Autoportrait par Mads le 17.05.14 |
Electro,
pop, rock, le groupe danois Reptile Youth aime mélanger les genres et excelle à
cet exercice dans son deuxième opus Rivers that run for a sea that is gone
(mars 2014). Et pour cause, le duo composé de Mads Damsgaard Kristiansen (voix)
et Esben Valloen (basse) a bien su s’entourer en collaborant avec des grands
noms comme Brian Thorn
(David Bowie, Arcade Fire) et Jens Benz (Iceage). Reptile Youth pourrait bien devenir le symbole de
toute une génération Y qui, même si elle est entrée dans l’âge adulte ne s’interdit
pas des écarts pour se rappeler la fougue de sa jeunesse. Avis aux amateurs, le groupe aux
concerts réputés déjantés exporte ses arrangements accrocheurs jusqu’à Paris et
sera ainsi en concert gratuit au Nuba, le 28 juin. Rencontre avec Mads, le chanteur du groupe qui
revient sur sa carrière.
1. Comment
as-tu fait tes débuts dans la musique ?
Vers l’âge de 8 ans, en faisant la
vaisselle chez mes parents ! Pendant que je lavais les plats, mon
père qui adorait chanter me faisait écouter des vieux disques de Neil Young,
John Lenon, Pink Floyd et même Nirvana. C’est comme ça que je me suis mis à
chanter. Puis, j’ai monté mon premier groupe
lorsque j’étais en sixième et j’ai enregistré mon 1er album vers
l’âge de 13 ans.
2.
Comment as-tu rencontré Esben Valloen, le bassiste de ton groupe Reptile
Youth ?
Vers l’âge de 20 ans, je suis allé à une
soirée dans un squat et Esben faisait une performance électronique très
bizarre. Il paraissait complètement hors de contrôle. Un an plus tard, on s’est
retrouvé dans la même école d’art entrepreneurial. On était chacun membre d’un
groupe de musique différent mais on a eu envie de faire quelque chose ensemble
on a donc créé notre groupe « Reptile & Retard », en 2009.
Au début, on faisait exclusivement de la
musique électro avec des ordinateurs et des synthétiseurs. Et puis, on a voulu
que notre musique s’apaise, corresponde davantage à l’image qu’on se faisait d’un
groupe. On a alors changé de nom qui est devenu « Reptile
Youth ». Ce nom renvoie au
fait d’être jeune, de manquer d’expérience, de ne pas savoir ce que le monde
nous réserve.
©Peter Kaaden |
3.
Que raconte le dernier album du groupe, Rivers that run for a sea that is
gone ?
Il parle du fossé entre la jeunesse et
le monde des adultes. Quand nos parents avaient 17 ans, en un an environ ils entraient
dans l’âge adulte. Alors qu’aujourd’hui pendant une vingtaine d’années nous
sommes à la fois enfant et adulte. C’est une phase bizarre pendant laquelle tu
dois faire attention à ton argent, contrôler ta vie mais en même temps tu as
envie de te laisser aller, de t’amuser et d’être encore un enfant et de tout
envoyer balader. On s’est donc inspiré de nos propres vies pour créer cet
album.
©Peter Kaaden |
On est habitué à cette façon de
travailler car pour notre précédent album, on avait déjà collaboré avec 11
réalisateurs internationaux qui avaient réalisé chacun un vidéo clip de nos
chansons.
Pour cet album, Esben et moi on a écrit
les chansons de l’album avec Soren Christensen, un ami à nous. Esben et moi on
est très différent et Soren constitue un bon mélange de nos deux personnalités.
Pour l’enregistrement on a invité trois amis membres du groupe Broke qui ont
déjà joué avec nous sur scène : Mads Bergland à la guitare, Simon Littaur au
synthétiseur, Rasmus à la batterie.
L’objectif était de créer un album
électro « old school » en travaillant avec du vieux matériel et des
machines très modernes. On a d’ailleurs eu beaucoup de problèmes techniques à
cause de ça.
On a aussi travaillé avec le photographe
sud africain Roger Ballen. Esben et moi étions fans de son travail, c’est une
légende. Il a fait beaucoup de documentaires sur son pays. La plupart du temps
ses photos sont très noires, mystérieuses mais aussi enfantines et remplies
d’humour et d’optimisme. On a pensé que cette atmosphère reflète bien notre
album.
5.
Quelle a été ta source d’inspiration pour écrire le premier single de l’album,
JJ ?
JJ est un fan du groupe qui fume de
l’héroïne depuis une vingtaine d’années. Il s’appelle Jens Jørgen mais tout le
monde l’appelle JJ. Il a commencé à m’écrire des e-mails que j’adorais car ils
étaient enfantins, il écrivait ce qui lui traversait l’esprit, sans trop
réfléchir. On s’est ainsi mis à discuter par e-mails. Il m’expliquait qu’il
essayait d’arrêter de se droguer. Je lui ai alors dit que s’il y arrivait, je
lui écrirais une chanson. Au final, j’ai composé 5 différentes versions de
cette chanson car je lui devais une bonne chanson.
6.
Le groupe est présent sur de nombreux réseaux sociaux (Facebook, Twitter,
Instagram), tu fais partie de la génération ultra connectée ?
C’est super d’avoir des retours sur
notre travail, d’avoir un moyen de communiquer avec nos fans grâce aux réseaux
sociaux. Néanmoins, j’ai une
relation ambivalente avec Internet car j’aime les possibilités que ça me
procure mais je suis conscient que ça peut devenir une drogue. Si je suis trop connecté,
ça peut me rendre triste. Je ne saurai pas expliquer pourquoi mais il est
évident que je suis juste plus à l’aise dans le monde réel. Une chose est
certaine, ce groupe ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui sans Internet.
©Rasmus Weng Karlsen |
7.
Le 28 juin, Reptile Youth se produira au Nuba à Paris. Faut-il adapter ses
concerts en fonction de la culture du pays dans laquelle on se produit ?
Tout à fait, en France et en Espagne le
public est très énergique, en Angleterre, il y a un peu plus de retenu. J’ai
hâte de voir comment les Français vont interagir avec nous le 28 juin, on s’est
déjà produit 2 fois en France mais c’était pour faire des premières parties et
les attentes du public ne sont pas les mêmes.
En ce moment Mads écoute
Reptile Youth en concert
Samedi 28 juin - Nuba à Paris
Samedi 20 septembre - Name Festival à Lille
Lundi 22 septembre - La Flèche d'or à Paris
Samedi 20 septembre - Name Festival à Lille
Lundi 22 septembre - La Flèche d'or à Paris
Reptile Youth en ligne