Autoportrait confectionné par Animali |
Lorsqu’un groupe de musique folk
nordique et un autre de pop électronique fusionnent cela donne Animali. Un groupe
lyonnais, né en 2013 et qui a sorti son premier EP en mars 2014. Le nom de cet
opus « The Spark and three other poorly produced pièces of music » donne
le ton. En effet, si l’autodérision semble être le maitre mot de ce quintet, on
découvre vite que le groupe cache d’autres talents, capables de nous
entraîner dans un tourbillon sonore, parfaitement maîtrisé à l’aide de
références à Pink Floyd et aux années 70. Ces cinq musiciens, âgés de 26 et 29
ans, qui font uniquement appel à leurs propres talents pour produire leur
musique planchent déjà sur leur prochain EP, à paraître au deuxième semestre
2015. Et qui sait, avec le temps, ces cinq garçons seraient bien capables de suivre
les traces de grands groupes français comme Phoenix car le potentiel de leurs morceaux dépasse les frontières de l'Hexagone.
Comment avez-vous
fait commencé à jouer de la musique ?
Hadrien Santos Dasilva (batterie)
: A l’âge de 10 ans, alors que je vivais au Mexique, j’ai voulu commencer à
faire de la batterie pour imiter mon oncle. A 20 ans, je suis entré au Conservatoire
de jazz à Lyon.
Nicolas Mieral (basse) : Je
commencé à jouer de la guitare en faisant
des reprises de Georges Brassens. Quand j’étais à l’école primaire, j’ai
voulu jouer de la guitare électrique mais je n’en avais pas, du coup mon père
m’en a fabriqué une. Elle sonnait presque juste car il avait imité le manche de
la guitare folk ! Après, j’ai commencé à jouer de la basse dans un groupe.
Benjamin Ricardier
(guitare/chant) : J’ai commencé à jouer de la guitare à 14 ans, poussé par
mes parents qui voulaient que je fasse une activité. Du coup, j’ai suivi le
parcours de mon frère musicien. J’ai commencé par jouer des morceaux un peu bourrins comme du métal
puis j’ai pris quelques cours, j’ai commencé à monter des groupes avec Julien
quand on était en seconde. Je me suis formé sur le tas, en m’enregistrant.
Julien Jussey (clavier/chant) : J’ai
commencé le piano à l’âge de 5 ans et je suis entré au Conservatoire à 10 ans.
J’ai fait beaucoup de musique classique puis un peu de jazz avant de tout
envoyer balader. A côté de ça, je suis ingénieur du son, le travail en studio m’intéresse
énormément : réalisation, arrangement, mixage. Je travaille pour le groupe
et pour des artistes qui me plaisent.
©Etienne Lescure |
Comment vous
êtes-vous rencontrés ?
On avait tous des groupes
respectifs à Lyon mais il y a un an on s’est rendu compte que le projet autour
de notre groupe Animali nous intéressait particulièrement. On s’est ainsi
retrouvé au sein d’un studio créé à Villeurbanne Tube and Tape. On est sur la
route depuis un an grâce à la sortie de notre premier EP et on s’apprête à en
sortir un deuxième.
Comment s’est déroulée
la phase de création de ce premier EP « The Spark and three other poorly
produced pièces of music », sorti en mars 2014 ?
On a créé cet EP rapidement, on avait
quelques morceaux au bout de nos doigts depuis un moment. A l’origine, on avait
enregistré des maquettes et quand on a commencé à faire des répétitions, on a particulièrement
apprécié le son réalisé. On a alors pris les quatre bouts de maquettes que nous
avions et on en a fait quatre chansons. On n’a pas fait de tri, ce sont les
quatre premières chansons qu’on a créées qui ont été enregistrées.
Le titre de ce premier EP est un « peu » ironique, non ?
Il y un côté rigolo et grandiloquent. On ne trouve pas que
cet EP soit particulièrement mal produit ou mal enregistré. On aime bien la
manière dont il sonne, même s’il a été fait avec les moyens du bord, on en est
fier.
Certains décrivent
votre style de musique comme du « rock psychédélique », qu’est-ce que
c’est ?
C’est de notre faute si on nous
décrit comme ça, il fallait rentrer dans une case et on a choisi cette
description. On ne voulait pas être assimilé à de la musique pop/rock , on
a choisi cette étiquette de « rock psychédélique » car il y a
beaucoup de sons de clavier dans notre musique, quelques références aux années
70 et on aime bien tout ce qui est expérimental.
Comment avez-vous eu l’idée d’appeler le groupe Animali ?
C’est Sylvain, notre guitariste
qui a eu cette idée. Ce mot correspond à l’idée qu’on se fait de notre musique.
On aime cette idée de concept non figé, qui est susceptible de bouger, c’est ce
qu’on a envie de faire en tant que musiciens.
Comment vous est venue l’idée du thème du clip The Alchemists ?
Nous n’avions pas d’argent pour
faire ce clip, on s’est donc entouré de personnes qui sortaient de
l’école. Ils ont aimé notre
musique et ont accepté de faire ce clip gratuitement.
Que cela soit dans ce
clip ou dans la pochette de l’EP, on a l’impression que vous donnez une part
importante à l’image, c’est voulu ?
Toute la phase de création visuelle est un passage obligé et
important. L’artiste Etienne Lescure a créé le visuel du 1er
EP. Il y a un côté bordélique dans l’image qui nous correspond bien.
©Etienne Lescure |
De nouvelles chansons
sont-elles en préparation ?
Même si on possède un titre qui dure 10 minutes, on a été
obligé d’écrire assez rapidement de nouvelles chansons pour faire des concerts.
A la sortie du premier EP, on avait déjà quelques morceaux prêts pour la scène.
L’idée de ce deuxième EP est d’enregistrer des chansons déjà testées en
concert. Il n’y aura pas de surprise pour ceux qui nous ont vu récemment en
concert. On finit actuellement d’enregistrer cet EP dans notre studio et on
prévoit une sortie au deuxième trimestre 2015. Nicolas et Julien enregistrent,
mixent et masterisent nos chansons. On est parfaitement autonome. Tant qu’on ne
nous proposera pas de faire ça avec les meilleurs des meilleurs, on continuera
à procéder ainsi.
Avez-vous déjà une idée précise de la création graphique ?
Nicolas a pensé à mettre des
Pingouins partout, sur scène et sur notre pochette. Cette idée vient du cerveau
malade de certains membres du groupe… Et le prochain clip de la chanson Hysterical
Star mettra en scène un ours dans une machine à laver.
Est-ce que c’est facile de gagner sa vie en tant qu’artiste ?
Pour le moment, on ne vit pas de
notre musique. Sur les cinq membres du groupe, il y a trois intermittents du
spectacle et deux membres du groupe travaillent en parallèle. A moyen terme, la
seule solution pour vivre de notre musique serait d’être intermittent, c’est
une sorte de rêve en tant que musicien (rires). Sinon, il faut réussir un coup
publicitaire et on pourra s’acheter une maison (rires).
Comment vous positionnez-vous face au problème du téléchargement
illégal ?
On fait partie de cette
génération qui a grandi en téléchargeant énormément, il est donc difficile de
se positionner contre. Par ailleurs, le peu de ventes digitales qu’on a faites
nous ont très peu rapporté. Notre stratégie c’est plutôt d’encourager les gens
à télécharger. C’est une démarche de soutien, on estime que si quelqu’un a aimé
un disque, il peut décider par la suite de l’acheter. Mais on a avant tout envie d’inciter les gens à nous écouter
et le moyen direct c’est la gratuité. On ne fera pas comme Metallica qui fait des procès aux personnes qui téléchargent
leur musique illégalement mais ça viendra peut-être.
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