Autoportrait d'Anything Maria, le 13 novembre 2012 au bar Le Yono |
Anything
Maria a puisé l’essence de sa musique durant ses voyages entre New-York
et Berlin. Âgée de 28 ans, la
chanteuse réalise des prestations scéniques peu communes pour une même artiste, sous la forme de "DJ
set" ou de "live" et n’hésite pas à proposer de nouveaux concepts à l’industrie de
la musique en plein essoufflement.
Comment as-tu fait tes premiers pas dans la
musique ?
Mon père était DJ mais il a arrêté cette activité dans les
années 1980, avant ma naissance. Il était passionné de rhythm’n’blues, ma plus
grande influence aujourd’hui.
Petite, j’avais une attirance pour des arts visuels comme
la peinture, la sculpture, la photographie. C’est sans doute pour cela que l’aspect
visuel est pour moi, aussi important que la musique.
Et un jour ma professeure de théâtre, bouleversée par ma
voix, m’a conseillée de prendre des cours de chant. J’ai commencé par réaliser
des reprises de rhythm’n’blues puis j’ai monté mon groupe Melocoton Orchestra.
Qui est Anything
Maria ?
C’est un projet féminin, une réflexion sur moi en tant que
femme et un questionnement : qu’est-ce que la femme ? Est-ce que
c’est la vierge Marie ? Marie-Madeleine, la maîtresse de Jésus ?
Maria signifie
toutes les femmes et Anything veut
dire : toutes, aucune, lesquelles ?
Quelles ont été les
opportunités qui t’ont amenées à Berlin, New-York puis à Paris ?
J’ai étudié la musicologie à Avignon mais je m’ennuyais, je
suis alors partie vivre 3 ans à Berlin pour faire une licence afin d’étudier
les scènes alternatives depuis la deuxième guerre mondiale. C’est là que m’est
venue l’idée de mélanger musique acoustique et électronique.
Je suis également allée à New-York pour intégrer un groupe
de musique psyché, cela m’a permis de découvrir la culture noire américaine,
hip-hop, rhythm’n’blues. A l’origine, j’écrivais mes textes en Français mais au
final avec cette expérience internationale, cette langue est devenue une
barrière pour communiquer avec les gens.
En 2010, je suis venue m’installer à Paris, j’ai alors sorti
le titre Cook Him Up
qui a bien fonctionné, il a même été remixé par Yuksek. J’étais complètement
déconnectée des stratégies marketing, j’avais simplement envie de sortir ma
musique.
Ta promotion est
plutôt originale puisque tu ne sors pas un album mais plusieurs singles à
quelques mois d’intervalle. Comment t’es venue cette idée ?
C’est Henry Blanc-Fancard qui est à l’origine de ce type de promotion,
il coproduit, coréalise ma musique et surtout élabore le concept autour
d’Anything Maria. De part ses
relations familiales (ndlr : cousin du
chanteur Sinclair) il connaît bien l’état de l’industrie musicale et nous
avons ainsi décidé de proposer autre chose, plus en adéquation avec la façon de
consommer la musique aujourd’hui : au coup par coup, au clip par clip. Ces
stratégies se retrouvent dans les pays anglophones mais pas vraiment en France.
Bien évidemment, cette stratégie est élaborée dans un souci
économique mais en France le statut d’intermittent du spectacle reste un
confort et une sécurité. Il s’agit d’une des dernières distinctions de la
France sur le plan international. Mais ce n’est pas pour cela que nous sommes
les meilleurs musiciens du monde !
Notre génération a intégré que la musique ne se vend pas,
je ne m’attends donc pas à dépasser les ventes d’albums de Lady Gaga, c’est
pourquoi il faut être omniprésent sur Internet tout en trouvant le bon
équilibre pour ne pas agacer les gens. Barack Obama a fait 25% de sa campagne
sur Internet, dans 4 ans ce chiffre atteindra sans doute plus de 60%. Je suis
entourée d’une équipe de jeunes geeks !
Mon rôle demeure de créer du contenu artistique mais je
souhaite rester en relation avec les gens qui me suivent pour leur montrer ce
que signifie suivre le lifestyle
Anything Maria. J’espère d’ailleurs développer le concept d’Anything Maria dans
d’autres univers comme les vêtements, les bijoux…
Tu as deux types de
prestations DJ set ou live, quelle est la différence entre ces deux
formules ?
Anything Maria c’est du rhythm’n’blues électronique, je
possède donc une légitimité pour être présente dans les clubs. C’est pourquoi
je présente une formule club dans laquelle je joue des remix de mes chansons.
Et la formule live propose une version plus proche des versions ITunes. En
quelque sorte, il existe une formule jour et nuit.
Que raconte la
chanson T.I.N.A.P que tu interprètes pour la chaîne YouTube Camille Green Unplugged ?
Ce titre This Is Not A Pipe, parle des faux semblants, de
la perte de repères à la fin d’une histoire d’amour dans une ville qui vient
apaiser ces moments de solitude. Quand on a l’impression que notre maison ne
représente plus ce que les Anglais appellent « home ».
T.I.N.A.P par Anything Maria pour Camille Green Unplugged
Anything
Maria en concert
Avril 2013 : tournée en Chine
Anything
Maria sur Internet
Discographie
Anything Maria
2010 – I am vertical (EP)
2011 – Wild Heart
15/03/12 – Holy Kiss
15/06/12 – Cold Smoke
15/10/12 – T.I.N.A.P
2013 – Sortie d’un album de remix