, le contenu qui guide mes envies pas une personne. C’est comme un
album, tu peux avoir envie de travailler avec un artiste sur un projet, mais
pas sur le suivant. Comme je te le disais ci-dessus, enregistrer un album au
cours d’un voyage, au fil des rencontres, et faire d’un EnSacàDos 2 formats,
l’album et le documentaire sonore qui l’accompagne, traduire en son le
processus de création et surtout sans image ! $
Quels
sont tes projets ?
Le
prochaine EnSacàDos mise en ligne est avec Stephan Eicher à Engelberg, pour les
30 ans de son album Engelberg, je suis en train de le finaliser. Mardi je serai
avec Barbara Carlotti à la Cigale, y’a aussi les soirées A définir dans un
futur proche, à la Boule Noire puis Magenta à L’Olympia. En 2022, je retourne
au Festival Variations à Nantes, je continue les soirées Souffle Collectif au
Consulat. Y’a le Festival des 36 heures de Saint Eustache qui pointe son nez
aussi.
En
parallèle j’ai une belle activité au Labomatic avec des enregistrements, des
mixages et des réalisations. Les Résistances Poétiques de Cyril Dion et
Sébastien Hoog, un album avec la magnifique Ingrid Caven, la réalisation d’une
série de podcast pour Louie Média où je compose également la musique. En bonus
il faut que je trouve le temps de prendre la mer avec mon Stellar Waveski
pourquoi pas avec mon StudioSacàDos enregistrer le silence et les sons qui
glissent sur l’eau.
Quel
titre tourne en boucle chez toi en ce moment ?
Le
dernier album de Parcel et d’Efterklang et fip tous les matins dans ma salle de
bain.
Anthony Lazaro fait partie de ces artistes boulimiques, capables de sortir deux albums et deux EP en plein confinement (2020/2021). En cette fin d’année, l’artiste italien reste inarrêtable, il sort en octobre 2021 un « mini-album » intitulé « Midnight Pilots ». Une version portugaise de sa chanson cocooning « Life Could Be So Simple » verra bientôt le jour et il travaille à de nouvelles versions de ses chansons en hindi, français et même en coréen ! En décembre, vous entendrez de nouveau parler de lui puisqu’il sortira un nouvel EP "secret" en collaboration avec l’artiste Sarah Kang. Impossible d'arrêter Anthony Lazaro dans son process créatif...
Comment as-tu fait tes premiers pas dans la musique ?
Par un heureux accident : j'ai toujours été passionné de musique mais pendant des années, je n'ai même pas osé apprendre la guitare. Puis, un jour, presque par plaisanterie, j'ai décidé de prendre ma première leçon de guitare : après une heure, et après avoir appris à jouer C, G et Am sur ma guitare, j'avais écrit ma première chanson. Je n'ai jamais arrêté après ça.
Tu es un auteur-compositeur-interprète italien, tu vis à Hambourg, tu chantes en anglais… Tu peux trouver ta place n'importe où ?
Je pense que je suis amoureux de cette idée d'être toujours un peu sans racine. J'adore voyager et j'ai une profonde curiosité pour les langues et les autres cultures. Parfois je me dis que j'aimerais essayer de vivre en Asie pendant quelques années. Parfois, je rêve de m'installer aux États-Unis pour un certain temps. J'aime laisser ouvertes toutes les possibilités, musicalement, linguistiquement et géographiquement.
En 2020/2021, tu as sorti deux albums et deux EP. Peut-on dire que tu es en pleine effervescence créative ?
Je dois admettre que j'ai des rythmes créatifs assez intenses. J'essaie de créer tous les jours puis je retravaille cette création un jour, une semaine, parfois des mois plus tard, pour rouvrir les meilleures et les terminer. J'ai plus de 40 chansons inédites, donc celles que vous trouvez sur Spotify ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Je suppose que la surmultiplication créative est une chose permanente.
De quoi parle ton prochain album « Midnight Pilots » qui sortira en octobre ?
Ce mini album "Midnight Pilots" comprendra les titres Moody Wind, Small Rainbows, 300 Mornings, Until You Find et Mille Incendi. Et, bien sûr, Midnight Pilots, une chanson qui m'enthousiasme beaucoup : presque comme un mariage entre Fly With Me et The Silent Patient. J'ai hâte de la partager avec le monde entier.
Avez qui as-tu travaillé pour réaliser cet album ?
Comme presque toutes mes chansons, il a été coproduit et mixé par l'immensément talentueux Danny Humming, mon complice dans tous mes projets musicaux. Mais on retrouve également, en tant que co-vocaliste, la divine Marle Thomson, sur Until You Find.
De quoi parle la chanson "Something new" ?
On a parfois l'impression de ne faire que répéter des mots qui ont déjà été dits un million de fois, cela arrive en amour mais aussi en chanson. Vous aimeriez sortir quelque chose d'unique et de révolutionnaire pour exprimer la profondeur de vos sentiments. Ou, au moins, rester loin de quelque chose qui ressemble à un cliché ou à une réplique de film. On décide d'essayer quelque chose de nouveau, au lieu de dire : _ ____ ___.
Tu as sorti
une première chanson en espagnol, "Gravedad". Pourquoi avoir choisi
cette langue ? Tu pourrais chanter dans n'importe quelle langue ?
Je me suis
toujours demandé comment mes chansons sonneraient dans différentes langues.
L'espagnol est un choix naturel, car il est très proche de l'italien, et j'ai
beaucoup de personnes qui écoutent mes chansons au Mexique, en Argentine, au Chili,
alors j'ai décidé de faire un essai. Mais ce n'est qu'un début : une version
portugaise de Life Could Be So Simple va bientôt sortir, et je travaille à des
versions de mes chansons en hindi, en français et en coréen !
Tu es plus addict à TikTok, Instagram, YouTube, Facebook ou Twitter ?
Ahah, je ne sais pas si je peux me considérer comme accro. Je passe beaucoup de temps à répondre aux commentaires et aux messages sur Instagram et YouTube, ça c'est sûr ! Parfois, cela peut prendre 2 heures de la journée ! Avec TikTok, je suis encore en train de me familiariser : cela prend du temps. Je me considère comme l'un des pires TikTokkers de tous les temps :D
Avec qui rêverais-tu de collaborer ?
Il y a tellement d'artistes avec lesquels j'aimerais travailler ! Toutes les collaborations que j'ai faites ont été une expérience incroyable et m'ont beaucoup appris. En décembre, un nouvel EP "secret" sortira, avec Sarah Kang, et j'en suis très excité : c'est une collaboration de rêve pour moi, car je suis une fan de la musique de Sarah et c'est un privilège de pouvoir coécrire et coproduire avec elle. J'ai d'autres artistes dans mon radar avec lesquels j'aimerais essayer de travailler en 2022 !
Quelle chanson écoutes-tu en ce moment ?
Plutôt que d'écouter la même vieille chanson tous les jours, j'essaie de changer un peu, de trouver de nouvelles chansons que j'aime, de les envoyer dans ma liste de lecture des meilleures chansons, d'aller me plonger dans leurs eaux familières, puis de sortir et d'explorer à nouveau pour trouver de nouveaux trésors pour ma collection.
Tenez-vous prêt, le 15
septembre 2021 les Dragon Rapide sortent leur nouvel album intitulé
« Mumbo Jumbo ». Le groupe de Clermont-Ferrand nous emmène dans un
voyage vers les années 1990 avec au programme une traversée dans leurs
déceptions sentimentales, dans la conquête spatiale, des clins d’œil à des
films et séries et même à leur animal de compagnie. Amusement garanti.
Comment
avez-vous fait vos 1ers pas dans la musique ? Comment vous êtes-vous rencontrés
?
On
a tous commencé à vraiment s'intéresser à la musique en écoutant du rock indé
dans les années 1990. Et on a essayé de faire pareil en apprenant tout seuls.
Les premiers groupes, les premiers concerts, ça a été au début des années 2000,
on s'est rencontrés comme ça. A Clermont-Ferrand, la musique c'est un petit
milieu, tout le monde finit par jouer ensemble à un moment ou à un autre !
D'où vient
le nom Dragon Rapide ?
C'est un
avion anglais de la deuxième guerre mondiale, classe, belle ligne. On a choisi
ça parce que je (Sylvain) suis fan de tout ce qui touche à l'aviation. Et puis
le nom est cool.
De qui
vous êtes-vous entourés pour faire ce 2e album "Mumbo Jumbo" qui sortira le 15 septembre ?
L'album
a été enregistré et mixé par Olivier Perez, un bon pote dont on adore le groupe
(Garciaphone).
Il avait déjà mixé notre premier disque ('See the Big Picture', en 2018) mais
avec des prises qu'il n'avait pas faites. Pour celui-ci on s'est dit qu'on
allait lui laisser gérer l'ensemble. On a fait ça de manière assez simple, avec
peu de matériel et pas dans un studio 'pro', ça donne au truc l'esprit DIY
qu'on voulait.
Que
raconte-t-il ?
En fonction des
chansons, l’album fait référence à pas mal de choses différentes : déceptions
sentimentales, des films ou séries qu'on a vus, la conquête spatiale, un animal
de compagnie disparu, etc.
Que
raconte « Full Moon », le premier single de l'album ?
C'est
la suite de la chanson 'Odyssey', qui était sur notre premier disque. Ça évoque
le voyage du vaisseau de la mission Apollo XIII vers la lune. Il y aura une
suite sur un prochain album : ceux qui connaissent l'histoire pourront en
conclure que le morceau sera certainement moins enjoué.
Quelle est
la chanson de cet album dont vous êtes le plus fier ?
Hé, c'est un
peu dur de choisir, ça dépend des jours. Le fait de les jouer en concert va
surement faire évoluer le classement.
Quels sont
vos projets ?
Jouer le plus
possible, partout. Tu as des plans ? Et puis commencer un troisième album,
celui-là a pris plus de temps que prévu à cause du covid.
Quelle est
la chanson de votre été ?
Alors moi
j'ai écouté en boucle 'Trevor Philippe' de Johnny Mafia. C'est un groupe de
Sens, en plein dans la diagonale du vide, un peu comme nous. Super clip.
Vous êtes
plus addict à Instagram, TikTok ou Snapchat ?
On utilise un
peu Instagram, on est trop vieux pour les autres trucs.
Auteur, compositeur, producteur… Thoj touche à tout dans la musique et excelle particulièrement dans la case electro-pop. Il suffit de quelques notes pour se laisser emporter par les compositions de ce trentenaire qui a fait ses premières gammes à l’âge de 4 ans, au conservatoire, avec un saxophone entre les mains. L’artiste qui, il n’y a pas si longtemps réalisait ses clips lui-même avec son téléphone portable, vient de signer dans une prestigieuse maison de disque, Universal Music, qui devrait lui assurer un tremplin en termes de visibilité auprès du grand public. En pleine saison estivale, le DJ se produit sur scène en faisant notamment la première partie du très talentueux Ben Mazué, au Théâtre de Verdure, à Nice, le 8 août. Une nouveauté est aussi en préparation, un morceau en featuring avec Otta. Il faudra croiser la route de Thoj cet été…
Comment avez-vous fait vos premiers pas dans la musique ?
J'ai commencé la musique en faisant du saxophone au conservatoire à l'âge de 4 ans. J'ai été 12 ans au conservatoire où j'ai pu jouer du classique, du jazz et beaucoup de choses qui ont nourri ma passion pour la musique.
Quel a été votre parcours pour devenir DJ ?
Tout a commencé lorsque j'ai voulu composer ma propre musique il y a 4 ans. La musique que je faisais était dès mes débuts très électronique, ainsi les gens qui ont voulu me faire jouer dans des festivals m'ont tout de suite catégorisé comme DJ. J'ai dû apprendre à mixer en dernière minute lorsque mes premières dates sont tombées :).
Mais ce qui me plait le plus aujourd'hui c'est de jouer avec de vrais instruments sur scène pendant mes lives, et de proposer à des chanteurs d'interpréter mes morceaux avec moi sur scène quand c'est possible.
Que signifie votre nom de scène Thoj ?
Je l’ai depuis tout petit. Ma sœur s’appelle Julie et moi Thomas, donc en mixant nos deux prénoms ça donne Thoj. Ce pseudo m’a toujours accompagné pour tous mes projets artistiques, donc c’était une évidence pour moi de continuer à le porter aujourd’hui.
Vous êtes originaire de Nice. De nombreux artistes comme The Avener ou Feder sont originaires de la Côte d'Azur, la région est-elle particulièrement propice à l'exercice de la musique ?
C'est une question qu'on me pose souvent, et je ne sais pas vraiment pourquoi cette magnifique région fait naître beaucoup de projets artistiques, peut-être la beauté de la région qui nous inspire ?
Vous avez signé chez Universal Music au sein du label, Island Def Jam. Au quotidien, qu'est-ce que cela change pour vous ?
Cela change au niveau image et promotion, j'ai beaucoup plus de moyens pour réaliser mes clips vidéo (avant cela, je faisais tous mes clips moi-même à l'iPhone), et des attachés de presse sont sollicités pour promouvoir mon projet auprès des médias et des radios. Il y a également une nouvelle équipe avec qui nous travaillons, donc c'est de nouvelles rencontres, ce qui est toujours enrichissant pour développer un projet artistique.
Est-ce qu'un album est prévu prochainement ?
Je ne crois plus trop au concept d'album dans l'électronique aujourd'hui, j'aime l'idée de sortir titre par titre, mais je ne suis pas fermé à l'idée d'un mini album type EP s'il y a un concept derrière.
Comment est né votre dernier titre "Cold Hearted" en collaboration avec Otta ?
Il est le fruit d'une très belle rencontre amicale. Un ami très proche, Mark Weld, qui est auteur-compositeur, m'a fait écouter lors de notre première rencontre un morceau qu'il a fait avec un chanteur, Otta, et une chanteuse, Alma. Il s'agissait d'une maquette enregistrée à la va-vite, avec juste une guitare et la voix de Otta. Je suis tombé complètement amoureux du morceau et j'ai proposé d'en faire une version revisitée à ma sauce, une sorte de rework. C'est comme ça qu'est née cette collaboration avec Otta. Quand ma version est sortie, elle a tout de suite attiré l'œil de plusieurs majors, Warner Russie et Universal Music nous ont contactés pour signer le projet sur leur label.
Quel est le programme de votre été ?
Plusieurs concerts sont prévus cet été, notamment quelques Live avec Otta dont la première partie de Ben Mazué au Théâtre de Verdure à Nice le 8 août, ainsi que plusieurs DJ Set dans le Sud.
Nous avons profité de cette rencontre avec Otta pour cette fois composer ensemble, et mon prochain morceau sera un nouveau featuring avec Otta, que nous avons cette fois composé ensemble, avec l'aide de Mark Weld. Il sortira après l'été.
J'aimerais beaucoup collaborer avec des DJ comme Feder, DJ Snake ou encore des chanteurs comme Dennis Lloyd. Ce que j'aime chez ces artistes, c'est qu'ils ont un univers très marqué et reconnaissable qui m'inspire beaucoup. Dès la première note on les reconnait.
Quel est votre regard sur la carrière d'Avicii ?
Plus j'avance dans ce milieu et ce métier, plus je comprends le mal-être qu'un artiste peut ressentir, il faut être prêt à recevoir autant de lumière d'un coup, et la pression que cela engendre. Être artiste c'est souvent jongler entre la frustration de ne pas être dans la lumière et le choc qu'elle peut apporter. Il faut savoir gérer toutes ces émotions fortes. Ce que des carrières comme Avicii m'ont appris, c'est qu'il ne faut pas oublier que la musique est une passion pour moi et qu'il faut y prendre du plaisir.
Vous êtes plus addict à TikTok, Instagram, Snapchat ou Club House ?
Le réseau social TikTok dévoile les résultats de deux études* qui analysent son impact sur la scène musicale mondiale et la façon dont les utilisateurs interagissent avec la musique sur la plateforme. Les résultats montrent que TiKTok est un réseau sur lequel il faut désormais compter pour découvrir de nouveaux artistes.
1.Découvrir de nouvelles musiques
- 80 % des
personnes présentes sur TikTok affirment qu'il s'agit du premier réseau où découvrir de nouvelles chansons, bien avant toute autre plateforme digitale,
service de streaming ou même des recommandations d'amis. Et après avoir écouté une nouvelle
musique, près de la moitié des utilisateurs l'ajoutent à leur favoris (47
%), vont regarder le profil de l'artiste (46 %) et vont jusqu'à le suivre sur
TikTok (43 %).
2.Découvrir de nouveaux artistes
- 4 utilisateurs TikTok sur 10 affirment découvrir de nouveaux artistes
sur la plateforme. Pour les talents émergents, peu importe le style
musical, TikTok constitue une opportunité de faire connaître leur musique à
de nouvelles publics.
3.Re-découvrir de vieux classiques
- 4
utilisateurs sur 5 considèrent que les morceaux nostalgiques
améliorent et apportent davantage de valeur à leur expérience sur la plateforme.
TikTok a
ainsi permis de remettre au goût du jour d'anciens morceaux. Cela a notamment
été le cas avec la chanson « Dreams » de Fleetwood Mac, créée il y a plus de 43 ans, qui s'est hissée en deuxième position du
classement Top 100 du magazine Rolling Stone, après qu'un Américain, Nathan Apodaca, ait publié une vidéo devenue virale,
alors qu'il faisait du skateboard.
*Une étude qualitative menée en
collaboration avec PRS IN VIVO sur le second semestre 2020 et une étude
quantitative réalisée avec InSites Consulting, début
2021, auprès de 4 013 répondants situés en France, Royaume-Uni, Allemagne,
Italie et Espagne
Née
dans les années 1990,
biberonnée aux pop-stars d’MTV, MEY
fait partie de cette nouvelle génération d’artistes qui utilise
ses
créations pour nous pousser à nous remettre en question sur des
thèmes de société. Et
pour cause, la chanteuse
s’interroge et nous interroge sur la place de l’apparence dans la
vie des femmes, avec un très
beau premier
EP, au titre évocateur, « With the lights off » ( « avec les
lumières éteintes » ). L’omniprésence
de l’apparence, l’artiste peut en parler, car elle en a été
victime, allant jusqu’à se remaquiller 50 fois dans une même
journée. Les chansons
de MEY
voguent entre rage, colère, rêverie, rock, folk et hip-hop. Elles
sont intenses, tout comme l’artiste qui nous montre avec pugnacité sa volonté d’être
considérée et respectée en tant que femme. Discussion avec une
artiste engagée.
Comment
as-tu fait tes premiers pas dans la musique ?
J’ai
su que je voulais faire de la musique assez jeune, vers l’âge de
6/7 ans.
Mes
parents ne sont pas du tout musiciens, mais ma mère écoutait quand
même beaucoup de musique : Stevie Wonder, Enya, Mylène Farmer... J’ai
commencé à chanter comme ça, par dessus ses disques, et puis c’est
devenu une passion très rapidement. Dans
ma jeunesse, j’ai fait beaucoup de reprises. J’ai intégré des
groupes de cover et c’est ce qui m’a permis de faire mes
premières scènes.
En
parallèle, j’ai vécu une expérience difficile au cours de mon
adolescence : mon père a été accusé de viol et agressions
sexuelles, et a donc été incarcéré alors que j’avais 14 ans.
La
musique a été mon refuge pendant cette adolescence compliquée, à
la fois pour m’évader mais également comme exutoire de ma
souffrance et ma colère.
Que
raconte ton EP "With the lights off" ? De qui t'es-tu
entourée pour le faire ?
Cet
EP compte beaucoup pour moi. Il a été mon premier pas vers la
reconnaissance de ma vulnérabilité. Je l’ai voulu intime, très
personnel et sans concession.
Jusqu’en
2016, j’avais toujours été uniquement chanteuse et autrice dans
des groupes, ce qui est déjà beaucoup bien sûr, mais j’avais
besoin de faire mon chemin seule, d’être aux commandes, de ne pas
avoir à négocier quoi que ce soit concernant les choix artistiques.
Jusqu’à
présent, la composition, pour moi, c’était toujours en groupe, un
effort collaboratif, et la plupart du temps j’écrivais et chantais
sur des thèmes instrumentaux composés par d’autres personnes.
Cet
EP m’a donc permis de mieux me découvrir en tant que compositrice
et d’aller vers une atmosphère sonore bien à moi.
Pour
le faire, je me suis entourée de Julien Portmann, producteur son et
guitariste. Nos goûts sont différents mais se complètent
parfaitement, il apporte les influences trip-hop et grunge qu’on
peut ressentir sur l’EP. Mes influences à moi sont plus pop, rock
et néo métal.
Les
musiciens qui m’accompagnent sur scène ont également apporté
leur touche sur certains titres de l’EP : Fabien Louail (guitares,
basse), Florent Portmann (piano) et Valentin Provendier (batterie).
Pourquoi
avoir choisi de chanter en anglais ?
Le
choix de l’anglais s’est présenté à moi comme une évidence,
ayant toujours grandi en écoutant de la musique anglo saxonne, et
aussi parce que la langue anglaise en elle-même permet je trouve, de
dire les choses plus directement, sans détours.
La
chanson française a très peu fait partie de ma vie, que ce soit
jeune ou adolescente. J’ai quelques coups de coeur, mais c’est
quand même très rare ! (Rires)
Je
suis avant tout attirée par les musiques « alternatives »
ou « rock », qui sont reposent souvent davantage sur les
mélodies, l’énergie et la production, que sur les textes :
Muse, Florence and The Machine, Bjork, Radiohead, Korn, London
Grammar, Royal Blood, Glass Animals…
Mais
j’expérimente avec le français, petit à petit, et je compte bien
en intégrer quelques titres sur mes projets futurs. Je trouve
intéressant d’essayer de sortir davantage de mes influences pour
créer quelque chose dans un style qui me parle. C’est une vraie
prise de risque pour moi.
Que
raconte le titre « RESPECT »
? Peut-on dire que c'est un titre féministe ?
« RESPECT »
est un titre que j’ai écrit avec beaucoup de spontanéité et dans
lequel j’ai mis beaucoup de colère. Une colère que j’avais, je
pense, accumulée depuis l’adolescence.
Lorsqu’on
grandit en tant que femme dans la société qu’est la nôtre, on se
retrouve très souvent dans des situations choquantes, humiliantes,
sidérantes même. On intériorise tout ça, ne sachant pas forcément
comment réagir sur le coup, mais la colère reste là.
Je
pense que mon expérience dans le monde de la musique m’a obligée
à ouvrir les yeux sur le degré de misogynie de notre société.
D’abord,
parce que c’est un milieu très masculin : de toutes mes
expériences passées, j’ai souvent été la seule fille dans des
groupes d’hommes, au milieu de techniciens qui étaient aussi
toujours des hommes, et j’ai du soumettre mes titres à des
professionnels de la musique (labels, tourneurs) qui étaient eux
aussi uniquement des hommes. Il en a découlé toutes sortes de
débordements : remarques déplacées, attouchements, fixation
permanente sur mon physique, infantilisation, mépris de mes
capacités d’autrice / compositrice / interprète, etc.
C’est
en partie cette expérience qui m’a donné l’idée de faire des
concerts dans le noir, de mettre mon apparence au second plan dans ce
premier album, d’où le titre « With The Lights Off ».
Ma
relation avec mon père a aussi généré énormément
d’incompréhension et de colère chez moi : d’origine égyptienne,
sa culture est très patriarcale. Je l’ai toujours entendu me dire
qu’en Egypte les filles « appartenaient » à leur père,
jusqu’au jour de leur mariage, où là, elle « appartenaient »
à leur mari, et se devaient de le suivre partout, de lui obéir.
Pour
moi, le fil rouge de toutes ces expériences, c’est ce manque
absolu de respect de notre individualité, de notre libre arbitre en
tant que femmes.
Le
respect, la considération, c’est quelque chose qu’un jour, j’ai
vraiment eu besoin de réclamer. Et cette chanson, pour moi, c’est
ça.
Que
raconte le clip de ce titre ?
Le
clip s’est imposé à moi car à l’origine je ne comptais pas
clipper ce morceau. En septembre 2019, les collages ont démarré
dans Paris, et j’ai été scotchée par leur puissance. J’ai
trouvé qu’il y avait une rage commune entre ces messages et mon
titre « RESPECT ».
J’ai
donc monté moi même ces images sur ma musique, et j’ai envoyé la
vidéo à Marguerite Stern, l’initiatrice des collages, en lui
demandant si j’avais son accord pour la publication de cette
vidéo.
Elle
a accepté immédiatement, en me disant que ces collages nous
appartenaient à toutes.
Je
sais que c’est une personnalité controversée dans le milieu
féministe, mais quoi qu’il en soit, je trouve que c’est une
femme qui a beaucoup de courage, et qui a incontestablement eu une
idée de génie, qui j’en suis convaincue, fera date.
La
chanson "Spiky Love" dévoile ton côté sombre ?
En
fait, je crois que ma musique en général me permet d’exprimer les
aspects plus sombres de ma personnalité, et c’est ce qui
m’intéresse et ce que j’ai envie de creuser, en tous cas pour
l’instant.
Je
fais partie de ces gens qui ont presque trop bien intégré les
conventions sociales : la politesse, le fait de prendre sur soi, de
rester toujours souriant et d’intérioriser les choses... La
musique me permet d’exprimer cette autre facette de moi, et ces
sentiments plus sombres, qui ne font pas bonne figure en société,
et qui pourtant sont essentiels, et font partie de la vie.
« Spiky
Love » parle de la face destructrice du désir, et des pulsions
masochistes qui peuvent nous happer. C’est une chanson qui parle du
fait de se complaire dans une relation toxique, sans réussir à s’en
libérer.
Pourquoi
avoir décidé de faire des lives dans la quasi obscurité ?
Comme
je l’ai dit plus haut, j’ai beaucoup souffert de la misogynie
ambiante, dans ma vie personnelle et professionnelle, et ce depuis
mes premières scènes, à l’âge de 14/15 ans.
Ce
regard masculin obsédé par le physique, combiné avec l’obsession
de notre culture pour l’apparence des femmes : être mince, être
belle, être bien maquillée, bien coiffée, avoir de beaux
vêtements, être un objet de désir.
Toute
notre société nous éduque à être cela lorsqu’on est une femme,
et quand on fait de la scène, ces injonctions sont permanentes et
décuplées. On l’a encore vu récemment avec le scandale autour
des remarques sur l’apparence d’Hoshi. Je ne suis pas du tout
étonnée de ce débordement de la part de Fabien Lecoeuvre, car j’ai
grandi avec ce type de discours autour de moi en permanence, que ce
soit de la part des professionnels de la musique, des musiciens qui
travaillent autour de moi, ou même du public.
On
résume encore beaucoup trop les femmes à leur apparence, on leur
demande d’être belle et sexy (selon des critères masculins bien
sûr), sinon, elles n’ont pas de valeur.
J’ai
eu beaucoup de mal à gérer cette pression là. C’est devenu à un
moment de ma vie quelque chose de vraiment pathologique. Certains
boivent, fument, se droguent. Moi, je me remaquillais 50 fois dans
une même journée, je m’observais en permanence, je me détestais
physiquement. Quoi que je fasse, ce n’était jamais assez. Et
c’était vraiment une prison pour moi, parce que c’était
ambivalent : je m’efforçais de répondre à un standard de beauté
parce que j’avais la sensation que c’était la chose la plus
importante aux yeux de tous, et lorsque qu’on me complimentait sur
mon physique, je me sentais terriblement réduite à ça, méprisée,
vide.
Un
jour, j’ai pensé : « tout serait tellement plus simple, si
je pouvais juste être là, sur scène, faire ce que j’aime, sans
avoir à répondre en permanence à ces injonctions ». Alors, j’ai
eu l’idée des concerts dans le noir, et ça a été extrêmement
libérateur pour moi.
A
travers cette démarche, j’ai aussi envie de montrer aux jeunes
filles, qu’on peut être une femme et qu’on peut monter sur scène
sans avoir à forcément donner quelque chose à voir ou être un
objet de séduction.
Après,
je ne compte pas faire uniquement des lives dans le noir complet, ni
forcément rester « cachée » éternellement, mais je
pense que c’est quelque chose qui fait partie de moi et que j’y
reviendrai toujours à certains moments, quand le besoin s’en fera
sentir.
Tes
confinements ont-ils été créatifs ou au contraire ont suscité un
manque d'inspiration ?
Disons
qu’au moment du début du confinement, j’étais dans une phase de
création scénique : j’avais plusieurs résidences planifiées
dans l’année, je devais peaufiner mon live et faire un maximum de
dates courant 2020. Autant dire que ça a été bien compromis !
(Rires)
Du
coup j’ai profité de ce contexte pour sortir un peu de ma zone de
confort : j’ai fait mes premiers lives sur Instagram, pris du temps
pour me connecter davantage avec mon public via les réseaux
sociaux..
Mais
de façon générale, le confinement a été plutôt pénible pour
moi. J’ai tendance à être très obsessionnelle quand je crée, et
du coup c’est très important pour moi de m’aérer l’esprit, de
voir mes amis ou faire du sport pour compenser. J’ai eu quelques
moments de grosse angoisse du coup, des insomnies à répétition, je
pense comme beaucoup. Et puis, la musique et la scène étant mon
métier, ça a fait un très gros vide dans ma vie d’un seul coup,
avec beaucoup d’incertitudes sur l’avenir.
En
revanche, sur la plan de la consommation, j’ai trouvé ça plutôt
reposant : moins de tentations, aller davantage à l’essentiel, se
contenter de ce qu’on a, vivre plus simplement, c’était pas
mal.
Quels
sont tes projets ?
Déjà,
la sortie de mon premier album, qui est pour très bientôt. Ce
premier opus aura été très long à maturer et à produire, mais
j’en suis vraiment fière.
Par
ailleurs, ne veux pas trop en dire, mais je travaille depuis un
moment sur un autre projet qui me passionne et que j’ai hâte de
pouvoir partager.
Tu
es plus addict à Facebook, Twitter, Instagram, TikTok ou ClubHouse ?
Même
si les réseaux sociaux peuvent vraiment devenir toxiques et même si
je pense qu’il faut trouver un équilibre pour ne pas finir pas
vivre sa vie à travers un écran, c’est la plateforme qui m’a
permis de vraiment rencontrer mon public et je l’apprécie.
Je
trouve que c’est une plateforme un peu plus complète que les
autres, qui permet d’étayer un peu plus un propos. Et même si ça
reste du zapping pour beaucoup d’utilisateurs, on peut quand même
y mettre un peu de profondeur et de sens.
Avec
qui rêverais-tu de collaborer ?
Ça,
c’est une question difficile !
Je
pense qu’en réalité, je serai trop impressionnée pour collaborer
avec mes artistes favoris.
En
revanche, en terme de production, j’adorerais faire mixer mon album
par Spike Stent. (Massive Attack- Mezzanine, Coldplay - Ghost
Stories).
J’admire
énormément James Blake aussi, autant pour cette voix incroyable
qu’en tant que producteur. Il a vraiment un son unique.
Tu
écoutes quoi en ce moment ?
Ce
dernier mois, les nouveaux albums de Royal Blood (Typhoons) et LondonGrammar (Californian Soil) sont sortis, donc ces deux albums là
tournent beaucoup chez moi. En ce moment, j’écoute aussi beaucoup
Tool, et je découvre (enfin!) Gojira, avec leur dernier album
Fortitude.
Après plus d’1 an d’attente et de secrets, "We Are The People", l’hymne de l’UEFA EURO 2020 a été dévoilé... Le DJ Martin Garrix a commencé à travailler sur ce morceau il y a 3 ans et
rêvait de la voix de Bono. Lorsque ce rêve se réalise, Bono écrit
paroles et mélodies, The Edge ajoute les riffs de guitare, pour obtenir un tube
pop, aux accents rock et dance, qui rappelle l’univers de chacun de ces
artistes.
JOKO il faut d’abord l’écouter les feux fermés. Sa voix bluesy vous fait
voyager dans des contrées lointaines. Puis il faut s’intéresser à la personnalité
de cette jeune chanteuse strasbourgeoise qui a fait ses premiers pas d’artiste,
cachée : « J'écrivais des chansons en secret, je chantais en secret,
je m'inventais des noms de scène en secret » révèle-t-elle. Heureusement,
la chanteuse a osé sortir de son cocon et la voilà sur la scène électro
française, elle sortira d’ailleurs le 19 mai 2021 son nouvel EP "I've
never been good with words". En attendant, on peut découvrir un de ses
nouveaux titres « Mood » qui alterne entre élégance, douceur et poésie.
Selfie JOKO
Comment as-tu fait
tes premiers pas dans la musique ?
Mes deux parents sont
chanteurs d'opéra et j'ai été au conservatoire enfant mais en grandissant la
musique est devenue le secret le mieux gardé de France... j'étais très timide !
J'écrivais des chansons en secret, je chantais en secret, je m'inventais des noms
de scène en secret ! C'est vraiment avec JOKO que j'ai pu commencer à partager
mes chansons avec mon entourage, tout le monde était surpris !
Comment est né JOKO ? Que
signifie ce nom ?
JOKO c'est la contraction
de John (Lennon) et Yoko (Ono), c'est la rencontre entre moi et Arthur Vonfelt.
Elle a marqué mon début dans la musique et c'est un clin d'oeil à cette période
! Mais c'est un projet solo.
Que raconte ton nouveau titre « Mood » ?
Mood : je l'ai écrite
après une relation très toxique, on était à la cave avec mon producteur (Arthur
Vonfelt) et je n'étais pas au top...j'ai un rapport assez complexe avec la
musique, je me sens rarement à la hauteur, j'ai souvent peur d'échouer et donc
d'essayer. Cet après-midi là j'étais bloquée, en pleurs, je ne savais plus quoi
dire, je supportais plus ma voix, je me supportais plus. Arthur a commencé à
jouer de la guitare en boucle et m'a dit "allez maintenant chante, peu
importe quoi on s'en fout mais chante". Au bout d'un
long long silence et des larmes, ça a commencé à sortir et les paroles suivantes
: « I can't escape out of my head and I don't know how to behave the right way
». Et bizarrement c'est
un des morceaux qui me représente le plus, le fait de ne pas savoir comment se
comporter c'est l'histoire de ma vie, se sentir enfermée dans sa tête avec
comme barrières ses propres peurs et le refrain pour dire que je veux juste un
peu de paix, d'amour, de me ficher la paix, de m'accepter, c'est un peu un cri
de délivrance.
JOKO par Axelle Manfrini
Que va raconter ton nouvel EP "I've never been good with words" qui sortira le 19 mai 2021
? De qui t'es-tu entourée pour le faire ?
J'ai fait cet EP avec
le même producteur que le premier, Arthur Vonfelt. On l'a fait tous les deux,
dans notre ancien studio. Pour moi mon projet et tout particulièrement cet
EP là, je le vois comme un miroir, ce moment où tu scrutes ton reflet et où tu
vois tous tes défauts, tes cicatrices, ce que tu aimes, ce que tu ne supportes
pas, pas de filtres, juste ton reflet, ces moments où tu te regardes avec
honnêteté, sans fierté mal placée, sans le jugement des autres mais juste avec
le tien, peut-être le plus dur de tous. Je suis dans une période de ma vie où
je me rends compte que je ne suis pas la meilleure pour communiquer mes
émotions et que j'ai souvent peur d'exprimer mes limites en pensant que ça
donnera aux autres l'envie de partir. Du coup l'écriture de cet EP m'a permis
d'exprimer tout ce que j'avais retenu depuis pas mal d'années pour sauver la
face ! C’est ce que racontait déjà un peu « U GOT », ce qui nous rend
plus humain (real) ce sont aussi nos faiblesses, nos ratés, nos doutes. Le
héros parfait zéro défaut n'existe pas et quand je prétends l'être, c’est pour
cacher mon mal-être. Sur le premier EP je regardais les autres, sur le deuxième
j'ai retourné le miroir vers moi ! J'aimais l'idée d'avoir un long titre,
l'entassement de mots pour exprimer le fait qu'on ait du mal à s'exprimer !
Cette période de
confinement, couvre-feux, est-elle source de création ?
J'ai eu de la chance
car l'annonce de l'audition pour les Inouïs a engendré tout un tas de travail :
fallait monter un nouveau groupe, avec des nouveaux morceaux ! Je voulais
absolument retrouver quelque chose de plus organique, instrumental pour ce
nouveau live, donc j'ai monté un nouveau groupe avec guitare électrique,
saxophone et percussions ! Avec les répétitions, les résidences, le mois de
février a été carrément créatif !
Quels sont tes projets
?
Sortir des nouvelles
chansons tous les mois jusqu'en mai, mois de sortie de l'EP avec pleins de
surprises.
En janvier, tu as annoncé avoir été sélectionnés aux auditions des inouïs du Printemps de
Bourges. Où en est ce projet ?
Je passe les auditions
demain (ndrl : début mars) !
Tu es plus addict
à Facebook, Twitter, Instagram, TikTok ou ClubHouse ?
Instagram mais
j'essaye de décrocher tous les jours !