Autoportrait de Jim, chanteur de Filago - 4.02.14 |
Parmi les cinq Parisien qui forment le groupe Erevan Tusk deux membres se sont échappés de cette aventure musicale pour former en parallèle, le trio Filago. Les influences sont similaires, cette musique pop rock qui s'apparente à certains airs des Smiths, mais un vent de liberté s'est emparé du groupe. Explications.
Les premiers souvenirs musicaux
de Jim remontent à l’école primaire, lorsqu’aux douze coups de midi il
échappait à la cantine scolaire et que sa mère suédoise lui préparait à manger
en musique : « Elle écoutait beaucoup les Beach Boys, elle a
participé à mon éveil musicale », confie le chanteur franco-suédois de 32
ans.
« Ma mère m’avait d’ailleurs
acheté une guitare mais enfant, j’étais davantage passionné par le
sport ». « Je me suis réellement mis à la musique à la fac, je
faisais sciences éco et c’était un échec total, du coup j’avais beaucoup de
temps à consacrer à autre chose. C’est comme ça que j’ai appris la guitare
jusqu’à l’âge de 25 ans ».
En 2006, alors que Jim vit aux
Pays-Bas, il fait écouter à un copain ses compositions, lorsque celui-ci
comprend que Jim est l’auteur du morceau, il l’encourage à jouer en public.
« Il m’a sorti de ma chambre » se rappelle le chanteur. Ensemble, ils
créent leur premier duo intitulé Starboard
Silent Side. En 2007, le groupe est de retour à Paris et sort un album
Because our friendship was meant to sail qui leur permet de partir en tournée.
En 2009, le duo se lance dans une
nouvelle aventure et crée le groupe Erevan Tusk, ce nom ne fait aucun clin
d’œil à l’Arménie mais représente un assemblage de sonorités qui plait aux cinq
membres du groupe. Aujourd’hui Erevan Tusk comptabilise déjà près de 80
concerts, un beau chiffre qui pourrait encore exploser si le groupe persiste
avec cette même ferveur pour créer son prochain EP - composé d’une nouvelle chanson
et de 3 remixes - qui sortira d’ici septembre 2014. « Ca sera un peu plus
moderne, un plus électro mais toujours avec cette touche 70’s » révèle le
chanteur.
©Filago |
Filago, un EP réalisé à l’ancienne et… dans le froid
En parallèle, durant l’hiver 2013,
Jim s’est lancé dans la création d’un nouveau groupe Filago, ce nom est
emprunté à une plante à fleurs jaunes dont les consonances plaisent à
l’artiste. Jim est alors poussé par l’envie de mettre en place une nouvelle
méthode de travail et surtout beaucoup plus de spontanéité dans ses phases de
création. Il s’entoure alors de Pierre également membre de Erevan Tusk et de Nicolas, batteur pour le jazzman Thomas
Enhco.
Avec Erevan Tusk, « le
processus de création est plus lent car on est très pointilleux, perfectionniste,
rien n’est laissé au hasard, chaque détail compte » analyse Jim.
« Filago induit une liberté
artistique plus grande car le projet a été créé de façon très spontanée, dans
l’urgence. On a fait ça à l’ancienne, nous sommes partis nous reclure dans
un manoir en Belgique. Les conditions étaient difficiles, il n’y avait presque
pas de chauffage, une seule pièce était chauffée avec un feu de cheminée,
c’était même compliqué d’avoir de l’électricité ! ». « Dans la
maison il n’y avait rien excepté des toiles d’araignée et 6 mètres de
hauteur de plafond ». « On faisait une prise puis on allait se
réchauffer près de la cheminée, nous n’avions pas le droit à l’erreur. »
« C’était plaisant d’avoir ce ressenti, cet exotisme que je n’avais plus
avec Erevan car on a un studio à disposition à Paris ».
Le manoir belge qui a accueilli Filago ©Filago |
Au final, la voix que l’on entend sur cet EP
intitulé Filago n’a subi aucun arrangement, « elle est brute » se plait à
souligner Jim. « Quand on écoute cet album, on l’aime ou on le déteste, il
n’y a pas de juste milieu ». L’identité de Filago réside dans cette
contre-production, « ce disque a beaucoup d’imperfections mais est doté
d’une âme, d’une ambiance » particulière.
Cette « petite parenthèse
qui s’est produite m’a permis de réunir beaucoup plus de souvenirs pendant
seulement 5 jours d’enregistrement, probablement plus qu’en une semaine de
studio avec Erevan ». Il y’a un « côté plus rêveur »
constate le chanteur.
©Filago |
Des titres autobiographiques écrits par une génération élevée par Nirvana
Les 5 titres de l’EP sont écrits
par Jim, excepté Thimister – le nom du village situé à côté du manoir – écrit
par le groupe en 2 heures ! Cette chanson est née de l’observation du feu
qui chauffait les trois garçons. Ebbing « est une chanson qui me tenait à
cœur, avant je n’avais jamais eu l’occasion d’exprimer un tel ressenti. C’est
une chanson très bucolique, très pastorale » imitant « le poète
américain Walt Whitman ». Elle invite à s’imprégner de la nature, des
odeurs d’un cerisier en fleurs ou de l’herbe fraichement tondue ». I can see you spark « fait encore
référence au feu et aussi à la personne qu’on peut apercevoir tous les jours et
qui continue d’être incandescente à nos yeux, une sorte de déclaration
d’amour ». Les métaphores sont nombreuses et la maitrise de la langue de Shakespeare
par le groupe mérite une écoute attentive de leurs textes.
En effet, à l’instar de Erevan
Tusk, l’anglais est la langue de prédilection de Filago. Le chanteur
s’explique : « J’ai beaucoup écouté Nirvana, Pearl Jam, des chanteurs
aux textes évocateurs et ça m’a donné envie d’écrire en anglais ».
« Pour moi, cette langue sonne plus musicale que le français ».
« Rare sont les artistes qui chantent en français que j’admire, par
contre, quand ils le font bien, je suis subjugué. Bashung était le meilleur
pour moi ». « L’exercice en français est compliqué mais des groupes le
font bien comme François & the Atlas Mountains ou Baden Baden ».
Malgré les nombreux projets
qu’entreprend Jim, la vie d’artiste ne permet pas toujours de gagner sa vie.
« Je donne des cours particuliers, ça m’aide à arrondir les fins de
mois » souligne le chanteur. « On a un statut précaire. Avant de
signer dans un label avec Erevan, on s’était demandé si on devait faire appel
au crowdfunding (ndlr : financement participatif). Pour Filago, je me pose
la même question pour financer le premier clip du groupe, on aimerait bien que
la chanson Funnel sorte en vidéo au printemps prochain ».
Quant à l’avenir de Filago, Jim
avoue ne pas avoir trop réfléchi au projet sinon « il serait mort-né
et aurait été laissé dans un
tiroir ». « Le projet principal reste Erevan Tusk mais je n’avais pas
envie d’être frustré ». « Pour moi, ce projet est plus intimiste, il
a moins de potentiel commercial que Erevan Tusk, mais ça ne me dérange pas du
tout. ». « C’est sain que chaque membre du groupe trace sa propre
route, ça garantit une ouverture d’esprit qui peut ensuite être réinjectée dans
Erevan Tusk ».
Où trouver Filago ?