Crédit : Erin Brown |
On ne
se dirige jamais vers une
carrière de psychothérapeute par hasard… Et pour cause, le
destin semble encore rattraper l’artiste américain, William Fitzsimmons, avec l’histoire que dévoile son nouvel EP « Charleroi
: Pittsburgh volume 2 » (1er avril 2016). « Charleroi » est la
seconde moitié de l’album « Pittsburgh » (2015) qui parlait de sa
grand-mère maternelle. Ainsi, le chanteur folk nous emmène cette fois-ci sur
les traces d’une muse – sa grand-mère paternelle - si proche de lui mais qu’il
n’a pourtant jamais rencontrée. L’histoire fera en sorte que Thelma, cette
grand-mère ne connaisse jamais son fils, qu’elle a cru mort. De cette
découverte, William Fitzsimmons créera 6 chansons d’une touchante sensibilité
qu’il a rendues très poignantes sur la scène des trois Baudets, à Paris, le 20
avril 2016. En 2014, le chanteur
me confiait : « Au final, en voulant soigner les gens on
essaye de se soigner soi-même ». Espérons que ces chansons pansent
quelques plaies du passé.
Autoportrait déformé par William Fitzsimmons 20.04.16 @Les3Baudets |
De quoi parle ton nouvel EP « Charleroi :
Pittsburgh volume 2 » ?
Il
parle de Thelma, ma grand-mère biologique que je n’ai jamais connue.
Bébé,
mon père a été emmené à l'hôpital parce qu’il avait la coqueluche. A la suite
de cette hospitalisation, il a été adopté par un médecin qui est devenu son
père.
Etant
papa de deux enfants adoptés, j’ai eu envie de faire des recherches sur cette
partie de ma famille que je ne connaissais pas, juste pour voir ce qu’il
pouvait en ressortir, essayer de savoir d’où je venais. Et en 2015, j’ai
retrouvé les traces de cette partie de la famille.
Mon
père avait été déclaré mort bébé par erreur. Sa famille biologique n'a donc
jamais cherché à le retrouver. Et malheureusement, sa mère est décédée
plusieurs années avant d'avoir pu revoir son fils. Elle s'appelait Thelma et
c'était ma grand-mère. Elle venait de Charleroi en Pennsylvanie.
Oui en quelque sorte, j’ai essayé
de comprendre ce qu’elle représentait pour mon père et pour moi. C’est une
situation bizarre : je lui ressemble et pourtant je n’ai jamais pu avoir
aucun contact avec elle avant sa mort.
Est-ce l’histoire de ton père t’a donné envie d’adopter tes
deux enfants ?
Il existe une expression en
anglais qui dit « It was the last straw that broke the camel’s back »
(ndlr : « c’est la goute d’eau
qui fait déborder le vase ») qui signifie qu’il y avait déjà beaucoup
de raisons qui me poussaient vers l’adoption et cette histoire a été un nouvel élément
déclencheur. Ma femme m’a aussi rappelé que de part mon histoire, il était
normal d’adopter. Et quand elle m’a dit ça, je me suis dit que c’était vrai,
pourquoi je n’adopterai pas moi aussi.
Peut-on dire que cet EP « Charleroi
: Pittsburgh volume 2 » est plus paisible, plus chargé
d’émotions que les autres ?
Ils
sont tous chargés d'émotions. Selon moi, dans cet EP je montre un côté plus
résigné et je suppose, aussi de la colère. L’album « LIONS » était
plus empreint de confusion et de colère. Mais l’adjectif paisible mon convient
bien, même si c’est bizarre parce que je ne me sentais pas du tout paisible
pendant la phase de création.
William Fitzsimmons et Abby Gundersen à Paris Crédit : W.Fitzsimmons |
De qui t’es-tu entouré pour faire cet EP ?
J’ai produit cet album moi-même
mais j’ai introduit une amie, Abby Gundersen dans ce projet. Certains artistes
ont différentes sensibilités quand ils jouent, certains jouent très rapidement,
d’autres de façon violente. Et je voulais travailler avec Abby car en plus
d’être chanteuse, elle joue du piano, du violon et elle a cette sensibilité,
cette douceur qui s’accordent parfaitement avec le sujet sensible de l’album.
Après l’album Pittsburgh (2015) sur ta grand-mère
maternelle, étais-tu pressé de faire ce volume 2 de l’album ?
Pittsburgh
n’était pas censé avoir de suite. J’ai découvert le passé de Thelma lorsque
j’étais en tournée pour l’album Pittsburgh. Je me suis dit que c’était le
destin, l’autre partie de l’histoire était là. Le bon côté des choses lorsqu’on a une mauvaise passe,
c’est que l’on écrit rapidement, tu n’as plus qu’à prendre ta guitare et
écrire. Ainsi, cet EP « Charleroi » a été écrit très rapidement.
Où te trouves-tu dans la vidéo du clip « A Part » ?
Dans une petite ville appelée,
Alton (Illinois) au nord de Saint-Louis. C’est un mini Pittsburgh. C’est horrible
ce que je vais dire mais je voulais trouver une ville avec la même tristesse
que Pittsburgh.
Ce soir le concert se joue à guichet fermé. Est-ce que tu
entretiens un lien particulier avec le public français ?
Pas
spécialement. Chaque soir l’expérience est toujours différente mais je pense
que la raison pour laquelle les gens viennent à mes concerts est presque
toujours la même au-delà de la langue, du sexe, de l’âge. Il y a d’ailleurs
parfois de grands écarts d’âge à mes concerts. Je crois que les gens veulent
ressentir quelque chose de fort dans un environnement où ils se sentent bien
tout en étant entouré. C’est une chose de pleurer tout seul mais
partager des émotions avec d’autres personnes, s’en est une autre. C’est très puissant, ça peut changer
certaines perceptions.
Après les attaques terroristes à Paris,
est-ce qu’en tant qu’artiste on réfléchit à deux fois avant de se produire sur
scène ?
Bien sûr, j’ai des enfants.
D’ailleurs, on a joué à Bruxelles dernièrement et notre vol a été annulé à
cause des attentats. J’y pense parce que j’ai des enfants mais dans le cas
contraire je ne crois pas que cela me préoccuperait. Je ne veux pas paraître
ringard mais on dirait qu’à Bruxelles et à Paris, les gens ont l’air de suivre
le cours de leur vie. Et c’est super. La première chose à laquelle j’ai pensé
quand j’ai entendu parler du Bataclan est « c’est horrible » puis je
me suis dit « ils s’attaquent à des gens qui font mon métier ». C’est
plutôt égoïste comme pensée et je n’en suis pas fier. C’est encore tout
nouveau, on est dans un monde en plein changement…
Ah ah… Je ne suis pas très doué
avec ça ! J’adore entrer en contact avec les gens. J’aime encore parler
avec les gens et oui je suis vieux ! Si tu me donnes le choix, je préfère
m’asseoir et parler avec quelqu’un et je twitterai sur notre conversation plus
tard…
As-tu d’autres projets ?
Oui,
je vais faire de la musique pour un film. C’est encore un peu tôt
pour en parler mais je suis très excité. Ma musique a déjà été utilisée pour la
télévision (ndlr : Grey’s Anatomy)
mais ce n’était pas pareil, là je vais réellement être impliqué dans la phase
de création.
La
musique est tellement géniale… J’adore cette sensation quand on regarde un
film, qu’une musique commence et qu’on pleure car l’ensemble de la scène est
magnifique. Je veux être impliqué dans ce genre de projet.
Et j’ai lu que tu allais aussi participer à
un album « Say Yes ! » qui rend hommage à Elliott Smith
(American Laundromat Records) qui sortira en octobre 2016.
C'est vrai,
je chante "Say Yes", je suis un grand fan de cette chanson. J’ai été honoré qu’on
me propose de participer à cet album d’autant plus qu’Elliott Smith m’a
beaucoup influencé, c’est un héros pour moi. Ma version de la chanson est plutôt
différente de l’originale. Je joue cette chanson depuis que je suis tout petit.
Peut-on s’attendre
à un nouvel album en 2017 ?
Je ne sais pas (rires) ! Peut-être... si j’ai
de l’inspiration pourquoi pas mais je ne tirerai pas trop sur la corde. Je l’ai
fait une fois et je ne le referai jamais. Il faut parfois prendre le temps de
s’asseoir et voir ce qu’il en sort. Une chanson, ça n’a rien de facile. C’est
comme une relation amoureuse, il faut parfois savoir tirer la personne vers le haut et d’autre fois, se retirer.
William Fitzsimmons en ligne :
Discographie :
2016 : Charleroi : Pittsburgh Volume 2
2015 : Pittsburgh
2014 : LIONS
2011 : Gold in the shadows
2010 : Derivitaves
2009 : Live from the downtown studios
2008 : The sparrow and the crow
2006 : Goodnight
2005 : Until when we are ghosts
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