Après
un premier EP XY réalisé en 2012, Ruddy Descieux revient sur le devant de
la scène en s'attelant cette fois-ci à l'exercice du 7e art. Ainsi, dès mercredi
21 janvier, Century, la toute nouvelle chanson de l'artiste, sera à l’affiche
du film Discount dans lequel joue notamment Zabou Breitman. Rencontre avec
l’artiste dont l’univers tourne toujours autour de la musique même dans ses
rêves.
Depuis 2012, la sortie de ton dernier EP, qu’as-tu
fait ?
A
la sortie de mon EP, j’ai effectué une série de concerts parisiens. Sur scène,
nous pouvions être jusqu’à 6 ou 7 musiciens, ce n’est pas toujours facile à gérer.
Au final, les concerts étaient plus épurés, les morceaux de l’EP étaient
réarrangés pour aboutir parfois uniquement à un son piano/voix. Cet exercice
m’a encouragé à continuer dans cette lignée très acoustique. Je me suis
également produit avec Virgule qui avait sorti son premier EP à la même
période. Et en parallèle, j’ai continué à enseigner dans une école de musique.
Quelle a été ta source d’inspiration pour écrire
tes nouvelles chansons ?
Les
voyages sont déterminants pour moi car ils m’inspirent. Ainsi, certaines
chansons ont été écrites hors de France, sur une plage de Crète par exemple, où
j’ai été envahi par un sentiment très fort de liberté. Je n’ai même pas encore
terminé cette chanson, mais je sais d’ores et déjà qu’elle s’appellera « Mer de
Libye ». La Crête est un des rares endroits de la planète qui m’a donné envie
de poser mes valises. La Croatie possède également de merveilleux paysages,
dotés de contrastes très forts, il y a beaucoup de nature, des éléments dont
j’ai cruellement besoin. Parfois, je me lasse du côté urbain de Paris. Je me
sens alors plus vivant au contact de la nature, d’horizon, d’étoiles dans le
ciel...
Comment ta nouvelle chanson Century a-t-elle été
sélectionnée pour être au générique du film Discount, réalisé par Louis-Julien
Petit ?
J’ai
connu Louis-Julien Petit grâce à des connaissances en commun, le groupe Chkrrr
qui avait réalisé des musiques pour son premier court-métrage. Alors qu’il travaillait
sur son premier long métrage auto-produit et cherchait des musiques
additionnelles, Valentin Mussou du groupe Chkrrr nous a présentés. Quatre des
chansons de mon EP XY (2012) ont été utilisées pour
illustrer des scènes d’ « Anna et Otto ». Les paroles de mes chansons parlaient
à Louis-Julien et avaient un sens avec les personnages de son film.
Et
pour son premier long métrage Discount, sorti le 21 janvier 2015, Louis-Julien
cherchait une chanson pour le générique du film, je lui ai alors envoyé
quelques chansons. Century a été son coup de cœur. Il a alors fallu réarrangé
la chanson pour le film afin qu’elle ait une version plus dépouillée, plus intime
pour coller à l’histoire. Cela faisait un moment que je souhaitais faire une chanson épurée
piano, voix, violoncelle avec la même atmosphère que celle présente dans la
vidéo de la chanson Flying tournée pour ton blog (cf. ci-dessous).
J’étais
très stressé car cette chanson a été enregistrée en une semaine et donc à une
cadence folle. Mais grâce à ce stress est né un moment merveilleux en studio.
Le réalisateur m’a livré ses envies, ses désirs. De la version uniquement
piano/voix qui existait, on a ajouté un violoncelle et la touche personnelle de
chacun des musiciens.
Nous
nous trouvions
dans le studio Py à Maisons Alfort, un endroit qui
se transmet de bouche à oreille, de passionné à passionné. Il est détenu par un
musicien qui a énormément de matériel dont un incroyable vieux piano à queue
Pleyel.
Dans quelles circonstances Century
a-t-elle été écrite ?
J’ai
entendu cette chanson dans un de mes rêves ! C’était un rêve futuriste dans lequel
la Terre est partiellement détruite. Alors que je vis sur un satellite, je me
retrouve parachuté sur Terre. Et j’ai soudain le sentiment d’une quête à
accomplir dont les contours ne sont pas définis. Je me fraie un chemin, je me
cache et j’en viens à révéler mes pouvoirs à un frère et une soeur dans une
boutique qui pourrait s’apparenter à un magasin du 6e arrondissement, quand
soudain j’entends la musique de Century. Je me réveille alors car j’ai envie de
garder cette musique en mémoire. Je me suis mis au
piano et j’ai commencé à écrire le refrain. Ca ne m’était jamais arrivé
auparavant d’être inspiré par un de mes rêves ! Au final, j’ai co-écrit cette
chanson avec David Abel.
Mais
le plus important reste le sujet du film Discount qui soulève l’adhésion, et
dans lequel la chanson est utilisée. Ce film est bien parti pour intéresser le
public, je suis heureux d’être associé à un thème aussi fort et aussi bien
mené.
©Ruddy Descieux |
En parallèle à cette chanson en générique de film,
as-tu un album en préparation ?
En
ce moment, j’auditionne des musiciens afin de pouvoir enregistrer un futur
album ou EP qui pourrait sortir d’ici l’été. J’ai envie de chansons
acoustiques, assez dépouillées et que les passages d’une chanson à l’autre
soient cohérents, fluides. A contrario de mon EP XY qui était doté de chansons
très éclectiques car arrangées à des moments différents. Cette fois-ci, j’ai
envie qu’on ait le sentiment qu’il s’agit d’une famille de chansons.
J’imagine
qu’il y aura une base piano, voix, violoncelle avec de la trompette par
petites, moyennes ou grandes touches ! L’objectif est de faire un album qui
ressemble à ce que le public pourra voir sur scène.
Que racontent tes chansons ?
Plus
j’avance et plus j’ai le sentiment que mes chansons racontent des moments de
vie. Par exemple, la chanson Century vient du futur, Save Me met en avant un
univers féodal. L’idée est de traverser le temps, l’espace, les souvenirs pour
que se dégage une
forme de liberté de création. Je suis influencé par beaucoup d’éléments autour
de moi.
La chanson
Save Me est sans doute née grâce à la série Game of
Thrones que je regarde depuis 2 ans. Je ne me fixe aucune limite. A travers des
chansons, j’incarne des personnages et les décors peuvent être situés dans le
futur, le passé, en France ou ailleurs.
Tes futures chansons seront-elles toujours écrites
en anglais ?
Il
n’y aura toujours pas de français ! Par contre, je tiens un blog personnel
depuis 2 ans, dans lequel je publie des poèmes en français… Je les traduirai
peut-être un jour en anglais.
©Sidney Kwanone - 2015 |
Le graphisme a-t-il toujours une part importante
dans ta vie ?
Depuis
2 ans, j’essaye beaucoup de choses, je prends beaucoup de photos, je fais
énormément de tests graphiques. Je suis très admiratif des artistes qui
arrivent à traduire leur musique en images. J’espère pouvoir trouver un
équilibre entre le son, l’image et la scène pour construire quelque chose
d’unique.
D’ailleurs ton compte Facebook est très visuel…
Ce
compte est l’occasion pour moi d’exprimer ma créativité à travers des photos ou
des messages que j’essaye de soigner. Il m’arrive de ne pas être très spontané
mais j’essaye de faire en sorte qu’il y ait un sens. Je me retiens parfois de
publier certains messages car je pourrais être tenté de succomber au dictat de la
phrase efficace. Je vais aussi créer un compte Instagram en lien direct avec les futures chansons de l’album.
Qu’écoutes-tu en ce moment ?
Damon Albarn, j’ai écouté son album un nombre de fois incalculable, sa mélancolie est
intelligente et brillante. Je ne m’en lasse pas.
L’album
de Mélissa Laveaux que je trouve prodigieux, un des plus réussis ces dernières
années. Aucune chanson n’est à jeter à la poubelle. L’album est très fort et
très puissant, j’adorerais travailler avec des gens comme ça. Elle a sortie
l’album avec le label No Format dont j’aime la démarche visuelle, leur
cohérence avec les albums qu’ils produisent pour des artistes intéressants.
Sufjan Stevens, il est complètement barré, ses musiques sont d’une richesse incroyable
mais il est parfois difficile à suivre. Il y a une telle profusion, une telle
richesse !
As-tu des envies particulières pour tes prochains
concerts ?
J’aimerais
arriver à me produire dans des endroits insolites. Ca m’intéresse et j’espère
qu’avec ce futur album, je pourrai sortir des sentiers battus.
Prochains concerts
25.02.15 au Pop in Paris