Paris, Opéra, ligne 3. Une voix atypique se fait entendre du bout du
couloir de métro. Quelques pas supplémentaires et un visage se dessine pour finalement tomber
nez à nez avec Soem, sa guitare et ses chansons bien affutées. Derrière cette
voix se cache déjà un long parcours musical, des castings et des
doutes. Rencontre avec la chanteuse Soem en pleine préparation de son deuxième
album.
Autoportrait par Soem |
Comment as tu fait
tes 1er pas dans la musique ?
Mes parents ne sont pas du tout issus de l’univers du
spectacle. Mon père a une très belle voix et il chantait toujours des reprises,
à la guitare, de classiques français : Brassens, Brel, Léo Ferré mais
uniquement dans le cadre du cercle familial. Il y avait beaucoup d’émotion
quand il chantait. Quand j’ai découvert Léo Ferré, je me suis même dit que je
préférais l’interprétation de mon père. Ma mère, elle, a toujours eu envie
d’avoir des enfants artistes, elle a donc mis mes deux sœurs et moi à la
musique. Et elle m’a proposé de faire de la guitare.
Concernant l’opportunité d’accomplir ses rêves, j’ai suivi
l’exemple de mon père qui a exaucé un rêve d’enfant, celui de devenir pilote de
ligne. J'aimais tellement sa voix que je trouvais d’ailleurs, que c’était un peu du gâchis qu’il ne soit pas chanteur.
Comment as-tu saisi
l’opportunité de devenir chanteuse « professionnelle » ?
©Soem |
Vers l’âge de 15, 16 ans, j’ai très vite transformé mes
poèmes en chansons. D’autant plus que j’avais le sens de l’improvisation des
mélodies. Puis, j’ai effectué mon premier concert au lycée avant d’en faire à
peu près un par an.
Ça ne m’a pas traversé l’esprit de devenir chanteuse avant d’arriver en 3ème
année d’école de commerce. A cette époque, j’ai rencontré des musiciens dans la
rue et j’ai fini par aller les voir en concert. Je me suis alors rendue compte
que ce n’est pas impossible de jouer de la musique sans être connue. Et je me suis dit que je pouvais jouer aussi bien que ce groupe. Ce qui m’a vraiment poussée à
prendre ce tournant, c’est que je pensais avoir plus de talent dans ce secteur
que dans celui du business que j’étudiais.
Ainsi, après avoir terminé mon école de commerce, j’ai
contacté un jeune réalisateur, Chris Gorski et on a fait notre première
maquette qui m’a conduite dans les bureaux de Warner.
Que signifie ton nom
de scène Soem ?
Après avoir écumé les noms comme ON, Vega, le nom de Soem
est arrivé, un nom trouvé par Olivier Berthelot qui a travaillé avec moi sur mon
premier album. Il s’agit d’un mix entre les mots « soul » et
« poème ».
Comment as-tu fait
ta 1ère maquette de 5 titres ?
En 2003, je suis partie à la
conquête de Paris ! Avec l’aide de Chris Gorski, rempli comme moi d’idéalisme,
j’enregistre une première maquette de 5 titres. Cet enregistrement me permet de
rencontrer Olivier Berthelot qui devient mon frère de composition pendant
plusieurs années.
Puis d’un projet à 4 mains,
Soem est devenu un projet solo avec mon premier album (2008). Puisqu'Olivier,
le 2ème pilier de Soem a d’autres appétits musicaux. Mais je me suis vite
rendue compte que j’avais moins de pression seule. Car en solo, je n'ai de comptes à rendre qu'à moi-même, que cela soit pour trouver des dates de concert, réaliser la communication…
Que raconte ton 1er album Soem (2008) ?
Cet album évoque une époque de
ma vie où j’étais jeune, idéaliste et innocente. Quand j’écris des chansons, je
décris les émotions que je traverse. Il n’y a pas de thème global pour l’album,
plusieurs sentiments sont évoqués. Certaines chansons ont une lecture
mystérieuse, mystique, spirituelle (« Marionnettes », « Les
signes », « Le sel de mon âme »). Certaines évoquent des prises
de conscience que j’ai eu à l’époque à un niveau psychologique, artistique, ou
de ma vie quotidienne (« Je me rassemble », « Dans ma peau »,
« le mécanisme », « Désinvolture »). D’autres parlent
d’amour : avant, au début,
pendant, au moment de la rupture (« Qu’il arrive », « Ne dis mot
Trésor », « Eclipse »). Le chanson « le mécanisme »
relate d’ailleurs une relation de couple dysfonctionnelle dans laquelle j’ai
été. Le texte souligne que nous ne sommes pas obligés de nous enfermer dans un
idéal. Si tu es trop stricte, la vie à deux devient comme une prison.
Cet album a été accouché dans
la douleur, l’enregistrement était difficile. Olivier qui m’a aidé à le faire
était très exigeant, perfectionniste. Je comprends mieux aujourd’hui pourquoi
il voulait que je retravaille certains textes de l’album. Je ne l’ai pas écouté
pendant de nombreuses années. Mais encore aujourd’hui, je le trouve encore très
beau.
Cet album de 12 titres est
ponctué de 3 collaborations. Sully Sefil est un rappeur que j’ai rencontré via
Myspace tout comme San Lluis. Et j’ai aussi collaboré avec Lokua Kanza,
virtuose de la chanson africaine, à l’époque, j’avais entendu parler de lui
grâce à des magazines de musique du monde. C’est un incroyable chanteur doté de
sacrées nuances dans sa voix. Je suis très sensible aux voix.
©Soem |
Tu as passé de nombreux castings comme celui de The Voice, quel est
l’envers du décor ?
A La Nouvelle Star, c’était
horrible, on nous traitait comme du bétail et ils s’en enorgueillissent. Je ne sais pas si c'est toujours le cas aujourd'hui. Les
candidats attendaient dehors, dans le froid toute la journée. Quand j’ai vu
l’intérieur de l’immeuble, j’étais révoltée car il y avait la place pour abriter une
bonne partie de la foule. En 2012, j’ai candidaté à The
Voice, un casting très classe, on se sent respecté en tant qu'artiste. Il y
a même un coach pour t’épauler avant l’audition.
As-tu envie de retenter ta chance à ce genre de castings ?
Oui, c’est possible que je retente ma
chance à The Voice. Mais aujourd’hui si je participe de nouveau à ce genre de
casting, j’irai sans peur. Si je suis retenue je serai juste heureuse plutôt
que d’angoisser pour la suite. La chance sourit quand tu es prêt à
l’accueillir. A l’époque je n’étais pas prête car quelque chose en moi avait
peur d’aller plus loin. C’est pour cela que je n’ai pas réussi ces castings
dans le passé. J’ai toujours voulu être une artiste reconnue mais comme ça
ne s’est pas produit, j’ai compris qu’il y avait quelque chose en moi qui me freinait.
Une peur que j’ai démêlée et résolue aujourd’hui, j’ai passé un cap.
Je t’ai découverte dans le métro parisien, comment en es-tu arrivée à
chanter dans ces couloirs ?
Au départ, je trouvais que c’était humiliant de faire
ça ! Et puis j’ai rencontré des artistes de métro, des talents, des gens
extraordinaires qui m’ont éblouie. Un jour, un ami m’a proposé de passer le
casting pour avoir la carte d’accès à la RATP. J’ai aimé la façon dont j’ai été
accueillie par l’équipe de la RATP.
Au début, je trouvais ça très dur puis un ami m’a donné des
conseils. J’ai trouvé un endroit
qui me plaisait, sur le quai du RER A. Mais j’ai été attrapée par les
contrôleurs car je jouais sur le quai, ce qui est interdit. Puis, j’ai appris à
reconnaître les endroits du métro où j’aime jouer, près des quais notamment car
les gens peuvent s’y attarder avant de prendre leur métro. Sinon ils passent à
toute vitesse et c’est très frustrant.
Mais ce n’est pas si dur que ça si l’argent tombe ! Si
les passants lâchent une pièce, ça redonne confiance en soi.
As-tu un projet
d’album ?
Ça fait longtemps que je veux sortir un 2e album
et un ami Niko Coyez m’a conseillée de réfléchir à ce que je veux vraiment, de
me fixer un petit objectif, puis un plus grand… Je me suis alors fixé
l’objectif de faire un album !
Niko Coyez a enregistré son 2ème album en une
semaine. J’ai alors voulu faire pareil mais je n’ai pas le même génie que lui.
Il a une grande confiance en lui et une très bonne oreille. Il repère tout de suite ce qui ne va
pas. La création de l’album a été ralentie car Niko a émigré en Malaisie en
2014. Quand il était en France, tout allait plus vite.
En 2015,
j’étais découragée et je me suis dit que j’arrêtais face à la masse de travail
à effectuer. Je ne me sentais plus soutenue.
Mais depuis janvier 2016, tout s’est débloqué. Yannick Vorangine,
un ingénieur du son m’accompagne. Niko est revenu en France pour quelques mois. En
2 jours, on a réalisé ce que j’aurai
pu faire seule en 2 mois. D’ici l’été on devrait avoir bien avancé. Si
tout va bien l’album devrait sortir d’ici le début de l’année 2017.
Ça sera un album très acoustique, très « joué »,
contrairement au 1er album qui contient beaucoup de programmations.
Il contient des percussions, de la guitare, de la flûte, de l’harmonica. Les
auditeurs retrouveront le son de Nico et se retrouveront face à de nombreux
ressentis : la mélancolie, la folie, la gaité, la fantaisie. Je prends
plus de risques, je suis plus audacieuse que dans le premier album où j’étais
face à quelqu’un de très perfectionniste. J’avais peur de faire des erreurs.
Dans ce deuxième album, je me lâche !
Tu es plutôt
inactive sur les réseaux sociaux, est-ce une volonté de ta part ?
Depuis 2015, je ne communique plus car j’avais peur de me
retrouver face à mes fans car je
n’ai pas respecté le planning de sortie de ce deuxième album. La honte m’a donc détournée des réseaux sociaux. De
plus, j’ai eu à répétition des problèmes de matériel (téléphone, ordinateur).
Et de toute façon, je n’avais pas d’actualité à mettre en avant. Ce que
j’aimerais c’est produire des vidéos régulièrement sur YouTube. Mais il y a un
juste milieu à trouver par rapport à mon exigence de qualité et la nécessité
aujourd’hui d’aller vite. Et le mieux est l’ennemi du bien…
Cette interview est ainsi une bonne occasion pour communiquer de nouveau sur mes réseaux sociaux.
Soem en ligne