Autoportrait de Fanny le 16.01 au bar Le Certa - Paris |
D’un côté, Fanny Krief, une
chanteuse qui utilise Gary comme nom d'emprunt, en hommage à
l’écrivain humaniste, Romain Gary. A 30 ans, elle a déjà fait ses gammes lors des premières
parties de chanteurs comme Charlie Winston et Moriarty. De l’autre, Julien, jeune
homme originaire de l’Île de La Réunion qui n’a pas quitté sa batterie depuis
ses premiers cours de musique. Entre ces deux là, le coup de foudre musical a opéré et a
donné naissance à leur groupe, Dusk Totem. Depuis, ils sillonnent les scènes
parisiennes et se sont même offert la première partie des Naive New Beaters, à
Londres. Les 4 titres présents sur leur premier EP « Map of you » -
sorti en novembre 2014 – sont un bon aperçu de la musique enivrante qu’ils sont
capables de créer. Rencontre avec la chanteuse de ce groupe d'électro pop.
As-tu baigné dans la musique dès ton plus jeune âge ?
Mes parents chantaient beaucoup,
mon père faisait énormément de théâtre et ma mère a été un petit rat de
l’opéra. Mais ils ont eu des carrières un peu avortées de comédien et de
danseuse classique. On avait des soirées vinyles à la maison où l’on
écoutait les Beatles, Jacques Brel, Richard Cocciante, Elton John… J’ai
toujours eu envie de chanter sans que je ne puisse l’expliquer et j’ai monté
mon premier groupe vers 17-18 ans.
Tu as commencé ta carrière en solo sous le nom de Fanny Krief. Comment
en es-tu arrivé à te lancer professionnellement ?
J’ai fait une petite comédie
musicale appelée « Une étoile pour Noël », qui m’a permis de me
professionnaliser et de rencontrer mon ancien manager Sylvain Gazaignes. Il m’a
encouragée à m’immerger dans la langue anglaise pour perfectionner mes
compositions. Je suis partie avec ma guitare à Londres à la conquête d’un rêve.
La journée, je travaillais dans une librairie de livres anciens et le soir je
chantais dans les pubs. Au bout d’un peu plus d’un an, je suis rentrée en
France et j’ai fait écouter à Sylvain, alors directeur artistique chez Sony, 3
titres enregistrés avec des Anglais.
Ces morceaux lui ont plu, on a ainsi commencé à travailler ensemble. On
a réalisé mon premier EP « Hello Aloud » et j’ai alors eu la chance
d’être repérée par un tourneur (Blueline) et par Olivier Bas (ndlr : notamment directeur artistique
du festival FNAC) via Myspace. J’ai entre autres été invitée en première
partie de Charlie Winston au Fnac Festival.
Comment as-tu rencontré Julien, l’autre membre de Dusk Totem ?
C’était à une période où je
commençais à avoir moins de plaisir à faire de la musique. En effet, les labels
me conseillaient de chanter en français et j’étais un peu perdu. J’ai rencontré Julien lors d’une
audition car je cherchais un nouveau batteur. Les circonstances ont fait que
j’ai gardé mon batteur de l’époque, on ne s’est pas revu avant un voyage à la
Réunion où on s’est vraiment découverts.
On s’est musicalement bien entendu, et c’était la première fois que les
compositions d’un mec me plaisaient. Puis, au fil du temps, on a voulu monter
un groupe ensemble.
Que signifie le nom du groupe Dusk Totem ?
C’est ma sœur qui a trouvé le nom
du groupe, « Dusk » qui signifie crépuscule, cela représente un
moment magique de la journée que j’adore, pour moi, c’est un entre deux où tout
peut se passer.
On avait déjà évoqué plusieurs
fois avec Julien le mot « totem ». Et c’est aussi le symbole qui peut
permettre de passer entre ces deux mondes, comme la cabine téléphonique dans
Matrix ! Ca renvoie aussi au concept des concerts, ce sont des moments à
part, où les gens se lâchent…
En novembre 2014, le groupe a sorti son premier EP appelé Map of you. Comment a-t-il
été conçu ?
Avant la sortie de cet EP, on a
testé les chansons sur scène afin de juger de leur potentiel. Et on avait des
démos, on a alors commencé à les retravailler. Puis, on a voulu collaborer avec
quelqu’un qui avait plus de recul et d’expérience que nous. On connaissait
Lilly Wood & The Prick via plusieurs contacts. Julien a ainsi croisé
Mathieu Denis, bassiste du groupe qui avait déjà réalisé des EP et qui s’est
montré intéressé pour nous aider. Il a alors convié Mathias Fisch, batteur de
Lilly Wood & The Prick pour nous aider. Au final, on a effectué 2 sessions
de travail avec Mathieu durant lesquelles on a notamment revu la structure de
la chanson « Map of you ». Puis pour prendre du recul, on a laissé
passer un peu de temps et on a ensuite travaillé sur les 3 autres chansons de
l’EP.
A l’origine tu te destinais à une carrière solo, que t’apporte ce
groupe ?
Avant de travailler avec Julien, ma musique avait un son
guitare/voix et n’avait pas d’influences électro. Par ailleurs, le fait de
travailler avec quelqu’un qui maitrise beaucoup d’instruments et qui compose
aussi facilement sur un ordinateur m’a permis d’apprendre énormément.
Selon certains, le groupe faisait de la « dream pop rock », que
signifie ce terme ?
Ce n’est pas de la folk ce que je
faisais avant, en tant qu’artiste solo. Notre musique met en avant plus
d’instruments. Je me suis libérée de la guitare, pour explorer d’autres choses
vocalement, scéniquement, ce que je ne pouvais pas faire avec mes compositions
guitare/voix. Du coup, je me repose sur Julien et nos musiciens pour explorer
ma voix.
C’est une musique qui oscille
entre passages puissants et « trippants ». Julien et moi avons des
influences assez différentes et c’est très intéressant de créer à partir de
tout ça un terrain commun.
Que raconte votre premier EP « Maf of you » ?
Julien et moi écrivons tous les
deux nos chansons et le hasard a fait que j’ai écrit toutes les paroles des
chansons qui figurent sur cet EP. On s’est rendu compte que le thème qui
revient beaucoup - sauf le titre « Dear Mother » qui est très
personnel - est assez humaniste. On avait envie de se dire et de dire aux
gens : prenez possession de votre vie, vous avez de l’or entre les mains,
faites en bon usage. Cela peut faire fleur bleue, mais la bienveillance, c’est
très important pour nous.
Vous travaillez sur de nouveaux morceaux en ce moment ?
On voulait se concentrer sur la
scène mais après discussion avec Julien, on a décidé de travailler sur de
nouvelles chansons et sortir un deuxième EP le plus rapidement possible. On
en a aussi besoin pour améliorer notre prestation scénique. On a contacté
Mathieu Denis qui est partant pour ce deuxième opus. On va probablement enregistrer une
chanson appelée « Aha », plus minimaliste, plus planante, plus
électro que d’autres chansons qu’on a pu enregistrer. On est très heureux de
faire parti du festival CHORUS de cette année. On sera au Magic Mirror à La Défense
le 27 mars.
Ces chansons seront toujours écrites en anglais ?
Selon moi, au vu de notre style
de musique, l’anglais est plus musical que le français. Des artistes comme The Dø ne se posent pas la question de chanter en anglais ou
en français. J’ai été bercée par la musique anglo-saxonne et notamment les
chansons de Björk. Selon moi, les longues voyelles permettent une ouverture de
la voix incroyable. Cependant, il est vrai que d’autres artistes français
excellent en chantant en français comme Camille. Mais c’est est indéniable que
chanter en anglais permet de toucher un plus grand nombre de personnes.
Comment vous préparez-vous à l’exercice de la scène ?
On travaille sur une scénographie
avec notre photographe Fanny Castaing, elle nous aide dans la direction
artistique pour concrétiser les messages visuels qu’on souhaite mettre en
avant. Sur scène pendant 45 minutes, on joue les 4 chansons de notre EP, et
d’autres chansons qui ne sont pas des reprises… mais des chansons de nous
réarrangées.
Aujourd’hui en France c’est facile de gagner sa vie en tant
qu’artiste ?
Selon moi, il est évident que ce
n’est pas facile de gagner sa vie en tant qu’artiste même lorsqu’on a la chance
d’être chez un tourneur. Mais je n’ai pas envie de faire uniquement de la
musique, j’ai besoin d’avoir un rythme, d’être en contact avec le monde, c’est
pour ça que je travaille en parallèle dans une bibliothèque, cela est aussi
source d’inspiration. Avec cette vie d’artiste, on peut vite se couper du
monde.
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
J’écoute toujours War Paint, Patti Smith, The
Kills. Julien m’a offert un vinyle d’Agnès Obel, magnifique. Je réécoute
The Dø et ce n’est pas forcément avouable
mais j’écoute aussi Katty Pery, elle a des superbes compositions, j’aime bien
le côté positif de ses chansons, je comprends que les gens veulent écouter sa
musique.
Dusk Totem en ligne
Prochain concert
Magic Mirror à La Défense
le 27 mars